En 1954, le monde juif est en émoi : un enfant de quatre ans connaît par cœur de longs passages de la Torah écrite et orale sans les avoir jamais étudiés...

Jérusalem, début de la seconde moitié du vingtième siècle. Une nouvelle ébranle le monde juif : un enfant prodige, Y. M., charmant enfant issu d'une famille de 'Hassidim de Belz de Jérusalem, maîtrise à l'âge de quatre ans des Divré Torah et récite avec précision des passages entiers de la Guémara, du Chass, des décisionnaires et d'autres ouvrages saints, sans les avoir jamais étudiés.

La rumeur se répandit à une allure folle et était devenue le sujet de conversation de toutes les communautés orthodoxes d'Israël et du monde entier. Une fois la rumeur confirmée, des témoins souhaitèrent voir le prodige de leurs propres yeux, et parmi eux, de grands maîtres en Torah et des hommes de foi. Ces hommes en furent bouleversés, et au fil du temps, de nombreuses personnes y virent un signe du Ciel après la terrible guerre qui avait fait vaciller la Emouna de nombreux Juifs. Voici une preuve indéniable du Ciel de l'un des textes les plus célèbres de nos Maîtres (Nidda 30b) sur le fœtus dans le ventre de sa mère : une lumière l'éclaire au-dessus de sa tête, qui lui permet d'observer d'un bout à l'autre du monde, et un ange lui enseigne la Torah. Lorsqu'il vient au monde, un ange le frappe sur la bouche et il oublie tout ce qu'il a appris.

Dans notre histoire, la rumeur voulait que l'ange ait simplement oublié de le frapper sur la bouche… De ce fait, des hommes d'une grande envergure, au côté du peuple, ainsi que les amateurs de phénomènes étranges, rendaient visite à l'enfant du matin au soir, pour l'entendre réciter des passages entiers, mot pour mot, des écrits saints. Les médias en Israël et dans le monde entier tentèrent alors de filmer ce phénomène qui faisait alors la une des journaux.

L'histoire débute lors de la fondation d'un nouveau Talmud Torah en Erets Israël par le Rabbi et auteur du Divré Yoël de Satmar. En 1952, trois 'Hassidim respectables se rendirent chez le Rav 'Haïm Eliahou Sternberg, qui était très actif dans la création de Talmudé Torah, dans la plus pure tradition du judaïsme, dans tout Israël, mandé par le Rabbi de Satmar. Les membres de la délégation, Rabbi Yé'hezkel Mendel, Rabbi Hershel Fridman et Rabbi Leibel Frankel, venaient exposer leur demande : comme ils résidaient dans un quartier aux abords de la ville, ils avaient beaucoup de difficulté à acheminer leurs jeunes enfants, âgés de quatre ou cinq ans, au Talmud Torah 'Hassidique éloigné de leur quartier, proche de la porte de Yaffo. Ils demandaient la construction d'un nouveau Talmud Torah dans leur quartier.

Rabbi 'Haïm Eliahou, qui était l'envoyé du Rabbi de Satmar, organisa la venue d'un enseignant pour ces jeunes enfants, à proximité de leur quartier de résidence dans le quartier de Mamilla. Il envoya une lettre au Rabbi de Satmar afin qu'il confirme la construction d'un nouveau Talmud Torah. En quelques semaines, une vingtaine de jeunes enfants se rassemblèrent et leurs voix emplirent la salle de la synagogue.

Rabbi 'Haïm Eliahou fut le premier à remarquer le phénomène :

« Ma coutume était de venir chaque semaine interroger les enfants sur leur étude, et parmi eux, notre héros, qui se fondait parmi les autres. Un jour, je remarquai pendant la prière de Min'ha, que l'enfant connaissait par cœur toute la prière, ce qui était au-dessus des capacités de ses camarades. J'en fus très surpris, mais je me dis alors que le père avait investi des efforts à cet effet et que ce n'était pas exceptionnel. Chaque semaine, j'interrogeai les enfants sur ce qu'ils avaient appris au Talmud Torah, et un jour, j'interrogeai un enfant et notre protagoniste se trouvait à côté de lui, il répondit et récita tous les versets par cœur. Ébahi, je lui demandai s'il en savait davantage et il me récita toute la Paracha par cœur jusqu'à la fin. Je l'interrogeai sur le commentaire de Rachi et là aussi, il connaissait parfaitement tout ce que je lui demandai.

