Hachem a attribué à chacun d’entre nous des dons différents. Comment un individu atteint de paralysie cérébrale parvient à donner des conférences, à écrire des chansons, à dessiner la couverture d’un disque, à réjouir des gens et leur donner de l’espoir ? Un entretien qui constituera une véritable source d’inspiration pour nous tous.

Combien d’émouna et de force de caractère faut-il pour prononcer la phrase suivante : « Il y a des moments, lorsque j’ai un problème et que personne n’est là pour m’aider, où j’élève ma voix vers D.ieu en prières et que je dis : « Mon Père céleste, tu m’as créé ainsi et pour l’instant je n’ai pas de solution… Je t’en supplie, aide-moi ». Immédiatement après, je reçois une réponse ».

Daniel Mizra’hi est né avec une paralysie cérébrale des fonctions motrices, mais ne se fait pas de cadeaux pour autant et est très actif. Il se déplace de façon autonome, se sert d’un téléphone portable et travaille sur ordinateur ; et si cela ne suffisait pas, il est aussi un compositeur de talent qui ne néglige pas l’étude de la Torah !

« Il est écrit dans Pirké Avot : « Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? ». Si je rêve tout le temps et prétends n’avoir la force de rien faire, alors je n’arriverai à rien dans la vie. Le Créateur de l’univers a attribué des dons à chacun qu’il faut savoir employer à bon escient » affirme avec force Daniel.

L’interview que vous allez lire a été réalisée par e-mail et aussi par sms. Daniel arrive à taper à l’ordinateur par l’intermédiaire d’une barre reliée à son front à l’aide d’un bandeau qui fait le tour de sa tête ; ce qui lui permet de révéler au monde ses états d’âme, ses opinions et aussi sa foi brûlante.
 

Vous faites également de la musique et vous avez déjà sorti trois disques. Comment tout cela a-t-il commencé ?

« Tout a commencé lorsque j’ai eu quinze ans. Mes premières ambitions musicales se sont révélées lors d’une représentation musicale à ‘Hébron lors des demi-fêtes de Pessa’h. Le chanteur ‘Hayim Israël est monté sur la scène et j’ai voulu le rejoindre. Je ne savais pas d’où me venait cette soudaine envie mais j’ai dit à mon accompagnateur de demander au producteur de la soirée la permission de monter sur scène ; permission qui me fut accordée… Lorsque je fus sur scène à coté du chanteur, ce dernier me prit en affection et après la représentation, il prit mes coordonnées.

Après Pessa’h, j’eus l’idée de réaliser un clip vidéo sur ‘Hayim Israël et de composer pour lui une chanson. Après environ un mois, ‘Hayim contacta mon accompagnateur pour me faire une soirée-surprise. Regardez l’incroyable Providence divine : dès que j’eus fini de réaliser mon clip, on me parla de la fameuse soirée. Et lors de cette soirée, je lui montrai mon clip ainsi que les paroles de la chanson : « Je vais de l’avant dans le bon chemin / Il ne faut pas pleurer pour chaque problème mais trouver en soi les forces de le surmonter / Se renforcer et se renforcer, oui grâce à toi / ‘Haim, tu me redonnes goût à la vie / Lorsque je suis triste, j’écoute tes chansons / Cela me donne des forces et m’encourage ».

A l’écoute de ces paroles, ‘Hayim fut ému aux larmes… Depuis lors, nous sommes devenus amis et ce jusqu’à aujourd’hui. Cette année, j’eus l’idée de commencer à travailler sur le disque que j’avais composé. Une nuit, je me suis adressé au Créateur de l’univers, Lui ai raconté mon idée et Lui ai demandé du fond du cœur de m’aider à réussir. Je me suis exprimé en ces termes : « Père céleste, Tu peux tout… Je T’en supplie, fais réussir mon projet afin que Ton nom soit sanctifié à travers le monde… » Immédiatement après avoir prié, j’ai senti qu’Hachem avait insufflé en moi de nouvelles forces. Le lendemain, j’en ai parlé à mon professeur de musique de l’organisme Matan, qui se trouve à Péta’h Tikva et où sont proposées trois fois par semaine des activités de Torah et musique ; il demanda : « C’est compliqué ? » Je lui répondis : « J’ai une règle d’or dans la vie : avec une forte volonté, on peut retourner des mondes ! »

