L’obéissance de nos enfants est l’un des points essentiels qui nous préoccupent tout au long de nos journées.

Les méthodes utilisées pour cela sont soit coercitives, ce que nous faisons naturellement la plupart du temps, soit positives, ce que nous nous efforçons de faire malgré les difficultés, compte tenu des avantages considérables qu’elles représentent (voir les deux articles précédents).

Pour obtenir l’obéissance de nos enfants, il faudrait, avant toute requête, prendre du recul et se poser 3 questions fondamentales : Ma demande est-elle 1-justifiée, 2- adaptée, 3-précise ?

Expliquons-nous :

Ma demande est-elle justifiée ? : C'est-à-dire vraiment nécessaire, dans le bien de mon enfant.

Prenons quelques exemples classiques : ranger ses affaires. Cela est-il important ? : la réponse est oui, indubitablement. D’une part, une chambre ordonnée est beaucoup plus agréable à vivre. D’autre part, apprendre à être ordonné d’un point de vue matériel, permet de l’être dans son esprit.

Se brosser les dents tous les matins ? A en croire nombre de dentistes, ce n’est pas fondamental… le brossage du soir suffit, et encore, pas dès tout petit.

Faire la vaisselle est certes une aide appréciable, mais cela ne peut pas être exigé systématiquement.

Ainsi, compte tenu de la pression exercée sur nos chers bambins due au nombre d’exigences que nous formulons dans une journée, nous devons réfléchir et mettre de côté ce qui n’est pas primordial.

Un premier point à retenir est donc de solliciter l’enfant uniquement sur ce qui est réellement important. C'est-à-dire ce qui va permettre à l’enfant de grandir, s’épanouir, et devenir un adulte autonome. Le reste est un « plus agréable », mais pas indispensable. Il faut faire très attention à ce que « l’âne ne s’écroule pas sous le poids de sa charge »…

A chaque fois que j’exige quelque chose, je dois pouvoir exprimer en moi-même clairement en quoi cela est utile pour l’enfant. Si la réponse est nettement positive, je peux passer à la deuxième étape.

Ma demande est-elle adaptée ? : Ce point est fondamental, car il induit beaucoup de sous-questions, telles que :

  • L’enfant est-il capable d’effectuer correctement cette tâche. Demander à un enfant de 4 ans de ranger son tiroir est utopique, de se servir un verre de lait sans renverser aussi. Ainsi, lorsque nous lui demandons, c’est en sachant que le travail sera tout à fait imparfait, et que c’est donc juste pour l’habituer, sans attendre un excellent résultat. Une demande doit donc toujours être en adéquation avec les capacités de l’enfant. Sinon, c’est le mettre en situation d’échec. Les conséquences peuvent être importantes, car l’échec induit un tel manque de confiance en soi, que même lorsqu’il aura atteint l’âge d’effectuer la tâche, il n’en sera pas capable.
     
  • Le moment est-il approprié ? Continuons sur notre exemple, si je demande de ranger la chambre 3 minutes avant de partir à l’école, même si l’enfant s’est levé en retard et qu’il aurait dû disposer de plus de temps, je le mets dans une situation où il ne pourra pas agir correctement. Je peux alors lui dire : « Compte tenu de notre retard, tu ne pourras certainement pas ranger ta chambre ce matin, je compte sur toi pour le faire ce soir ».

    De même, demander à un enfant de faire ses devoirs dès qu’il rentre de l’école a de grandes chances d’aboutir à un refus. En effet, après une journée de travail, tout le monde a le droit et même mérite un moment de détente. Ainsi, nous pouvons formuler l’exigence des devoirs de façon plus nuancée, tel que : « Tu as beaucoup de devoirs, comment comptes-tu t’organiser pour qu’ils soient terminés avant le diner ? ». Cette formule impose que les devoirs soient faits, mais d’une manière plus douce, moins incisive, que « Sors tes devoirs tout de suite, sinon tu n’auras jamais fini avant le diner ». Lorsque nous disons « moment approprié », nous signifions dans le temps, mais aussi dans l’état d’esprit. Un moment opportun est un temps où l’enfant sera dans un état positif pour effectuer la tâche.
     
