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Offenser, c'est comme tuer ?

Rédigé le Lundi 27 Juillet 2015
La question de Anonyme

Bonjour Rav,

Pourquoi est-il si grave d'offenser une personne ? La Torah compare même cela à un meurtre... N'est-ce pas un peu exagéré ?

Merci de votre réponse.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38379 réponses

Bonjour,

En fait, la Torah ne compare pas le fait d'offenser à un meurtre.

La Torah nous fait part du "calcul" fait par les justes ayant atteint un certain niveau spirituel.

Ces justes se disent : "Il est préférable d'affronter la mort plutôt que de faire honte en public à autrui".

Lorsque l'on a purifié son cœur et que l'on s'est éloigné des plaisirs interdits de ce monde, l'âme atteint une telle sensibilité face à la gravité de chacune des fautes, qu'il devient EVIDENT et qu'il s'impose de façon très claire à l'esprit qu'il vaut mieux se laisser jeter dans une fournaise ardente plutôt que de faire honte à son prochain.

La belle-fille de Yéhouda, Tamar, était condamnée à mourir par le feu. Voir Béréchit, chapitre 38, verset 24.

Elle aurait pu rendre public le fait qu'elle était enceinte de son beau-père, mais elle se retint d'agir ainsi.

Elle fit le raisonnement suivant : "S'il l'admet de lui-même, tant mieux. Sinon, je préfère être brûlée plutôt que de lui faire honte publiquement".

A ce sujet, voir Talmud Sota 10b et Kétoubot 67b.

Pour illustrer ce qui vient d'être dit, il suffit de réfléchir quelque peu sur le phénomène du suicide.

Des centaines de personnes se suicident, chaque année, par désespoir ou pour éviter de supporter une honte ?

L'expression mourir de honte le prouve assez bien, également !

Prenons l'exemple d'Amanda Todd, cette pauvre jeune fille, âgée de 15 ans, qui s'est suicidée d'une manière si tragique.

Lisez l'article ci-dessous, écrit par Rav Jack Abramowitz :

[...] Il y a trois ans, quand Amanda était en 5ème (elle devait alors avoir environ 12 ans), elle «tchattait» avec un inconnu – qui s’avéra être d’au moins 15 ans son aîné.

Celui-ci la persuada de se dévêtir. Il la photographia et utilisa le cliché comme outil de chantage. En fin de compte, le persécuteur d’Amanda envoya par e-mail la photo de sa victime à toutes ses connaissances – amis, famille et camarades de classe.

On aurait bien voulu penser que ses spectateurs la soutinrent, mais ce ne fut pas le cas. Les mauvais traitements que l’on fit subir à Amanda la rendirent déprimée et anxieuse. Sa famille déménagea et Amanda changea d’école.

L’histoire ne s’arrête pas là – pas du tout ! La photo réapparut sur Facebook, et Amanda fut à nouveau sujette à diverses moqueries et brimades. Amanda changea encore une fois d’école et les choses s’arrangèrent plus ou moins. En réaction à un incident non relié, au cours duquel elle fut battue par un groupe de filles, Amanda but de l’eau de Javel. On pourrait penser qu’à ce moment, ses camarades de classe dirent : « Les gars, on est allé trop loin. On ferait mieux d’arrêter tout cela ! » Mais là encore, scandaleusement, ce ne fut pas le cas. Ses camarades écrivirent des blagues sur internet et exprimèrent le souhait qu’elle meure. Ils partagèrent des images trafiquées d’Amanda en train de boire de l’eau de Javel.

Amanda devint une véritable loque. Elle ne quittait plus son domicile. Elle se mit à boire de l’alcool et à se droguer. Elle fut sous antidépresseurs. Elle en prit une surdose. Elle se mutilait régulièrement. En septembre 2012, elle envoya une vidéo sur le net dans laquelle elle raconta son histoire. En octobre 2012, elle décéda.

Tout ceci est terriblement tragique, mais ce n’est pas ce qui me fait penser que c’est la fin des temps. L’histoire continue. Les photos d’Amanda furent diffusées partout, avec des légendes tournant en dérision son exhibitionnisme, le fait qu’elle ait bu de la javel ou encore son suicide. Parfois les slogans étaient vraiment cruels, par exemple « S’exhiber ou se tuer – pourquoi pas les deux ? » ou « Cocktail de javel – on ne vit qu’une seule fois ». Le fait que ses camarades – qui firent subir à Amanda les pires méchancetés, chaque jour – aient pu agir ainsi après sa mort est ahurissant. Que de purs inconnus se joignent à ces moqueries et tournent en ridicule une défunte de quinze ans qui ne leur a jamais fait aucun mal… ! C’est la fin du monde tel que nous le connaissons.

[...]Tourmenter une camarade pendant des années pour une faute est sûrement cruel, mais se délecter du suicide d’une enfant est vraiment inhumain. Ceux qui utilisèrent sa photo accompagnée d’horribles légendes pour en faire de l’humour ont tout simplement annulé leur carte d’adhérent à la race humaine ! Si vous rencontrez l’une de ces personnes, peu importe leur apparence, vous vous trouvez en réalité devant un chien !

Nous n’avons pas cessé de parler de brimades depuis le suicide de Tyler Clémenti en septembre 2010. Apparemment, cela n’a pas suffi ! Je n’aurais jamais pensé que tellement de personnes puissent être capables d’une telle cruauté, même avant que Clémenti soit malmené à mort. Le fait que cela puisse se reproduire deux ans plus tard signifie qu’un nombre important de gens ne saisit toujours pas. Que peut-on faire ? Je n’ai pas d’idée lumineuse à proposer.

Ce que fit l’homme qui discuta avec Amanda sur internet est littéralement criminel. Depuis, il a été identifié et exposé par des « hackers » ; il ne nous reste plus qu’à espérer qu’il paie pour le rôle qu’il joua dans cette tragédie. Avec un peu de chance, certains camarades d’Amanda finiront par regretter et changer leur façon d’agir, bien qu’il soit trop tard pour aider Amanda.

Mais qu’en est-il des opportunistes anonymes qui désacralisent la mémoire d’Amanda en dégradant son image avec ce qu’ils pensent être des mots d’esprit ? Ils se sont impliqués dans cette affaire sordide après la mort d’Amanda, conscients du mal que leurs mots pouvaient causer à la famille d’Amanda, ainsi qu’à toute autre personne décente. Ces individus, je le crains, sont inhumains. Ce n’est pas seulement Amanda que je pleure, mais toute la génération qui est capable de créer de telles brutes.

Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

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