La paracha « Pin’has » nous relate l'intronisation de yéhochou'a (Josué), successeur de Moché rabbénou. Afin d'éviter toute contestation du peuple,  D' dit à Moché que la passation de pouvoir devrait se faire de son vivant.

La Torah nous raconte que Moché rabbénou avait un visage rayonnant et tous ceux qui le voyaient pouvaient remarquer sa aura. J'ai entendu du Rav Ya'akov Adèss (au nom du Maharal) qu'il ne faut pas interpréter ce 'visage rayonnant' comme une simple image, mais il faut comprendre cette expression au sens propre : Moché rabbénou propageait réellement un brillant éclat autour de lui ! En effet, Moché avait atteint un tel degré de purification, que son corps, devenu spirituel, ne constituait plus un écran pour son âme. Celle-ci était donc visible et illuminait l'entourage par  son éclat.

 

Lors du passage de pouvoir de Moché à Yéhochou'a, (qui évidemment, ne se déroula pas dans une atmosphère de recherche d'honneurs), Yéhochou'a reçut les recommandations et les forces nécessaires pour guider le peuple. Il mérita également de se purifier, et reçut ainsi une partie de l'éclat sublime de Moché rabbénou.

Nos maîtres nous enseignent que lorsque les anciens du peuple aperçurent le visage rayonnant de Yéhochou'a, ils s'exclamèrent de chagrin : « Quelle honte ! Le visage de Moché illumine comme le soleil, et celui de Yéhochou'a n'a que la clarté de lune ! ».

L'explication généralement donnée à ce texte est la suivante: les anciens du peuple étaient attristés d’apercevoir la dégradation de la nouvelle génération. Ils avaient compris que l'éclat de Yéochou'a était moindre, du fait que le peuple avait un niveau plus bas que celui de la génération précédente.

Leur constatation était fondée. En effet, à chaque génération, nous ressemblons de moins en moins à Adam Harichone, le seul homme créé directement par D'. Cela ne doit cependant pas nous décourager ! Le saint Ari zal a affirmé à son disciple, le Rav 'Haïm Vital, que la dégradation des générations rend les mitsvot beaucoup plus valeureuses. Ceux qui accomplissent la Torah de nos jours font des réparations spirituelles que les géants d'autrefois ne pouvaient pas faire !

J'ai vu une autre explication sur ce passage, rapportée au nom du 'Hafets 'Haïm [cela ne veut pas dire que la première interprétation est erronée, mais les deux explications peuvent être justes. C'est une des particularités de la Torah : elle comporte de nombreuses facettes, qui peuvent toutes être vraies].

Le 'Hafets 'Haïm commence son explication par une histoire : une personne avait entendu parler d'un trésor caché dans une île lointaine, et il décida de tenter sa chance pour essayer de le trouver. Il chercha un ami ou un proche qui consentirait à l'accompagner dans ce périple, mais il n'en trouva pas. Certains ne voulaient pas s'engager dans le doute, d'autres avaient peur des dangers de la route, et beaucoup étaient tout simplement trop paresseux pour tenter une telle expédition...

Enfin, notre compagnon trouva un aventurier qui était prêt à l'accompagner. Les deux nouveaux amis se mirent en route, quittèrent leur ville et leur pays pour aller à la recherche du trésor. La vie au village natal continua son cours et les deux intrépides furent vite oubliés.

Un beau matin, après une dizaine d'années, ils réapparurent soudainement. Leur visage affichait la satisfaction et la joie, et ils annoncèrent vite à tous qu'ils avaient réussi à trouver le trésor. Avec leur précieuse trouvaille, ils achetèrent chacun une magnifique maison, et commencèrent à mener une vie de  bourgeois. Ils s’achetaient tout ce qu'ils désiraient. De leur côté, les habitants du village souffraient dès qu’ils les apercevaient. Ils étaient rongés de regret d’avoir refusé l'offre de se joindre à l'expédition. Si seulement ils avaient accepté, ce serait eux qui rouleraient sur l'or ! Malheureusement, il était trop tard !

[N.d.l.t : ceci n'est qu'une simple histoire pour nous faciliter la compréhension du message qui suit. Mais ne nous méprenons pas, la richesse n'est pas la source du bonheur, mais souvent l'inverse. Seule la Torah a le pouvoir de réjouir ceux qui l'accomplissent méticuleusement. Avec l'aide du Ciel, nous expliquerons peut-être ce principe dans un cours complet, mais j'ai senti le devoir de préciser cette réalité, afin d'éviter une erreur].

Le 'Hafets 'Haïm explique la tristesse des anciens de la génération du désert. Ceux-ci avaient grandi avec Yéhochou'a et avaient eu le même potentiel que lui. En voyant le niveau que Yéochou'a avait atteint, ils regrettaient de ne pas avoir fait les mêmes efforts que lui, et d'avoir ainsi manqué d'atteindre son niveau ! Ils étaient malheureux de constater ce qu'ils avaient perdu, car s'ils avaient combattu plus tôt, ils auraient eux aussi reçu sa récompense !

Ce message nous concerne aujourd’hui plus que jamais ! Il est certes vrai que chaque effort et chaque mitsva ont une valeur inimaginable, mais il faut tout de même profiter de chaque instant pour se surpasser et faire plus d’efforts! Il faut combattre de toutes nos forces pour accomplir plus de mitsvot et pour nous rapprocher de D'.

Aujourd'hui, nous ne ressentons pas le besoin de nous surpasser. Cependant, lorsque nous verrons dans le monde futur l'immense mérite de ceux qui ont véritablement accompli la Torah et les mitsvot, l'énorme récompense de ceux qui sont allés dans les maisons d'études, les séminaires, les yéchivot, et de ceux qui ont tout fait pour passer leurs vacances dans la Torah et la sainteté, nous risquons de regretter de ne pas avoir fait les même efforts.

Grâce à D', nous sommes encore vivants, et nous pouvons encore combattre. Renforçons-nous, et ne nous contentons pas de nos succès. Soyons courageux pour étudier, donner et accomplir beaucoup plus de mitsvot !