Question d'une internaute : "Je me trouve un peu dans une impasse. Je me sens incapable de prendre des décisions. A chaque fois que je me résous à un choix, je sens que j'ai choisi la mauvaise voie et qu'il aurait fallu en faire un autre. Le même scénario se répète sans cesse et je regrette mon choix voyant tous les aspects négatifs qu'il a (et en prenant ma décision, j'en avais bien conscience !). Et puis, qui me dit qu'il n'y aura pas quelque chose de meilleur qui se présentera par la suite ? La seule situation qui me rassure est quand j'ai toujours la possibilité de remettre en question mon choix, donc je remets à plus tard ma prise de décision. Cette situation est extrêmement dure pour moi, mais aussi pour mon entourage, puisque je leur demande leur avis et leur fais part de mes angoisses. C'est une nature que j'ai. Que puis-je faire pour y remédier et être sûre de moi quand je prends une décision ? Merci d'avance !"
La réponse de Mme Nathalie Seyman
Être incapable de choisir, c’est souffrir d’indécision, en d’autres termes, cela signifie être dans l’incapacité de faire un choix. C’est une façon d’être très handicapante, car la personne indécise reste donc bloquée dans le temps et n’est jamais actrice de sa vie. Elle subit les évènements tels qu’ils arrivent, mais, finalement, en reste, malgré elle, victime. Alors qu’est-ce qui fait qu’on en arrive à ce stade ? Qu’est-ce qui nous empêche de décider ? Et surtout, comment s’en sortir ? Penchons-nous sur votre problématique.
Indécision pathologique ?
La vie est faite de choix, qu’ils soient anodins (quel plat préparer ce soir, quel restaurant choisir, etc.), importants (vers quel métier se diriger, accepter une demande de mariage, etc.), ou parfois même graves (dénoncer ou pas un escroc, avouer une vérité qui dérange ou la garder pour soi, etc.). Qu’on le veuille ou non, nous sommes quotidiennement confrontés à des choix. Certains ont une solution évidente et demandent peu d'investissement, alors que, pour d’autres, nous devons nous pencher plus sérieusement sur la question. Quoi qu’il en soit, l’indécision fait partie de notre vie. Mais il faut être bien conscient que le fait de pouvoir choisir la voie que nous voulons emprunter, même s’il ne s’agit que du repas du soir, fait de nous des êtres libres. C’est pourquoi, une personne qui se soustrait sans cesse aux choix qu’elle doit faire ne pourra jamais vraiment évoluer. Il est donc impératif qu’elle découvre ce qui l’en empêche pour commencer à vivre pleinement sa vie.
Etre indécis, c’est normal, on ne peut pas toujours être sûr du chemin à emprunter, et, parfois, ne pas faire de choix et laisser un autre prendre la décision, ou tout simplement laisser la vie faire, peut aussi être une solution. Mais quand une personne est totalement dans l’incapacité de décider, alors il s’agit d’un réel problème.
Que cache cette incapacité de choisir ?
Faire un choix, c’est prendre des risques et c’est ce qui bloque l’indécis pathologique. Il est incapable d’assumer les conséquences de sa décision. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela :
- Un manque de confiance en soi : la personne indécise se sent incapable de faire le bon choix du fait de son manque d’estime d’elle-même, elle préfère donc s’en abstenir.
- La peur de l’échec : choisir parmi plusieurs possibilités implique évidemment le risque de prendre la mauvaise décision et de renoncer à celle qui aurait pu être la bonne. Ainsi, ne rien décider permet de rester dans sa zone de confort qui nous donne l’illusion que l’échec n’existe pas. Quelqu’un qui ne prend jamais le risque de passer à l’acte peut continuer à fantasmer qu’il est infaillible et pourrait tout réussir !
- La peur de décevoir : l’indécis ne veut pas prendre le risque de déplaire via ses propres décisions, tant il a besoin du regard de l’autre pour se sentir bien, il va donc préférer se rallier à celles des autres. Cela peut provenir du fait que la personne s’est tellement sur-adaptée aux désirs des autres pour être acceptée et aimée qu’elle n’est plus à l’écoute de ses propres désirs.
- Un comportement qui permet d’éviter toute remise en question et tout travail sur soi-même, laissant aux autres les difficultés et retombées négatives.
Quoi qu’il en soit, l’indécis nage dans une illusion de la toute-puissance de ses choix et, par conséquent, la pression qu’il installe face à cette décision est si forte qu’il en est paralysé. Plus les enjeux seront importants, et plus l’indécis va se bloquer, refuser de choisir, ou se reporter sur les autres.
Quelles peuvent en être les conséquences ?
Pour ne pas avoir à passer par ces stades insupportables pour son psychisme, s’ensuit alors une véritable conduite d’évitement qui n’est pas sans conséquence sur la personne elle-même, mais aussi sur son entourage.
