Une fois, à la Brit-Mila de jumeaux – évènement assez rare –, les deux Guédolé Hador– Rav Lefkovitch et Rav Kanievsky – avaient été sollicités pour être Sandak.

Tout était prêt. Le Mohel attendait, ses ustensiles disposés à côté de lui, et l’aîné des deux jumeaux avait été placé sur le coussin. Dans quelques instants, il allait être introduit dans l’Alliance d’Avraham Avinou.

Mais voilà que les deux Guédolim, debout côte à côte, tiennent un conciliabule.

« Allez-y le premier », demande Rabbi Mikhel Yéhouda à Rabbi ’Haïm.

« Que D.ieu préserve », proteste son ancien élève. « C’est à vous, mon Maître et Rav, d’y aller le premier ! »

Mais Rabbi Mikhel Yéhouda n’a pas dit son dernier mot. « Qui suis-je pour vous précéder ? Vous êtes digne de cet honneur… »

« Mais je suis votre élève, comment pourrais-je vous précéder ? »

La discussion se poursuit ainsi, et l’assistance, médusée, suit de loin les échanges. Comment cela va-t-il se conclure ?

La tension est presque palpable.

Enfin, Rabbi Mikhel Yéhouda cède : « Je suis prêt à accomplir la Mitsva d’écouter les ’Hakhamim… », et se dirige vers la chaise d’Eliahou Hanavi, pour être le Sandak du premier bébé.

Cette anecdote illustre remarquablement l’humilité des deux Guédolim ; la suivante, quant à elle, montre à quel point le Maître connaissait son élève.

Un homme raconta au Maître de Rav Kanievsky qu’il s’était un jour rendu chez celui-ci pour résoudre une difficulté qu’il avait rencontrée dans son étude, à propos du Michkan et de ses ustensiles.

« J’ai déjà vu cette question quelque part, lui dit Rabbi ’Haïm, mais je ne me souviens pas où.

– Et quelle est la réponse donnée ?

– Il y avait bien une réponse, mais je l’ai oubliée. »

Un oubli bien étonnant de sa part… Mais avant même que son interlocuteur ait terminé de parler, Rabbi Mikhel Yéhouda le coupa :

« Evidemment, c’est écrit dans son livre…

– Effectivement, s’écria son interlocuteur ébahi. Je l’ai trouvée ensuite dans son ouvrage Braïta Dimélékhet Hamichkan. Mais comment l’avez-vous su ?

– Je n’avais jamais entendu cette anecdote, mais j’ai compris qu’il ne pouvait en être autrement », lui répondit en souriant le Rav Lefkovitch, qui ne connaissait que trop bien la modestie de son élève.