Rav Dessler comparait la privation de la Taava – la concupiscence – à un ressort : plus on le comprime, plus il s'allonge lorsqu’on le relâche. Ainsi, empêcher de force un être humain d’assouvir son instinct intensifie son désir. Dès que l’occasion se présentera – et tôt ou tard, elle viendra ! – cet homme sera bien plus pervers que s’il n’avait jamais été éduqué.

Ainsi, l’astreinte sans ’Hinoukh – c.-à-d. sans apprendre à l’enfant à intérioriser l’importance de se plier à la règle – est destructrice. S’il était nécessaire d’éduquer l’enfant à ne pas avoir de comportement bestial, voilà que son éducateur l’a rendu ‘bête féroce’. [Précisons explicitement que notre propos n’est en aucun cas de céder à un enfant qui aspire à assouvir ses instincts.]

Toute astreinte sans ’Hinoukh détériore. Soit, le dressage par la rigueur, mais aussi, le formatage par la discipline, ou même la motivation par la récompense.

Expliquons en quoi toute astreinte nuit.

Le ‘formatage’ consiste à créer une pression dans le cœur de l’enfant qui le poussera à accomplir ‘naturellement’ l’ordre de l’éducateur, sans même oser le remettre en cause. Le formatage est le type d’astreinte le plus répandu – surtout chez nous, Européens, chez qui la politesse et la dignité du moins superficielles sont le 1er des 10 commandements. En d’autres termes, toute critique du type ‘’Hooohh!’ ‘Pourquoi ?!’ ‘Tu n’as pas honte!’ ‘Je vais te montrer de quel bois je me chauffe’ ‘Quand JE…, TU…, c’est clair?!’. Honnêtement, quelqu’un espère-t-il voir son fils adulte serein et équilibré grâce à des phrases pareilles ?!

Le désastre du ‘formatage’ est presque aussi grave que le dressage à la dure. Certes, le conflit est moins violent, mais le ressort est quand même compressé. Avec en prime un enfant qui manque de confiance en soi. Comme le dit l’expression, il sera ‘bête et discipliné’. Et s’il est malgré lui intelligent, il abandonnera tôt ou tard le conformisme familial pour forger sa personnalité sereinement !