J'en fus sidéré et fus saisi d'une grande peur. Il y avait divers livres dans la bibliothèque de la synagogue, je pris la Michna Kélim et une fois de plus, l'enfant connaissait tout par cœur. Je savais que c'était un phénomène prodigieux et rare. Nous rendîmes visite à des érudits en Torah et des Rabbanim qui le testèrent, et il connaissait toute la Torah par cœur, ainsi que le Talmud de Babylone et celui de Jérusalem, et toutes sortes d'ouvrages sacrés.

Ce phénomène se répandit comme un feu de brousse dans le monde entier. Les journaux du monde entier en parlèrent en titrant leurs articles : « L'enfant prodige de quatre ans qui connaît toute la Torah par cœur. » Des visiteurs du monde entier se déplacèrent pour voir de près ce phénomène prodigieux, d'Amérique, d'Angleterre, de Belgique, du Brésil, d'Australie et de toutes les régions où vivaient des Juifs ; ils attendaient leur tour pour observer le phénomène de leurs propres yeux. Un grand nombre de Juifs firent Téchouva après avoir observé ce miracle.

À l'approche de la parution de l'ouvrage Tsantsénet Haman, nous avons rencontré l'enfant prodige d'alors, le Rav Y. M., après avoir longuement insisté pour obtenir un rendez-vous. Pendant une heure de conversation, il garda le silence, ne donna pas de nouveaux détails, et se retrancha dans le silence. Notre but était de faire le tri parmi les diverses rumeurs. Nous avons tenté de démêler le vrai du faux, parmi ces diverses rumeurs, dont certaines avaient été forgées de toutes pièces.

L'une des rumeurs les plus répandues, et qui avait été acceptée et diffusée dans un livre de souvenirs sur une personnalité célèbre du judaïsme orthodoxe, était la suivante : un célèbre Rav raconta qu'à l'époque, l'enfant était venu à plusieurs reprises chez lui et il l'interrogeait sur ses connaissances des ouvrages saints. Il récitait les livres par cœur, comme s'il les lisait dans le texte, un phénomène prodigieux. Il relata également que généralement, il connaissait tous les ouvrages sacrés, des Richonim jusqu'aux A'haronim, même ceux de son époque. Lorsqu'il constata que l'enfant était incapable de réciter le contenu de certains livres, il fit le raisonnement que le caractère sacré de ces ouvrages était, au final, sujet à question...

Selon la rumeur la plus connue, l'Admour Rabbi Aharon de Belz l'avait giflé au visage, à l'image de l'ange. Or, selon le témoignage de son père, il s'avéra que cette rumeur était dénuée de fondement. Le Rav ajouta au nom du père de l'enfant, qu'après avoir passé un certain temps auprès du Rabbi, celui-ci lui prescrivit de tremper l'enfant dans un Mikvé de quarante Séa, où il manquait une Séa. Il agit de cette façon et cela fut très bénéfique. Celui qui propagea cette rumeur expliqua que cette conduite était insaisissable pour l'esprit humain, mais qu'il s'agissait d'un dévoilement divin.

Or, il ressort que l'histoire de cette immersion au Mikvé est une invention de toutes pièces, tout comme celle de la gifle. Ce qui se passa dans le bureau du Rabbi est destiné à rester secret, car le Rabbi exigea de cesser d'interroger l'enfant et de ne parler avec personne de ce qui s'était passé dans la pièce avec l'enfant.

