Au sortir de la fête de Pourim, rappelons-nous qu’au moment où l’on récite la Méguilat Esther, on sait clairement distinguer d’une part le camp positif et, par ailleurs, le camp négatif, représenté par Haman. Le Roi A'hachvéroch est le symbole de l’homme qui balance entre les deux : le signe de ce passage d’un camp à l’autre est symbolisé par le transfert de l’anneau royal d’Haman à Mordékhaï. Le sort du peuple juif est traduit concrètement par ce transfert. Le devenir d’Israël est traduit matériellement, mais c’est – incontestablement – un signe de la pérennité d’Israël. La haine envers Israël est due, certes, à un choix délibéré des ennemis, mais s’inscrit dans le devenir historique, devenir spirituel du peuple de la Torah.

Après la crainte du Ciel, le sentiment qu’il y a Quelqu’un qui juge notre relation avec la Transcendance, il y a un Dirigeant à l’univers, et c’est à partir de ces prémisses qu’il convient de LIRE l’histoire. L’histoire de Gaza, depuis Sim'hat Torah, doit nous ouvrir les yeux pour découvrir les voies de la Providence. Parallélisme insupportable, absolu et éclairant sur des événements si différents apparemment !

Une bande de terroristes attaquent un festival de musique, tuent et prennent, dans les divers villages, plus de 200 otages. Le monde a pitié, et plaint Israël, MAIS dès qu’ils se défendent et cherchent à libérer ces otages, ce sont eux les coupables. 

Et puis, apparemment sans aucun rapport, un processus est engagé pour trouver un accord accepté par la coalition gouvernementale pour déterminer le sursis des étudiants en Yéchiva. L’accord, légitime, légal et juridiquement fondé est en marche, et puis voilà que la Conseillère juridique, avec l’aval de la Cour Suprême, bouleverse ces accords et suscite, dans le pays, une haine pour le monde de la Torah.

Ne voit-on pas ce développement parallèle d’une haine progressive et triste envers le peuple d’Israël d’une part, et envers la Torah d’Israël d’autre part ? Pour le monde, Israël a évidemment tort, et le monde de la Torah est, parallèlement, victime de cette haine. Pourquoi en est-il ainsi ? Cela doit nous éveiller et nous faire comprendre qu’un même processus se développe : refus du peuple juif, refus de la Torah, refus de reconnaître le Créateur. Un phénomène éclaire l’autre, et réciproquement : le religieux face au laïc, le Juif face au non-juif. Analyse schématique, mais qu’il convient d’avoir le courage de dire. Expliquons cela, de façon plus profonde : le MAL se cache souvent derrière le bien. Précisons cette image : le serpent n’a-t-il pas dit que le fruit de l’arbre était bon, agréable à l’odeur et ensuite au goût ? Allons plus loin ! Le Juif dérange l’ordre du monde, l’étudiant en Torah ne s’intègre pas non plus dans la société. Pourquoi ? Car pour être proche de la Vérité, de la Divinité, on ne peut être accepté facilement. Pour reprendre l’image de la philosophie « existentialiste », le Juif est « en trop ». Que fait-il, sinon témoigner de l’existence d’un Absolu créateur ? Quand Ben Gourion a accepté le sursis des « étudiants de Yéchiva », il était persuadé qu’après une ou deux générations de sionisme en Israël, les Yéchivot seraient vides ! Calcul faux, car il ignorait la chose qui maintient l’être juif, la force de la Torah ! Même erreur, d’ailleurs, faite par Herzl qui était persuadé que les Arabes se féliciteraient de la présence juive sur le sol de la Palestine. (Un de ses héros dans « Altneuland » est un Arabe !) 

Alors, ouvrons les yeux et comprenons la signification de l’être juif, et la convergence entre l’ONU ou La Haye d’une part, et la Cour Suprême de Jérusalem : même haine, même refus de découvrir la réalité de l’existence juive ! Le 'Hafets Haïm compare la médisance à un petit bouton qui dérange sur la peau. Au début, on se gratte, il démange, mais quand il grandit, il risque de devenir une grave plaie. Ainsi, les Juifs cherchent progressivement à s’assimiler, on peut même les aimer – c’est l’époque où Pharaon aime Yossef – mais peu à peu, ils deviennent nombreux et dérangent l’ordre public. 

Quand Ben Gourion a voulu persuader, à l’ONU, en 1946, que le peuple juif continuait la tradition d’Israël, il s’est écrié : « Les Américains aujourd’hui ignorent quelle nourriture mangeaient les premiers immigrants aux États-Unis sur leur bateau, il y a 400 ans, alors que les Juifs continuent aujourd’hui à manger, à Pessa’h, la Matsa qu’ils ont mangée à la sortie d’Égypte, il y a 3.000 ans ! » Il s’est fondé sur la tradition pour prouver le lien avec la Terre d’Israël, et 70 ans plus tard, la gauche veut empêcher, dans les hôpitaux israéliens, l’interdiction de manger du ‘Hamets ! 

La religion juive, la Torah, devient un obstacle pour ceux qui refusent l’identité d’Israël avec sa Loi. Cette rencontre entre ces deux oppositions – une extérieure, et une intérieure – devrait nous amener à réfléchir et à réaliser notre rôle dans la situation actuelle : être FIERS de notre lien avec la tradition, comprendre l’importance de l’étude, et surtout prendre en considération que l’avenir spirituel de l’humanité dépasse les contingences militaires, et seule la proximité de l’ère messianique nous permettra d’effacer cette haine et de la transformer en un AMOUR du PROCHAIN, fondé sur l’amour de D.ieu.