Question de Jeanne :

Que pensez-vous de ces femmes au Kotel qui mettent des Téfilines et se vetissent d'un Talith ? Formidable n'est-ce pas, qu'elle fasse comme les filles du plus grand commentateur de la Torah, Rachi !

Je suis très fier de ce mouvement qui ressemble à ce qui se fait aux Etats-Unis. Le judaisme libéral n'est pas inculte, plus que les filles de Rachi, la fille du Roi David Mikhael également mettait les Téfilines. Alors, Rav Chaya, encore un "diktat" des Sages et de leurs rabbins ?!
 

Réponse du Rav Ron Chaya :

La Torah nous ordonne (Parachat Choftim, Dévarim chap.17 versets 8 à 11) d'écouter les juges de notre génération, c'est-à-dire les dirigeants spirituels de notre génération. Donc la loi écrite ORDONNE l'obéissance à la loi orale. Et d'ailleurs nous avons une preuve irréfutable de la valeur de de cette dernière : Tous les mouvements (dont celui auquel certainement vous appartenez) qui ont remis en cause ne serait-ce qu'un yota de la loi orale ont, en quelques générations, soit disparu soit perdu leur identité de représentativité du peuple juif.

Il y a eu plusieurs dizaines de mouvements de ce type durant l'histoire. Et vraiment absolument aucun d’entre eux n'a perduré. Soit ils ont tout simplement disparu, soit ils sont devenu des mouvements non reconnus comme représentatifs de la Torah d'Israël. Ce sera le cas pour les tsedokim, les baïtossim, les chrétiens, les karaïtes, les néologues, les réformistes, les reconstructionnistes, les conservatifs, les libéraux, les massortis, les moderne-orthodoxes, les dardaïm et j'en passe... Tous avaient comme point commun celui qu'ils ont avec vous : la non reconnaissance de la validité de la loi orale.

Donc à vous de choisir :

- Ou pas de Talith pour les femmes (comme l'ordonne la loi écrite via la loi orale comme susmentionné) et faire partie de l'éternité d'Israël.
- Soit autoriser le Talith pour les femmes et disparaître de l'éternité d'Israël.

Je vous remercie sincèrement du fond du cœur de m’avoir envoyé votre argument concernant les filles de Rachi, vous avez ainsi amené une très bonne eau à mon moulin me permettant de vous prouver de façon flagrante les falsifications et les mensonges que les mouvements que vous représentez utilisent.

Parmi les canulars qu'ont toujours diffusé certaines religions ou mouvements réformés, il y a celui que les filles de Rachi portaient les tefillin.

Je vous demande de vérifier et vous défie de me montrer une seule source fiable montrant cela : aucune ne le mentionne.

Effectivement, il n’y a pas de fumée sans feu.

D’où a été tiré ce canular ?

La Guémara, traité Erouvin page 96A, écrit que Mikhal bat Kouchi (la fille de Kouchi) portait les tefillin, comme j’explique dans le lien suivant, la halakha n’a pas été tranchée comme la fille de ce Kouchi.

Les dirigeants mal intentionnés des mouvements que vous représentez ont falsifié Kouchi en Rachi. Kouchi est un illustre inconnu qui vivant il y a 2500 ans, donc l’exemple de sa fille n’en est pas un ; par contre, en changeant les lettres k-o-u de kouchi en R-a de Rachi, on obtient un argument solide qui sera le canular des mouvements que vous représentez : que les illustres filles de Rachi portaient les tefillin.

Dès lors, il y aurait par cela une preuve par « a plus b » comme quoi les rabbins qui l’interdisent sont dans l’erreur, mais cela ne reste définitivement qu’un canular…

Ceci dit, même si ce n’était pas un canular, cet argumentaire est nulle car les mouvements que vous représentez ne sont pas d’accord avec la loi orale que les mouvements orthodoxes enseignent.

Or il y a ici un non-sens :

Nulle part dans la Torah le mot tefillin n’est écrit.
Il est écrit (Chémot 13 :16) : « Et il sera écrit comme signe sur ta main et comme fronteau entre tes yeux, que d'une main puissante l'Éternel nous a fait sortir de l'Égypte. »
D’après cela, le tefillin du bras se porte sur la main et pas sur le bras, celui de la tête sur les yeux et pas sur la tête. Nulle part il est écrit qu’il s’agit d’une boîte noire de peau, on ne sait pas quels textes il y a l’intérieur, car le texte de la Torah ne mentionne que la nécessité d’y écrire « Que d'une main puissante l'Éternel nous a fait sortir de l'Égypte », mais rien de plus.

Dès lors, ces femmes qui portent les tefillin vivent dans un non-sens.
D’un côté, elles écoutent ‘Hazal parce qu’elle porte des tefillin comme le dévoilent ‘Hazal dans le cadre de la loi orale (boîtes noires, sur le bras, les textes dévoilés par ‘Hazal), et d’un autre côté, elles portent des tefillin alors que ces mêmes ‘Hazal interdisent de porter des tefillin.

Y’a-t-il une logique à tout cela ? Absolument aucune !