Il apparaît désormais que les rumeurs sur divers livres, dont il connaissait une partie et d'autres non, fut une tentative d'exploiter l'enfant prodige afin de confirmer par son intermédiaire toutes sortes d'avis en faveur de diverses personnalités ou ouvrages ou pour les discréditer. Le but était de déterminer par le biais de cette preuve divine, si l'ouvrage en question, ou son auteur, trouvait grâce ou non aux yeux du Ciel. Si l'enfant savait en réciter le contenu, c'était le signe qu'il s'agissait d'un livre qu'on étudiait avec les nourrissons, et donc, que leurs auteurs étaient appréciés dans le Ciel.

Le Steipeler écrit dans son ouvrage, 'Hayé Olam, chapitre 12, à propos des Guilgoulim (réincarnations) : « Ici, en Erets Israël, on diffusa en 1955 l'histoire d'un garçon de quatre ans qui récitait par cœur des passages du Chass et des Richonim, des choses qu'il n'avait jamais entendues dans ce Guilgoul. »

Le Gaon Rabbi Bentsion Grossman relate : « Je l'ai moi-même entendu, dans le cadre du programmes des Matmidim (enfants qui se réunissent après les heures de cours pour étudier) dans le quartier des Baté Hungarin ». Les enfants lui demandèrent d'observer le phénomène. Il proposa qu'on le prenne sur les épaules jusqu'au puits situé dans la cour, situé à une certaine hauteur, ainsi, toutes les personnes présentes pourraient le voir et l'écouter. « Je me souviens très bien qu'on apporta le traité de Kétoubot, on commença à lire les premiers mots et il compléta la suite. Il récita les divers passages de la Guémara. Des enfants l'interrogèrent sur d'autres livres et il compléta chacun d'eux. Mon père se rendit avec Rav Alexander Miller chez le Rav Moché Arié Freind, et après un débat dans la Halakha, mon père tenta de lui délier la langue et de l'interroger sur l'enfant prodige qui était un membre de sa famille. Au départ, Rabbi Moché refusa d'aborder le sujet, car ce phénomène avait été tenu dans le plus grand secret, mais plus tard, il confirma la véracité du phénomène. »

La famille était bouleversée et pendant une période, ils tentèrent de cacher l'enfant. Après avoir conversé avec la famille, il ressort que Rabbi Moché Arié Freind, le Roch Yéchiva de Satmar à Jérusalem et président du Tribunal rabbinique de la Eda Ha'harédit, était dans le secret depuis le premier jour, d'une part parce qu'il était doublement en famille avec la mère de l'enfant, et aussi simplement du fait que sa famille l'avait nommé comme leur Rav, notamment pour toutes leurs questions de Halakha.

Le père de l'enfant, qui était très préoccupé par ce phénomène, le conduisit auprès du Rabbi de Belz qui réalisa un Tikoun inconnu. On oublia rapidement le phénomène qui tomba dans l'oubli, et l'enfant redevint un enfant comme les autres, qui vivait avec ses pairs, intégré comme eux au Talmud Torah. On laissa l'enfant tranquille et il semblait que le phénomène avait été oublié.

Rabbi Bentsion Grossman ajoute : « Je rencontrai un jour le père de l'enfant prodige, le 'Hassid Rabbi M. qui me confia ceci : "Je connais des centaines d'hommes qui se sont renforcés et se sont mis à mettre les Téfilines dans le sillage de l'histoire de mon fils." Après des années difficiles de voilement de La face, il y eut une volonté divine de dévoilement concret de Emouna. »

Nombreux sont ceux à penser que le prodige effectué par le Rabbi n'était pas de faire oublier la Torah à l'enfant, mais d'agir de sorte que le monde détourne son attention de l'enfant et de ses prodiges. Nous avons appris que le Rabbi refusa de renoncer à ses aptitudes et l'interrogeait. Son père mit fin, à un certain stade, sur l'ordre du Rabbi, à la pression des tests et ne permit plus à personne d'interroger son fils. 

Source : Dirchou