Après la Shoah, il semblait pour beaucoup de gens que le judaïsme avait reçu son coup de grâce. En effet, la plupart des Rabbanim et Admorim d’Europe avaient disparu avec leurs élèves et leurs communautés, laissant un vide spirituel irremplaçable. Mais voilà qu’après à peine une ou deux générations, on assiste dans le monde entier à une renaissance incroyable du judaïsme, avec des centaines de milliers de Juifs se rapprochant de la pratique des Mitsvot et un engouement sans précédent pour l’étude de la Torah. La promesse de D.ieu que la Torah ne quittera pas le peuple hébreu (Yéchayahou 59, 21) s’applique à notre époque avec exactitude et de manière miraculeuse.

Cependant, si en ce qui concerne le Limoud Hatorah et le respect de la loi, on assiste à ce regain bénéfique, il reste un domaine sur lequel nous avons de la peine à progresser : c’est celui de la Sagesse. Cette dernière s'acquiert généralement en fréquentant des Sages, ou encore par le contact de personnes âgées qui, de par leur expérience, sont à même de saisir les vraies valeurs de la vie (ou en tout cas à en éviter les pièges). Le problème, c’est l’absence de Sages dans notre entourage immédiat, et le fait que l’Occident est obsessivement tourné vers “l'après”, le “nouveau”. Devant cet état de fait, nos anciens, voulant rester dans la course, s’efforcent d’effacer les traces de leur âge au lieu de nous faire partager la richesse de leur longue expérience. En finalité, la seule source qui nous reste pour nous permettre d'apprendre la sagesse est l'étude du ‘Houmach (Pentateuque), en particulier le récit de nos Patriarches et Matriarches.

Prenons l’exemple de Sarah, la femme d’Avraham : elle était stérile et n’eut la joie d’avoir un enfant qu’à l’âge de 90 ans. Par deux fois, elle fut enlevée par un roi qui était à deux doigts d’abuser d’elle. Sa servante Hagar devenue sa rivale se mit à la mépriser, et le fils de cette servante, Ichma’el, chercha à tuer Its’hak. Elle mourra, selon le Midrach, en voyant par prophétie son mari Avraham s’apprêtant à sacrifier son fils, et ne supportera pas l’émotion. À la lecture de ces données, on pourrait se dire que cette femme a terriblement souffert dans sa vie et en est sortie aigrie. Pourtant, le verset affirme que tous les jours de sa vie furent égaux en bonheur, qu’elle ressentait continuellement (Béréchit 23, 1, Rachi).

Nous sommes obligés d’en conclure que la philosophie de vie de Sarah est bien différente de la nôtre. Aujourd’hui, pour chaque frustration de la vie, on a pris  l’habitude de “râler” et de se demander : “Pourquoi mon destin doit-il ressembler à celui de Job ?”, “Qu’est-ce que j’ai fait au bon D.ieu pour qu’Il m’envoie de telles épreuves ?”, “Qu’est ce que cela représente pour le Créateur que de me faire parvenir quelques millions d’euros !” Sarah avait réalisé que notre destin est “cousu sur mesure”, parfaitement adapté à notre personne, et que toutes les épreuves ne sont là que pour nous faire grandir. Elle ne voyait quotidiennement que le bien, même si parfois elle souffrait. Son souci était d’accomplir son devoir, et elle acceptait son sort sereinement.

En réalité, si la Torah s’allonge à nous donner des détails sur ces géants de l’époque biblique qu'ont été nos ancêtres - bien que l’on ne nous apprenne pas véritablement des Mitsvot -, c’est justement parce que dans ces récits se trouvent les vraies valeurs humaines, les expressions de la sagesse suprême qu’ils avaient acquise à force de recherche intensive. 

Nous avons la chance de posséder ce patrimoine riche que représente la Torah, qui fait tant défaut au monde perdu dans un océan de fausses croyances et de philosophies de vie erronées. Profitons-en pour nous en abreuver.