Le peuple juif se compose de­puis toujours d'une jeunesse extraordinaire.

J'ai la chance de passer beaucoup de temps avec cette jeunesse excep­tionnelle, de lui parler, de l'écouter, de la motiver, et de lui donner le courage de représenter à chaque minute, un Judaïsme positif, por­teur de sens et de valeurs dans un monde qui a tant de mal à en trou­ver. Nous vivons aussi à une épo­que formidable. Toutefois, il faut être honnête. En 2018, nos sy­nagogues ne sont pas assez rem­plies et leur audience vieillit. Nos centres d'études ne sont pas assez fréquentés par des hommes, des femmes et des enfants qui pour­raient y étudier régulièrement.

Beaucoup d'entre nous, déjà fidè­les, ont aussi une grande part de responsabilité dans cette désaffec­tion. Beaucoup ne savent pas atti­rer leurs amis/voisins ou accueil­lir à bras ouverts notre jeunesse, gardienne des générations futures.

En pénétrant dans une synago­gue ou un Beth Hamidrach, ces jeunes entrent souvent dans un monde inconnu, mystérieux, où ils entendent des mots qu'ils ne comprennent pas, écoutent des gens prier avec une facilité si déconcertante qu'ils peuvent se sentir injustement exclus de leur propre peuple dont ils ne connaissent pas les pratiques.

Nombreux Juifs fréquentent les synagogues quasiment uniquement à l'occasion d'une Bar Mitzva, des fêtes ou d'un deuil. Ils passent très occasionnellement la porte, et c'est à ce moment-là qu'il faut les aider à rejoindre notre si beau navire dont ils aimeraient tant faire partie s'ils savaient comment s'y prendre.

Il faut leur offrir un grand sourire de bienvenue, les présenter au Rav de la communauté, leur montrer une place libre, donner un Sidour, les guider dans leur prière et, s'ils sont des hommes Bar-Mitzva, leur mon­trer comment mettre leur Talit ou leurs tefilines (si c'est en semaine).

Il faut en fin d'office leur mon­trer une place libre et leur dire que cette place les attend chaque jour de la semaine.

Il faut leur communiquer leurs horaires puis leur parler des cours de Torah organisés par la communauté ou en dehors, et les encourager à les suivre quel que soit leur niveau (idéalement en les accompagnant).

Les responsables communautai­res, quant à eux, doivent couvrir leurs murs de bibliothèques de livres de Torah sur tout sujet en français, limiter le temps de l'of­fice, ne pas faire monter à la To­rah trop de monde pendant que les autres attendent, et ceci, même si « la famille du Bar- Mitzva » le demande.

Nos jeunes ont besoin de cha­leur, de contenu réel et de messa­ges de Torah plus forts que le vide des réseaux sociaux où ils se perdent sans se retrouver. Ré­duire d'une heure une longue Tefila et rajouter une heure d'étude est bien plus efficace pour trans­mettre les valeurs d'Hachem.

Aucun d'entre nous, quel que soit son impatience ou son âge, et en aucune circonstance, n'est en droit de faire la moindre réflexion désagréable à ces jeunes sans prendre conscience de son énorme part de responsabilité dans l'aban­don de notre si beau navire.

Si nous prenons tous à cœur cette formidable mission, nous aurons dans quelques années un Judaïsme si jeune et resplendis­sant que nos nombreuses synago­gues et centres d'études ne suffi­ront plus à contenir les fidèles.