  • L’environnement est-il propice à l’exécution de la tâche ? Toujours dans notre exemple de rangement, imaginons que la chambre soit envahie des jeux du petit frère, il lui sera impossible de répondre à vos attentes. Si les grands-parents sont venus vous rendre visite, il sera bien plus difficile de lui demander de faire ses devoirs et de se détacher de l’atmosphère festive qui règne dans la maison, et ainsi de suite.

Pour nous résumer, une demande adaptée est une demande en adéquation avec les capacités de l’enfant, dans un contexte favorable, au bon endroit et au bon moment.

Je suis maintenant sûre que ma requête est importante, et que le contexte est favorable, je peux donc la formuler. Un dernier point doit attirer notre attention :

Ma demande est-elle précise ? : Toujours dans notre exemple, que signifie pour un enfant de 8 à 10 ans « ranger une chambre » ? Il faudra lui exprimer clairement que les affaires sales seront dans le bac à linge, les propres dans le placard, les jouets dans l’armoire correspondante, et ainsi de suite.

Lancer une demande générale puis se plaindre « c’est ça que tu appelles une chambre rangée ? » est tout à fait décourageant, car il se peut que l’enfant ait fourni un véritable effort. Le manque de précision, et non son manque d’investissement, est en réalité la cause de son échec.

Prenons un autre d’exemple d’un enfant à qui je demande de mettre la table ; en fonction de son âge, il me faudra donner plus ou moins de précisions. Le nombre de couverts, où poser les couteaux et les fourchettes, rajouter un dessous de plat etc.

Vous devez vous dire que le temps de répondre à toutes ces questions, vous n’avez plus envie de demander quoi que ce soit !

Il est vrai que l’exercice peut sembler important et compliqué, mais si l’on s’habitue à fonctionner de cette manière, petit à petit, cela deviendra naturel de prendre un petit temps de réflexion avant d’exiger quoi que ce soit de mon enfant. Vous constaterez que, dans ce contexte, il est lui-même plus coopératif, même s’il ne faut pas s’attendre à ce qu’il obéisse toujours du premier coup, après tout, il est un enfant qui a envie de jouer et de se distraire.

Rappelons que nous avons vu, dans d’autres articles, que lorsque nous établissons des programmes et des règles, les exigences ponctuelles qui sont toujours plus difficiles à être satisfaites sont naturellement plus rares, car moins nécessaires.

Pour finir, évoquons « l’après réalisation de la tâche ».

Ne vous attendez surtout pas à ce que tout soit fait à la perfection. Encore une fois, l’encouragement sera de mise. Valorisez ce qui a été fait (même si ce n’est pas grand-chose) et expliquez clairement ce qu’il manque.

« Je vois que tu as fait des efforts, magnifique ! Le cartable est à sa place, les vêtements aussi, toutefois, il reste les jouets et les chaussures, je reviendrai dans 5 minutes voir si tu as fini. » Cette formule sera sans doute plus efficace que « vraiment, tu n’as même pas fait la moitié du travail ! ».

Et même si la tâche est à peine entamée, valorisez le peu de réalisation : « Tu as sorti ton cahier, très bien, prépare maintenant ta trousse et tu seras prêt pour te mettre au travail », plutôt que « Je n’y crois pas, en un quart d’heure tu as à peine sorti ton cahier !!! Mais quand vas-tu t’y mettre ?? ».

Vous pouvez constater que nous avons dit les deux fois que seul le cahier a pris le chemin du bureau, toutefois, la formulation positive n’aura pas seulement l’avantage de préserver une ambiance sympathique dans la maison, elle aura aussi beaucoup plus d’effet pour que l’enfant s’exécute.

S’il est vrai que l’éducation des enfants demande du temps, de la patience, et beaucoup d’investissement, les résultats en valent vraiment la peine. Ils sont encourageants et valorisants !

Béhatsla’ha !