A l’occasion de la sortie en français de la passionnante biographie du Rav Ya’akov Edelstein parue aux éditions Torah-Box, nous avons reçu le couple de journalistes émérites israéliens Yédidia et Sivan Rahav-Méir. Interview exclusive.

C’est à l’occasion de la sortie récente du livre en français ″Rabbi Ya’akov Edelstein″, paru aux éditions Torah-Box, que notre équipe a eu la joie de recevoir ses auteurs, les célèbres Yédidia et Sivan Rahav-Méir.

Pour qui connait quelque peu les dédales labyrinthiques de la très compartimentée société israélienne, il ne fait point de mystère qu’il s’agit d’un réel exploit que de parvenir à créer le consensus quasi-total, de surcroît lorsqu’on est non seulement journaliste mais en plus orthodoxe !

En plus de leurs innombrables occupations, le couple Méir ont réussi à publier une magnifique biographie du Rav Ya’akov Edelstein, décédé en 2017, qu’ils ont eu la chance de côtoyer pendant plusieurs années. Le succès immédiat de l’ouvrage en hébreu ne pouvait évidemment pas laisser indifférent le département éditions Torah-Box…

Nous avons interviewé Sivan Rahav-Méir pour en savoir plus.

Sivan Chalom. Pas simple pour nous d’interviewer une intervieweuse :) Ecrire un livre sur le Rav Edelstein que vous avez bien connu, est-ce pour vous un moyen de le remercier ?  

Oui, c’est une bonne définition. Nous avons eu le mérite de le côtoyer pendant les 6 années où nous avons habité à Ramat Hacharon [Rav Edelstein fut Rav de cette ville pendant près de 70 ans, ndlr] et avons découvert une figure impressionnante de bonté, d’érudition mais aussi d’humilité. C’est après son décès en 2017 que nous avons réalisé que nous devions absolument diffuser cette lumière au reste du monde. Et je tiens à préciser que notre but n’était pas tant de raconter la vie du Rav, mais plutôt de permettre aux lecteurs de s’inspirer de son exemple.

Vous nous avez confié que le succès remporté par le livre vous a surpris. Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’au départ, nous pensions éditer un petit recueil d’histoires entendues ci et là destiné à un cercle très restreint d’amis et de membres de la famille. Finalement, nous avons été contactés par la plus grande maison d’édition d’Israël et très vite, le livre a été vendu à 40.000 exemplaires, ce qui est énorme pour Israël ! Des gens de toutes tendances, laïcs, séfarades, jeunes et moins jeunes ont été conquis. Ce qui a été pour nous une vraie surprise car en effet, surtout lorsqu’on travaille dans le monde des médias, on a le sentiment d’une grande hostilité envers le monde religieux. Découvrir soudain un tel engouement et un tel consensus autour du Rav et de tout ce qu’il représentait fut pour nous une expérience unique. En réalité, les gens ont soif de redécouvrir leur judaïsme !

Vous savez sans doute que Torah-Box traque régulièrement les meilleurs livres parus en hébreu ou en anglais pour les traduire… Racontez-nous comment votre livre s’est-il retrouvé ici, en français.

Nous avions été contactés par David Choukroun il y a quelque temps avec une proposition inattendue de traduction. Heureux à l’idée de ce projet, nous avions signé un contrat, puis est arrivé le coronavirus… Nous étions certain que de votre côté, le projet était gelé. Nous l’avions presque oublié… Puis un beau jour, surprise ! Je reçois un appel de Torah-Box qui m’annonce que le livre est prêt et que nous sommes invités à fêter sa sortie ! Je n’en croyais pas mes oreilles.   

Vous ne connaissez pas encore bien Torah-Box, chère Sivan… (rires)

En venant ici, j’ai découvert un véritable empire dont je n’avais aucunement connaissance ! Et je suis si contente que nous puissions faire partie de cette fabuleuse aventure. C’est pour nous un honneur.

Racontez-nous la première fois que vous avez rencontré le Rav.

Lorsque nous sommes venus habiter à Ramat Hacharon, nous avions entendu qu’un grand Tsadik y vivait. Le premier Chabbath, lorsque nous nous sommes rendus à sa synagogue, nous avons soudain découvert un vieux Rav très chaleureux, d’une extrême gentillesse et très attaché à sa communauté, tel un père envers ses enfants. Et celle-ci était pour le moins hétéroclite ! Nous avons vu comment tous, enfants, personnes âgées, laïcs et religieux avaient une place dans son cœur. C’était le début d’une relation au cours de laquelle nous avons découvert un Tsadik qui nous a profondément marqués.

En écrivant ce livre, y a-t-il d’autres pans de la personnalité du Rav que vous avez découverts ?

Bien sûr. L’un des points les plus impressionnants, mais aussi paradoxalement le plus ″décevant″, c’est que les gens aujourd’hui cherchent des Ségoulot pour résoudre les difficultés auxquelles ils sont confrontés, ils aiment avoir recours au mystique comme s’il s’agissait d’un raccourci. Or en interviewant les gens pour l’écriture du livre, il nous est apparu que le Rav livrait toujours une seule et même Ségoula : la sainte Torah. La Torah, mais aussi l’humour ! Le Rav avait un grand sens de l’humour et il nous apprenait à l’employer pour désamorcer toutes sortes de situations.

Une anecdote pour la fin ?

Lorsqu’il y a plusieurs années, le Rav dut subir une intervention à la gorge, il perdit momentanément l’usage de la parole. Or lorsque les orthophonistes chargés de sa rééducation lui demandèrent quels étaient les 2 premiers mots qu’il souhaitait réapprendre, les plus urgents, il répondit par écrit : Amen et merci ! Amen pour couvrir tout ce qui relève de sa relation à D.ieu et merci pour ce qui est de sa relation aux hommes. Une belle leçon de vie !

Sivan, nous vous souhaitons d’avoir le mérite d’écrire encore de nombreux autres livres tels que celui-ci et que nous puissions à nouveau vous recevoir pour fêter leur publication en français !

Propos recueillis par Jocelyne Scemama et Elyssia Boukobza

Pour acheter le livre “Rabbi Yaakov Edelstein - une conduite exemplaire” : https://www.torah-box.com/editions/rabbi-yaakov-edelstein-une-conduite-exemplaire_312.html