L’indécision engendre un véritable état de malaise et de mal-être au moment du choix. L’impossibilité de tout contrôler et de tout prévoir est tellement angoissante qu’il préférera y renoncer et ne rien faire. Il ne pourra alors jamais être acteur de sa propre vie et restera caché dans l’ombre en attendant que “ça se passe”. Avec pour risque de s’enfoncer encore plus dans la perte de son estime de soi et de vivre une vie qui n’est pas vraiment la sienne. Les conséquences psychologiques de cette passivité seront nombreuses, telles que le doute constant, une remise en question permanente, le repli sur soi allant jusqu’à l’isolement, et dans les cas plus graves des troubles anxieux pouvant amener à des crises d’angoisse.
L’indécis, ne pouvant faire de choix ni prendre ses responsabilités, rejette ainsi les conséquences sur ses proches. L’entourage, agacé de ce comportement, perd progressivement confiance en la personne indécise. Il pourra décider de s’éloigner d’elle ou bien de la mettre devant le fait accompli et ainsi l’obliger à prendre une décision, ce qui ne l’aidera pas sans un travail sur elle-même au préalable.
Mes conseils
- Dédramatisez la situation : si vous n’arrivez pas à prendre de décision, c’est que vous mettez la barre bien trop haute ! Il y a très peu de choix dans la vie qui sont vraiment irréversibles et primordiaux ! Pour la plupart d’entre eux, il est tout à fait possible de retourner en arrière et retenter un choix bien meilleur !
- Concrétisez votre projet : écrivez vos options sur une feuille afin d’y voir plus clair et faites deux colonnes, avantages et inconvénients. Listez vos priorités, hiérarchisez vos valeurs essentielles et votre objectif principal.
- Informez-vous : pour être au plus près du meilleur choix possible, informez-vous au maximum. Le savoir, c’est le pouvoir ! Essayez de laisser le moins de choses au hasard.
- Réalisez qu’aucune décision ne sera parfaite ! Ce n’est qu’une illusion qui crée de la déception et des angoisses ! Quelle que soit la décision que vous prendrez, il y aura des effets négatifs (parfois minimes, parfois plus importants), mais le but est qu’il y ait une majorité de retombées positives évidemment. Par exemple, une maman qui doit décider si elle doit rester à la maison s’occuper de son bébé ou retourner travailler : selon la décision qu’elle prendra, elle aura forcément les retombées positives du choix qu’elle aura fait, mais également les retombées négatives de la voie qu’elle n’a pas prise. Il faut aussi accepter que, parfois, il n’y a pas de bon choix : de temps à autre, il arrivera qu’il n’y ait aucun choix avec plus de retombées positives que négatives, ou bien il faudra se pencher vers une option alternative, ou bien encore, il vous faudra passer par une mauvaise voie avant de trouver la bonne… Rien n’est jamais "ou tout blanc ou tout noir".
- Faites-vous confiance : à chaque décision à prendre, vous devez vous répéter que vous êtes la plus qualifiée pour prendre cette décision. Vous êtes celle qui a le plus de chance de faire le bon choix ! Vous êtes le personnage principal de votre vie, il faut vous lancer ! Les premières décisions seront les plus difficiles et angoissantes, vous aurez besoin de conseils, de concret, de temps de réflexion… Mais tout est une question d’entraînement, rien ne s’acquiert avec facilité : au fur et à mesure de vos décisions, tout sera beaucoup plus facile et vous finirez par faire directement confiance à votre instinct. Vous sentirez où se trouve la bonne décision.
- Évitez dorénavant de solliciter votre entourage : vous les avez beaucoup requis, aujourd’hui, vous allez décider de voler de vos propres ailes. Il faut que vous ayez l’entière responsabilité de vos choix désormais ! Plus vous y parviendrez, et plus vous serez fière de vous-même. Si cela est vraiment trop difficile d’y arriver seule, demandez conseil à un Rav, il saura vous guider tout en vous laissant assez d’espace afin que ce soit vous qui preniez la décision finale.
- Ayez confiance en Hachem : vous n’êtes pas seule ! Même si vous faites de mauvais choix, Hachem reste derrière vous et même si cela prend du temps, accompagnée de votre volonté de réussir, Il vous mènera vers la bonne voie. Il faut accepter que nous ne contrôlons pas tout, mais Lui, si !
- Travaillez sur le renforcement de votre estime de vous-même : pratiquez des exercices qui aident au renforcement de l’estime de soi (par exemple : listez chaque soir vos victoires de la journée, ce dont vous avez été fière, ce que vous avez appris. Écrivez une page tous les soirs et, de temps en temps, relisez ce que vous avez écrit), mais également, n’hésitez pas à vous tourner vers la sophrologie et réflexologie qui permettent de trouver des techniques d’apaisement lors de situations angoissantes.
- Faites un travail thérapeutique : il faut que vous compreniez pourquoi prendre des décisions est si anxiogène pour vous. Il est important de définir l’origine de cette angoisse afin de mieux l’appréhender et d’en finir enfin avec elle.
Hachem nous a fait un cadeau merveilleux : le libre arbitre. C’est ce cadeau qui nous permet d’être libres, mais aussi celui qui fait de nous des êtres imparfaits mais qui ne demandent qu’à progresser.
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.