Le Ram’hal a écrit dans l’ouvrage Dé’ot Outévounot que la manière dont Hachem dirige le monde et les raisons qu’Il a de le faire ne sont pas accessibles à notre compréhension limitée. Malgré cela, nous devons avoir une perception claire et authentique de D.ieu, dans toutes ses voies, comme il a été dit (Malakhi 3, 6) : « Parce que moi, Eternel, Je ne change pas ». Bien qu’on puisse remarquer des changements dans sa manière de diriger le monde en termes de bonté, de rigueur, ou de miséricorde, D.ieu lui-même, ne change pas. Il est unique, rien ne Lui est comparable et de Lui tout provient.Voici le message contenu dans ces paroles : Le but de toute cette réussite que D.ieu promet à son peuple dans les temps futurs, c’est que la notion de son Unicité deviendra claire aux yeux de tous, que tous comprendront qu’Il est la raison de l'existence de ce monde. Ce point est mentionné de très nombreuses fois dans les paroles de nos prophètes : « D.ieu seul sera grand en ce jour » (Yéchayiaou 2, 11), « L’Eternel sera Roi sur toute la terre ; en ce jour, l’Eternel sera un et unique sera son Nom » (Zékharia 14, 9).

Heureux celui qui, au cours des jours sombres de notre exil, parvient déjà à atteindre ce but suprême, qui ne devrait lui être dévoilé qu’après la rédemption. Sa récompense sera de toute évidence infinie. Ce niveau, il peut y accéder à l’aide de la prière en établissant dans son cœur la ferme conviction que personne d’autre que D.ieu ne peut lui venir en aide et le sauver. Il n’a personne vers qui se tourner si ce n’est vers le D.ieu unique.

Rav Yé’hezkiel Lévinstein dans son ouvrage Ma’alot Hatéfila a rapporté le Midrach au sujet du verset « Véykrou li térouma » (Traduction littéraire – Ils prendront pour Moi une offrande prélevée) (Chémot 25, 2) : « Celui qui vend sa marchandise, est vendu avec elle » et explique que cela signifie qu’Hachem a dit à son peuple : Je me suis vendu avec ma Torah. Avec cet éclairage, une nouvelle lecture du verset peut être faite : « Ils Me prendront Moi en offrande ». Cela ressemble à un roi qui avait une fille unique, qu’un autre roi voulut prendre pour épouse. Il demanda au père l’autorisation qu’elle l’accompagne dans son pays. Celui-ci lui répondit : « Ma fille que je t’ai donnée est l’unique que je possède, me séparer d’elle m’est impossible. Te dire de ne pas la prendre me l’est également puisqu’elle est ta femme. Fais-moi cette bonté de me préparer, à chaque endroit où tu te rendras, une pièce dans laquelle je pourrai résider. Je ne peux abandonner ma fille. » Ainsi parla D.ieu aux Bné Israël : Je vous ai donné Ma Torah mais m’en séparer M’est impossible. Vous dire de ne pas en prendre possession, Je ne le peux pas. Cependant, partout où vous irez, faites-Moi un lieu unique dans lequel Je résiderai, comme il est dit (Chémot 25, 8) : « Ils me feront un sanctuaire ».

Il est possible d’expliquer cela en disant que la Torah nous a déjà été transmise dans son intégralité. Comme il est dit dans le Midrach (Ibid., 7) au sujet du verset (Dévarim 33, 4) : « Moché nous a prescrit la Torah, héritage de l’assemblée de Ya’akov », il ne faut pas lire "Moracha", héritage mais "Yéroucha", propriété et il n’est pas difficile de l’acquérir. Hachem, qui apprécie et affectionne particulièrement les Bné Israël au point de les appeler "Ses enfants", leur a donné un objet précieux, la Torah, qu’ils peuvent saisir à n’importe quel moment, puisqu’il est déjà dans leur possession. L’essentiel de l’effort à fournir est de réserver à D.ieu un endroit pour qu’Il puisse demeurer parmi nous, comme il est dit : « Faites-moi une maison afin que je puisse y résider ». Ceci, nous devons le faire de nous-même, c’est l’unicité évoquée par le Dé’ot Outévounot dont il nous faut avoir une perception claire. Dans le Michkan (le Sanctuaire) ou dans le Beit Hamikdach (le Temple), la Présence Divine était presque palpable. A présent, le Temple a été détruit et la prière vient remplacer le service qui y était effectué et grâce à elle, l’homme l’acquiert la sensation de l’unicité de D.ieu. Il prend conscience alors que rien n’existe à part Lui, que rien ne Lui est impossible, qu’il n’y a pas de force secondaire mais qu’Il est seul et fait régner Sa providence sur toutes Ses créatures. Rien ne prend naissance dans ce monde si ce n’est par Sa volonté et il n’y a pas de place pour le destin, le hasard ou les forces de la nature. Il règne sur le monde entier et tout ce qu’il renferme, Il décrète tout ce qui arrive dans les mondes supérieurs et inférieurs, dans tous les niveaux de la Création. Rien ne Lui est impossible et tout dépend de Sa volonté, Lui D.ieu dont les possibilités sont infinies. « Car il a parlé et [tout] naquit ; il a ordonné et [tout] fut là ». (Téhilim 33, 9) Sans Sa volonté, rien ne peut exister.

Et comme il a été dit au nom du Ram’hal, tout le but de la réussite que D.ieu promet à son peuple dans les temps futurs est que tous aient une perception claire de Son unicité. Ce qui veut dire que toutes nos attentes pour la délivrance et pour un futur de bienfaits, de prospérité, de consolation où les Tsadikim seront récompensés n’est pas encore le but qu’Hachem nous promet d’atteindre. Le comble du plaisir et des bienfaits qu’Il nous promet est que nous ayons le mérite de reconnaître Son unicité et d’avoir l’intime et limpide conviction qu’il n’y a rien d’autre que Lui. C’est la récompense suprême que nous allons obtenir dans les temps futurs. L’homme peut mériter de l’entrevoir avant la délivrance finale à l’aide de la prière. Grâce à elle, s’éclaircit en lui une perception authentique de l’unicité de D.ieu. A un détail près, qu’avant la délivrance, elle lui apparaît comme en miniature, alors que dans les temps futurs, il méritera d’en percevoir l’ensemble. Il est évident que plus il fournira d’efforts dans ce monde-ci dans le domaine de la prière et plus les fruits qu’il récoltera dans le Monde Futur seront nombreux et savoureux.


Extrait du futur livre "Ma Pensée Juive (tome 1)" (Editions Torah-Box), (c) Tous droits réservés