Nous avons commencé à contacter des studios d’enregistrement et des musiciens. Nous avons fait appel au musicien Ken Bargès, qui a un studio d’enregistrement. Nous lui avons parlé de notre projet et nous lui avons demandé si nous pouvions enregistrer gratuitement. Il accepta avec joie. Pour le premier enregistrement, nous avons été aidés par une bénévole de Matan qui a joué sur piano électronique. Pour la première chanson, nous avons pris la mélodie de « Im titnou li coss shel yayin léhavdala ». Pour la seconde chanson, nous avons adopté la mélodie de « At li érets » du chanteur Ro’yi Yédid et nous avons fait appel au piano à Ahrélé Lipsker qui s’est produit bénévolement (Quel peuple saint nous sommes !) J’ai pu réaliser tous ces enregistrements grâce à ce cadeau extraordinaire que D. m’a fait et qui s’appelle la volonté. »

Après avoir réalisé les enregistrements, Daniel se mit à travailler sur la couverture du disque, à l’aide de son bâton. « On a collé au bâton un pinceau avec de la gouache, et j’ai pu peindre de cette manière. J’ai dessiné le mont Sinaï et par-dessus beaucoup de lumière, ce qui symbolise la foi en D. » Daniel a appelé ce disque « La foi dans le cœur ». La première diffusion de ce disque a eu lieu à ‘Hévron, lors des demi-fêtes de Pessa’h en 5767. Daniel voit dans ce projet une mission. «  Ce projet a été à mes yeux une sanctification du nom de D. » dit-il. Il y a un an, Daniel décide de sortir un album avec douze chansons dont le texte avait été écrit par ses soins, et la mélodie pour certaines d’entre elles, et ceci grâce à un programme informatique spécifique. « La première chanson, « Le monde a un Créateur », je l’ai confiée à l’artiste Mendy Jerufi pour qu’il la mette en musique et qu’il la réalise. », confie-t-il. « Mendy a diffusé cette chanson sur internet et le retentissement a été énorme… Beaucoup de gens se sont renforcés et ont été émus par cette chanson. Il y a même eu le cas d’un juif non-religieux qui a décidé de faire techouva après avoir écouté cette chanson », raconte Daniel avec beaucoup d’émotion. »

Pour la deuxième chanson « Chéma’ kolénou », Daniel a utilisé la mélodie de « Tattè », chantée par Ya’acov Shwekey. « Pendant cet enregistrement, j’ai pleuré d’émotion tellement mon sentiment d’élévation spirituelle était grand. J’ai enregistré un clip pour cette chanson, qui se trouve aujourd’hui sur You Tube. Ces jours-ci, je commence à travailler sur un nouvel album de chansons dont j’ai composé les paroles. De nombreux artistes vont interpréter les différentes chansons. Nous appellerons ce disque « Daniel et ses amis » ».

Emploi du temps quotidien : pas de temps mort

L’emploi du temps de Daniel ne comprend aucun temps mort. Il se lève à sept heures du matin, se rend seul à la synagogue grâce à son fauteuil roulant électrique. Il prie Cha’harit et reste étudier la Torah jusqu’à l’heure de la prière de Min’ha.  Après la prière de Min’ha, il rentre chez lui et travaille sur son ordinateur. Le soir, il retourne à la synagogue pour une étude suivie avec sa ‘havrouta, puis enchaîne sur un collel du soir de 20h à 22h.

