La société actuelle est à la pointe de l’avancée technologique, le confort est à son paroxysme et la médecine permet un allongement significatif de l’espérance de vie - 85,4 ans pour les femmes, 79,3 ans pour les hommes en 2020 selon l’Insee, comparé au seuil de 30 ans en moyenne que l’on connaissait à l’époque du Moyen-Âge.

Cependant, il y a un domaine où la tendance s’inverse radicalement, c’est celui du taux de divorce dans le monde avec 130 000 divorces par an en 2017 sur le territoire français c’est-à-dire 45% du taux de mariage qui se soldait par un divorce, comparativement aux 44 738 divorces recensés en 1972. Comment en est-on arrivé là ?

Le Rav Haïm Friedlander, célèbre directeur spirituel de la Yéchiva de Ponevitch explique que le taux vertigineux de divorce que connait la société actuelle est dû à son avancée fulgurante. Il compare le mode de vie des générations passées au nôtre et met en évidence le fait que les gens étaient moins fragiles et également moins capricieux. Penchons-nous sur son analyse.

Le quotidien avant l’ère moderne était rythmé par des tâches ménagères fastidieuses, comme aller au lac pour laver ses vêtements, chasser le gibier ou moissonner les champs pour apporter une maigre pitance à sa famille souvent tiraillée par la faim. Les toilettes étaient souvent hors des habitations et se soulager demandait une organisation, surtout la nuit où les mamans craignaient les rôdeurs des alentours lorsqu’elles amenaient leur petits faire leur besoins hors de la maisonnée.

La mortalité infantile était écrasante au Moyen-Âge avec un nouveau-né sur quatre qui décédait dans sa première année et à peine plus d’un sur deux qui atteignait l’âge de dix ans. Les parents étaient coutumiers du deuil de leur nourrisson, ceci donne à imaginer leur résistance émotionnelle. Mais la brièveté de la vie faisait que l’on pensait également très vite à optimaliser la productivité de ses enfants qui étaient envoyés vers 10 ans à l’apprentissage de la chevalerie pour les garçons ou sous la tutelle d’un employeur à 8 ans chez les filles. (Source : Lumni.fr)

Dans un monde pareil, le taux de dépression était également au plus bas, personne ne pouvait se payer le luxe d’être déprimé, il n’y avait ni RSA ni allocations familiales permettant d’être assisté dans sa maladie. À titre comparatif, en 2010, 7,5% des 15-85 ans a subi une dépression en France. Aujourd’hui, on parle d’1 français sur 5. (Source : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé)

Il est certain que si le mode de vie des générations passées raccourcissait leur vie, il agissait indéniablement sur leur longévité de couple et pas uniquement du fait que le divorce était chose tabou dans leur société.

La vie rendait les gens émotionnellement plus forts, plus patients et également moins capricieux. Tout dans leur quotidien requérait temps et effort, la souffrance était le lot du quotidien et il n’était pas rare qu’une personne vive avec des plaies ou fractures durant toute sa vie, les consultations chez le médecin étaient un luxe que seuls les aristocrates pouvaient se permettre et même là, les résultats étaient très limités.

Cette façon de vivre influençait leur vision du couple, on était plus patient avec l’autre, on mesurait à juste titre les efforts des gens, on se suffisait de beaucoup moins. La femme était reconnaissante de la protection et de l’entretien apportés par son époux, ce dernier quant à lui, reconnaissait les innombrables tâches fastidieuses que celle-ci exerçait pour le bien de leur foyer.

A contrario, la société actuelle prône l’aspect sacré du confort, la souffrance est éradiquée au moindre symptôme. La vie avance à une vitesse vertigineuse, les gens sont frustrés lorsque leur smartphone ne répond pas à leur tapotement dans la demi-seconde ou que le livreur de pizzas met plus de 30 minutes pour sa livraison, quel scandale !

Dans le couple, chacun cherche son bien-être et si l'on ne le trouve pas chez l’autre on va voir ailleurs… Il ne faut surtout pas passer à côté du bonheur. On change de conjoint comme de garde-robe et ce, pour des raisons plus ridicules les unes que les autres. L’argument ultime devient l’ennui et la lassitude d’un autrui qui ne divertit plus assez. Au diable les mille et une aventures vécues conjointement et les innombrables efforts investis… Si aujourd’hui le "kiff" à être ensemble a disparu, ciao !

Une société qui met l’accent sur le bien-être et la liberté, où l'on abandonne au moindre manque dans l’un ou l’autre de ces domaines. Il ne vient plus à l’idée des gens qu’on peut travailler sur ce qui ne va pas, améliorer et avancer ensemble main dans la main. On abandonne et puis c’est tout ! Un abandon qui n’est même plus vu comme un échec mais au contraire comme une marque de courage, celui de « s’écouter » et de faire le choix de la liberté…

Une société qui centre l’individu sur lui-même empêche de vivre vraiment avec l’autre, de lui être reconnaissant. Et peu importe aux parents en mal de bien-être si leur séparation portent à plus de 8% le nombre de familles recomposées en France, soit 1,7 millions d’enfants concernés par leur séparation, pourvu qu’ils soient heureux ! (Source : Insee)

Notre objectif est de nous recentrer vers un modèle plus sain où le référentiel du bonheur est celui obtenu par l’aboutissement d’un réel travail sur sa personnalité et où la réussite d’un couple heureux passe avant le bien-être instantané et illusoire de l’individu.

Le Gaon de Vilna écrit dans Even Chéléma (chap.1 alinéa 1-2) : « Le principal objectif de l’homme sur terre est d’améliorer son caractère, sinon pourquoi serait-il sur terre ?! »