Ce n’est pas la seule absurdité des mouvements que vous représentez, je vous en donne en vrac encore quelques-unes :

Si vous ne voulez pas obéir aux « dictats » de ‘Hazal, et ne faire que ce qui est marqué dans la loi écrite, dès lors vous n’avez plus de problème à marier votre fille avec une autre fille ! Effectivement, nulle part dans la Torah écrite il est écrit qu’il y a une interdiction d’avoir une relation entre lesbiennes.

Ce n’est que ‘Hazal qui ont expliqué que c’est le sens de l’interdiction de la loi écrite nous ordonnant (Vaykra, chapitre 18 verset 3) :

« Les pratiques du pays d'Egypte, où vous avez demeuré, ne les imitez pas, les pratiques du pays de Canaan où je vous conduis, ne les imitez pas et ne vous conformez point à leurs lois. »
Ou encore, d’après votre logique, préparez et mangez un bon steak au beurre !
Effectivement, nulle part dans la Torah il est écrit qu’on ne peut pas mélanger le lait à la viande : la Torah ne parle que de cuire chevreau dans le lait de sa mère (Chémot, 23 :19).

Ou encore embrassez la croix !
Nulle part dans la Torah écrite il est écrit qu’il est interdit d’embrasser une croix, ce n’est pas considéré comme de l’idolâtrie (même aujourd’hui, il ne s’agit que d’une interdiction de ‘Hazal).

Ne fêtez jamais ‘hanoukka ni pourim !
Ces fêtes ne sont pas écrites dans la Torah écrite !

Et pour Chabbat, vous serez bien embêté, car la Torah écrite ordonne de rester assis à sa place, donc défense de bouger un mètre de sa chaise (Chémot 16 :29) :
« Que chacun demeure où il est, que nul ne sorte de son habitation le septième jour.»

Et surtout faite attention de ne pas faire un accident, vous risquer de tuer ou blesser quelqu’un et d’après la Torah écrite, on devra vous faire exactement ce que vous lui avez fait, âme pour âme, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, même si vous ne l’avez pas fait exprès !

Manger bien avant Kippour car d’après la Torah, vous devez jeûner deux jours, le 9 et le 10 Tichri (Vaykra 23 :32) :
« Ce jour est pour vous un chômage absolu, où vous mortifierez vos personnes; dès le neuf du mois le soir, depuis un soir jusqu'à l'autre, vous observerez votre chômage. »
Et le verset 27 :
« Mais au dixième jour de ce septième mois, qui est le jour des Expiations (Yom Kippour), il y aura pour vous convocation sainte: vous mortifierez vos personnes, vous offrirez un sacrifice à l'Éternel ».
(Il faut donc jeûner le 9 et le 10 du 7ème mois)

Mais vous pourrez vous rattraper le 9 Av car ce jeûne, lui, n’est pas écrit dans la Torah écrite, donc vous pourrez y manger à votre aise alors que tout ‘Am Israël jeûne en signe de deuil de la destruction du Temple (c’est un « dictat » de ‘Hazal).

Vous n’aurez aucun problème à manger dans un restaurant goy parce que d’après la Torah, il n’y a aucun problème à manger de la viande qui n’a pas été égorgée rituellement, mais tuée par un coup de feu ou n’importe quel autre moyen, la Torah écrite préconise à ce propos (Deutéronome 12 :21)

: « Trop éloigné du lieu choisi par l'Éternel, ton Dieu, comme siège de son nom, tu pourras tuer, de la manière que je t'ai prescrite, de ton gros ou menu bétail que l'Éternel t'aura donné, et en manger dans tes villes tout comme il te plaira »
Or cette prescription dont parle le texte est assurément une allusion à la loi orale ; or le mouvement que vous représentez n’y croit pas. Dès lors, il peut manger n’importe quelle viande.

Vous pourrez également manger des sauterelles : effectivement la loi écrite l’autorise (Vaykra 11 :21) :
« Toutefois, vous pourrez manger, parmi les insectes ailés marchant sur quatre pieds, celui qui a au-dessus de ses pieds des articulations au moyen desquelles il saute sur la terre. »

Et quand vous aurez un enfant attention, à l’âge de 8 jours il faudra lui couper son excroissance.
Laquelle ? Certainement pas le prépuce, la Torah écrite ne le précise pas, elle écrit (Vaykra 12 :3) :
« Au huitième jour, on coupera l'excroissance de l'enfant. »
Donc je vous laisse chercher dans le corps de votre fils ce qu’il a comme excroissance ; peut-être le lobe de l’oreille, ou le nez qui est souvent est un peu long chez les juifs… mais pas le prépuce, c’est une coutume barbare, un « dictat », une invention de ‘Hazal, vu que cela n’est pas écrit dans la loi écrite.

Je pourrais continuer encore des heures, la liste est longue, mais en deux mots, d’après votre théorie, vous-même vivez de façon non conforme à la loi écrite. Donc d’après la loi écrite, vous êtes dans l’erreur, d’après la loi orale à laquelle vous ne croyez pas (« dictat ») aussi.

Vous êtes donc partout dans l’erreur, il serait temps d’en sortir…