Autres détails qu’il importe de connaître sur le personnage : il a construit seul son site internet officiel (après avoir appris tout seul à construire des sites), a trouvé beaucoup de renfort dans la lecture du «Tanya » écrit par l’Admour Hazaken  ainsi que dans la lecture du « Jardin de la foi » écrit par le Rav Chalom Arouch. Son but est de renforcer les gens au moyen de son site et de diffuser ses créations artistiques. A tous ses contacts, il envoie chaque semaine une revue hebdomadaire de Torah pour essayer de leur donner une vision juste de la vie. Comment un homme atteint de paralysie cérébrale parvient à communiquer et à agir d’une telle manière ?

« Je parle doucement, mais on me comprend », explique-t-il. «  Je suis aidé par une barre reliée à mon front par l’intermédiaire d’un bandeau. Je me sers de cette barre pour lire, pianoter sur mon portable ou mon ordinateur. Cela me permet d’écrire notamment le texte de mes chansons mais par contre, je n’en compose pas la musique. »

« Entre autres choses, vous faîtes du kirouv (diffusion de la Torah aux gens éloignés). Racontez-nous un peu les réactions des gens à vos actions et à vos créations artistiques… »

« Les histoires ne manquent pas. Je vais vous en raconter deux. Il y a un an, j’ai donné une conférence dans une école de garçons sur la force de la volonté. Après la conférence, un jeune homme s’est approché de moi et m’a dit : « Vous ne pouvez pas vous imaginer quel impact votre conférence a eu sur moi. »

Je lui ai demandé de quoi il retournait. Il m’a expliqué qu’il y a quelques jours, il s’était trouvé confronté à un problème sans solution. Et maintenant, grâce à la conférence il avait un fil directeur et un espoir naissant… En dehors de cela, il y a deux ans j’ai donné une conférence. Dans le public, se trouvait une petite fille sur chaise roulante. Quelques jours après, j’ai reçu un coup de fil de sa mère : « Vous ne savez pas l’effet que vous avez eu sur ma fille… Elle a recommencé à sourire et s’est mise à faire des choses qu’elle n’avait jamais faites » me raconta-t-elle avec beaucoup d’émotion. »

Comment est-ce que vous réussissez à donner des conférences et sur quel thème ?   

« Je viens avec un assistant qui m’aide à parler. Au début de la conférence, il y a une projection sur ma vie. Ensuite, je parle de la joie de vivre et de la volonté. Enfin, je permets au public de poser des questions. La conférence dure environ une heure. »

Aujourd’hui, Daniel travaille sur un programme dont le but est d’aider les plus de seize ans atteints de déficience cérébrale. « Ces derniers temps, je travaille à la mise en place d’un groupe de jeunes atteints de déficience cérébrale. » Il s’explique davantage : « Les buts que nous cherchons à atteindre avec ce groupe sont multiples.  Premièrement, arriver à un maximum d’indépendance dans notre vie ; deuxièmement, organiser des rencontres régulières pour que chacun puisse exposer ses problèmes et que l’on arrive ensemble à trouver des solutions. Troisièmement, mettre au point un programme de soutien aux familles qui ont en leur sein des enfants handicapés. Quatrièmement, organiser des loisirs pour souder le groupe et aider les familles. Lors des rencontres du groupe, nous organisons aussi des activités musicales en utilisant mes productions et en invitant également d’autres artistes. Nous organisons également des soirées de renforcement spirituel avec des conférenciers renommés qui délivrent des cours de Torah aux membres de notre groupe. »

As-tu toujours eu une émouna aussi forte ou bien est-ce qu’elle s’est renforcée au fil du temps ?

« J’ai toujours eu la foi, mais depuis que je fais de la musique, ma foi est allée en grandissant. Lorsque j’écris le texte d’un chant pour le Créateur du monde ou que je Lui parle, en Lui exprimant ma reconnaissance pour toute ma vie et aussi pour les défis difficiles que je dois relever, cela me rapproche de Lui de manière extraordinaire et me donne de nouvelles forces pour continuer.  C’est là tout mon secret… »

Interview traduite depuis le site Hidavrout