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La Yéfat Tohar était-elle consentante au mariage ?

Rédigé le Lundi 16 Octobre 2017
La question de Sharon G.

Bonjour,

Dans le cas de la Yéfat Tohar, la Torah permet au soldat d'épouser une captive sous certaines conditions énoncées (éloignement familial, ongles trop longs etc.).

En cherchant un peu dans les commentaires du Mikraot Guédolot, je voulais trouver une explication, une preuve que, bien sûr, la captive devait être consentante. Je n'ai rien trouvé. Ni rien qui dise le contraire.

Peut-être ai-je mal cherché, mais il me semble peu concevable qu'elle ne fut pas consentante à ce mariage.

Est-ce bien le cas ? Y a t-il des commentateurs qui évoquent la question ?

Merci par avance pour votre temps.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
7855 réponses

Chalom Ouvrakha,

J'ai hésité à vous répondre, mais, en fin de compte, je pense qu'il faut répondre à cette question, mais pas avant de faire une toute petite préface.

Les temps ont changé, et la conception des choses aussi. Il faut savoir qu'il fut un temps où le père pouvait donner sa fille (avant sa Bat Mitsva) en mariage à qui bon lui semblait, et personne ne voyait en cela une injustice. Bien au contraire, tout le monde était content et heureux. Aussi, il fut un temps où la bigamie était acceptée sans problème majeur.

Il en est de même en ce qui concerne les guerres et les conquêtes : les règles étaient tout à fait différentes, et la Torah, déjà à l'époque, se souciait du rapport envers l'ennemi.

Preuve en est que la Yéfat Tohar, une fois mariée, devait avoir le respect conjugal habituel (Dévarim 21, 13-14), et même les enfants obtenus de cette femme ne pouvaient pas être défavorisés (versets 15-17).

Un tel comportement pour une époque aussi barbare aurait du recevoir le prix Nobel des droits de l'homme. Il nous est très difficile d'analyser les choses vues de notre époque, avec toutes les mutations que nous avons vécues.

Un dernier exemple : il n'y a pas plus d'une centaine d'années en France (et non pas en Afrique central...), un homme qui aurait tué l'amant de sa femme passait, au maximum, la nuit au commissariat de police, et était relâché le lendemain matin... Le statut de la femme était différent.

Après cette préface, je me permets de répondre à votre question en vous disant qu'il y a une discussion à ce sujet.

En effet, selon certains Richonim (Rachi Kiddouchin 22a et Sanhédrin 21a, ainsi que Tossefot, Ramban, Rachba, et Ritba sur Kiddouchin, Tossefot Haroch sur Sanhédrin, et autres), le guerrier pouvait convertir cette femme à contre gré.

D'autres sont d'avis que la conversion de cette femme ne peut se faire qu'avec son consentement (Roch Yossef 'Houlin 33a et 'Hinoukh Mitsva 532; voir aussi explication du Riva début de Parachat Vayétsé).

Selon ce dernier avis, il est évident que cette femme est considérée comme toute femme convertie, et le mariage aussi ne pourra être réalisé qu'après son consentement (Zéra' Avraham du Rav Menahem Zemba 24-1).

Par contre, selon les avis susmentionnés qui valident la conversion à contre gré, il est possible d'envisager un mariage sans consentement, car cela est considéré comme le profit et la consommation du butin de guerre.

De plus, selon les avis qui autorisent cette femme sans Kiddouchin (Ramban), il est aussi fort possible que le mariage puisse être réalisé sans son consentement, comme c'était le cas à l'époque pour la fille qui n'était pas Bat Mitsva.

Conclusion : il semblerait donc que ce soit une discussion entre les Richonim.

Kol Touv.

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