Question 

Bonjour Rav Malka, Chana Tova,

J’ai une question importante à poser. Mon état de santé est difficile, car je souffre malheureusement de diverses maladies. Comme nous sommes à l’approche des fêtes, j’ai consulté mon médecin traitant à propos du fait que nous allions avoir, avec l’aide de Hachem, deux jeûnes rapprochés, le premier étant le jeûne de Guédalia, le lendemain de Roch Hachana, et le second le jeûne de Yom HaKippourim. Ainsi que je lui ai fait remarquer, j’ai le mérite, Baroukh Hachem, de pratiquer tous les jeûnes depuis longtemps, mais cette année, je ne me sens pas très bien. Mon médecin qui est un Juif respectant la Torah et les Mitsvot m’a dit que je ne pourrai observer qu’un seul jeûne au maximum et non deux. La question qui m’est venue immédiatement à l’esprit a été : quel est le jeûne qu’il est préférable de faire ? D’un côté, le jeûne de Kippour est le plus important, mais d’un autre côté, le jeûne de Guédalia est le premier des deux. J’aurais aimé que le Rav me réponde avant Roch Hachana afin que je sache ce que je dois faire. 

Merci beaucoup. 

Moché

Réponse

Chalom cher Moché,

Je vous souhaite un prompt et complet rétablissement et que Hachem vous bénisse et vous accorde une bonne année, Amen.

Votre question est excellente. Elle fait d’ailleurs l’objet de controverses parmi les plus grands décisionnaires. Mais comme l’enseigne Rabbi Nissim Karelitz, un homme dans votre état, à savoir quelqu’un ne pouvant pas jeûner plus d’une seule fois, fait partie probablement du cadre d’un « malade non en danger » et est donc de toute façon exempté du jeûne de Guédalia. Par conséquent, la réponse est que vous devez vous abstenir d’observer ce jeûne afin d’être en mesure de jeûner le jour de Kippour comme il se doit. 

Réponse détaillée

Cette question figure pour la première fois dans le merveilleux commentaire du Choul’han 'Aroukh « Échel Avraham. » Vraisemblablement, nous aurions tendance à affirmer que puisque le jeûne de Guédalia n’a été instauré que par les Sages et que celui de Kippour est une obligation de la Torah, celui qui ne peut jeûner que l’un d’entre eux devra se garder d’observer le Tsom de Guédalia afin d’être capable de faire le Tsom de Kippour. Mais l’auteur de Échel Avraham n’est pas de cet avis. Il soutient que, pour l’instant, avant le Tsom de Guédalia, il lui incombe de l’observer. Et si, ensuite, son état de santé l’empêche de jeûner à Kippour, il sera considéré comme Anouss - contraint - (Cas de force majeure) et, de ce fait, exempté de jeûner ce jour-là. 

Dans le même esprit, Rabbi 'Hezkia Medini dans son livre important « Sdé ’Hémed » discute longuement de cette question intéressante et rapporte l’opinion de plusieurs décisionnaires. Il en arrive à une conclusion similaire : tout d’abord, un homme se doit d’accomplir la Mitsva se présentant à lui et ce n’est qu’en second lieu qu’il aura besoin d’examiner sa situation face à la Mitsva suivante et se demander s’il a la capacité de jeûner à Kippour

Rabbi Ben Tsion Abba Chaoul dans son livre Or leTsion (4ème volume) cite l’une des opinions justifiant le fait qu’il faudrait observer le Tsom de Guédalia parce que nul ne peut affirmer qu’il sera encore vivant dans une semaine. Aussi, selon cet avis, n’est-il pas convenable d’ébaucher aujourd’hui des projets même à court terme. Mais Rabbi Ben Tsion soulève une objection à ces différentes opinions en se basant sur la Guémara. Le traité Soucca trouve la source de la règle « Ossek BeMitsva Patour Min HaMitsva - celui qui effectue une Mitsva est exempté de toute autre Mitsva » à propos des hommes qui prenaient soin de morts et qui, en raison de cela, devenaient impurs quelques jours avant la fête de Pessa’h. Ils n’avaient pas le temps de se purifier afin d’accomplir la Mitsva du Korban Pessa’h (sacrifice pascal). La Guémara en déduit que celui qui s’occupe d’une Mitsva (l’enterrement d’un Mèt Mitsva, cadavre abandonné sans proche pour organiser ses funérailles) est dispensé d’une autre Mitsva (le Korban Pessa’h).

Rabbi Ben Tsion considère que ce cas n’est pas similaire à la question qui nous importe. En effet, la Guémara traite de deux Mitsvot de la Torah et s’appuie sur la règle mentionnée ci-dessus pour justifier le fait que les hommes ont d'abord accompli la Mitsva de Mèt Mitsva puisqu’elle se présentait à eux tout d’abord. En outre, la Guémara ne rapporte pas l’argument avancé préalablement selon lequel ils pourraient ne pas être vivants à Pessa’h

C’est pourquoi il conclut qu’il faut repousser le jeûne de Guédalia (qui n’est que d’ordre rabbinique) afin de pouvoir jeûner le jour de Kippour (qui est d’ordre torahïque).

Bien qu’il s’agisse d’une controverse intéressante qu’il n’est pas en mon pouvoir de trancher, il est évident que, de toute façon, il me semble que du point de vue pratique les propos du Rav Nissim Karelitz sont justes. C’est-à-dire que, en général, celui qui ne peut pas observer les deux jeûnes à cause de problèmes médicaux est, semble-t-il, considéré comme un « malade non en danger » qui, Halakhiquement, est dispensé à priori du Tsom de Guédalia. La question est donc résolue par elle-même. 

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