Aujourd’hui, j’ai été interpellée par les propos d’une amie, des propos pour le moins banals, mais qui, néanmoins, m’ont donné à réfléchir. Elle disait : “Parfois j’aimerais bien mettre ma vie sur pause”. Cette amie se trouve également être une “influenceuse” sur les réseaux sociaux, et donc cette simple phrase n’a pas seulement résonné en moi mais a trouvé écho auprès de ses milliers de followers. Je ne rentrerai pas dans les différentes (et très très nombreuses) réactions que cette phrase a suscitées, mais tentons d’y apporter un éclairage de Torah, de comprendre cette volonté de mettre sa vie sur pause selon un éclairage juif.
Les smartphones, les écrans, les groupes WhatsApp… ont été élaborés pour nous faciliter la vie. Le pendant de cela, c’est que nous vivons “surconnectés”. Nous sommes au courant de tout, tout de suite et nous nous imposons ainsi de vivre à la même vitesse effrénée que cette technologie qui était, à l’origine, censée nous faciliter la vie. Sauf que… notre quotidien a certes été facilité à bien des égards, mais à d’autres, nous sommes bien souvent en état de surchauffe.
La FOMO (Fear Of Missing Out = Peur de manquer quelque chose) exige de nous que nous soyons toujours disponibles, connectés. Dictature terrible : ces deux traits bleus WhatsApp qui indiquent que nous avons bien lu un message et qui nous rendent ainsi redevables d’une réponse rapide envers celui qui nous l’a envoyé. Bref, pas besoin de développer plus, vous l’aurez compris : nous sommes arrivés à un état de dépendance accrue vis-à-vis de ce petit rectangle noir que nous tenons entre nos mains (voire même de son petit frère, le carré noir qui s’invite à nos poignets).
C’est ce constat qui a amené mon amie à dire : “J’aimerais mettre ma vie sur pause”. Ce qu’elle souhaite en disant cela, c’est sortir de ce rythme effréné, de cette exigence d’instantanéité. En réalité, dire que l’on souhaite mettre sa vie sur pause, c’est reconnaître que l’on subit le monde qui nous entoure, sa technologie, ses standards.
Or, le propre du Juif, c’est d’arriver à maîtriser ce qui le tire vers le bas, à ne pas subir. Comme le disent les Pirké Avot (Maximes de nos Pères) : quel est l’homme fort ? Celui qui maîtrise son mauvais penchant. Attention ! Il ne s’agit pas de diaboliser la technologie ni de dire qu’elle est entièrement néfaste. Mais dès lors que celle-ci prend le dessus sur nous, il est évident qu’elle est devenue toxique.
Pour reprendre le dessus et ne plus subir cette vitesse folle qui nous oppresse, voici quelques conseils pratiques qui nous aideront :
1. Stoppez les notifications inutiles !
Certains groupes s’archivent. Les notifications peuvent se mettre en silencieux. Vous n’avez pas besoin de recevoir tout, tout le temps…
2. Définissez des temps sans écran !
Cette tendance commence à se faire connaître et elle est ô combien salvatrice.
D’ailleurs, en tant que Juifs, quand on respecte le Chabbath, on a déjà 25h de pure délectation sans téléphone… un bonus hebdomadaire non négligeable !
3. Sortez de la dictature de la réponse immédiate !
Ne vous sentez pas obligées de répondre tout de suite, ni de consulter vos messages six secondes après les avoir reçus…
4. Mettez un filtre !
Pourquoi être en permanence tentées par les réseaux sociaux, les sites de vente en ligne, les news, les groupes WhatsApp ? Supprimez de votre téléphone les applications qui vous prennent trop de temps et d’énergie !
Car finalement, il n’y a pas forcément besoin d’avoir TOUT sur son téléphone, certaines choses peuvent se faire sur un ordinateur à des moments bien définis. Différenciez l’essentiel de l’accessoire ! Il est, par exemple, préférable de commander vos chaussures depuis un ordinateur au calme, seule, que de le faire sur votre téléphone pendant que votre fille vous récite fièrement sa poésie…
5. Adonnez-vous à des plaisirs non connectés !
La lecture, le dessin, le sport, la couture, l’écriture, la prière… Vous avez mille manières de vous connecter à vous-même. Et dans cette liste, le smartphone est clairement un parasite !
6. Profitez du monde qui vous entoure !
Vous avez des amis, une famille : apprenez à les connaître, à vous asseoir pour discuter SANS consulter votre smartphone toutes les minutes.
Tout commence donc par une prise de conscience. Il ne s’agit pas de mettre sa vie sur pause, mais d’en reprendre les rênes. D’être maître, non pas spectateur. Aux commandes, pas en mode automatique. En clair : ne pas chercher le bouton “pause”, mais décider enfin de contrôler tous les boutons…
Belle vie à toutes !