Aucun jour dans la vie d’un être humain ne peut se comparer à celui du mariage. Tout à la fois un aboutissement et un grand départ, il représente l’occasion unique de bâtir sa vie sur des bases saines pour devenir un véritable serviteur d’Hachem.

Comment y arrive-t-on ?

Si les choses se sont passées de manière conforme à la Torah, les deux futurs époux se sont rencontrés au moyen d’un Chiddoukh, c'est-à-dire d’une rencontre organisée. Qu’est-ce qui fait la particularité d’un Chidoukh ? L’idée est la suivante : une tierce personne qui connaît bien les deux parties estime que les deux personnes peuvent se convenir. Cette correspondance éventuelle est basée sur des critères objectifs tels que niveau intellectuel, spirituel, social et bien entendu affinités physiques.

Il s’agit d’une démarche rationnelle qui ne se base pas uniquement sur des critères extérieurs et qui a de sérieuses chances d’aboutir si l’évaluation du Chadkhan (présentateur) est juste. Lorsque l’on vit ce genre de rencontres, il ne faut pas perdre de vue que l’objectif est de déterminer si la personne que l’on a en face de soi peut se révéler être la partenaire de notre existence. Bien entendu, cela impose de ne pas avoir de trop grandes exigences et d’accepter l’autre avec ses qualités mais aussi avec ses défauts et ses limites.

Il faudra privilégier deux critères qui se révèleront essentiels pour la réussite future du mariage : les Midot Tovot (traits de caractère positifs), essentiellement la propension à faire du ‘Hessed (actes de bienfaisance envers ses proches et ceux qui ne le sont pas), capacité à écouter l’autre et à lui donner sa place, volonté d’engagement forte et la liste n’est pas exhaustive, d’une part ; ainsi que la Yirat Chamayim (crainte du Ciel) qui s’exprime par l’accomplissement concret des Mitsvot et l’étude de la Torah, d’autre part.
 

Le jour J

Avant d’arriver à ce grand jour, le ‘Hatan (futur marié) et la Kalla (future épouse) auront suivi chacun de leur côté une préparation adéquate au mariage qui leur donnera les connaissances nécessaires aussi bien du point de vue de la Halakha (lois pratiques essentiellement dans le domaine de la Taharat Hamichpa’ha - lois de pureté familiale) que de la Hachkafa (explications approfondies sur le but général du mariage et conseils précieux de Chalom Bayit - directives précises visant à établir des relations harmonieuses entre les conjoints et tenant compte des besoins affectifs et psychologiques de chacun des deux partenaires).

Le jour du mariage est le jour le plus saint dans la vie d’un homme et d’une femme, au point que toutes leurs fautes leur sont pardonnées, (cf. « Mariage séparé, pourquoi la Torah y tient ? ») comme l’explique l’Admour de Belz, Rabbi Yissakhar-Dov à propos du verset dans Téhilim (139,16) : « Des jours ont été créés et à Lui, un parmi eux ». Le verset parle ici du jour de la ‘Houppa, comparable à Yom Kippour et plus cher aux yeux d’Hachem que tous les autres jours de la vie de l’homme. Le Chlah Hakadoch, Rav Yécha’yahou Halévy Horowits affirme que le ‘Hatan et la Kalla doivent se sanctifier à l’extrême avant d’entrer sous la ‘Houppa du fait même que toutes leurs fautes leur sont pardonnées, à l’instar de Yom Kippour. Ainsi le Talmud Yérouchalmi (Talmud de Jérusalem) [traité Bikourim, chapitre 3, Halakha 3] enseigne : « Hachem pardonne leurs fautes. Le ‘Hatan et la Kalla doivent avouer leurs fautes devant D.ieu et Lui demander pardon. Ils devront prendre la résolution ferme de servir Hachem dans la droiture et la vérité et de devenir saints et purs. Ils prieront pour que la Chékhina (Présence divine) réside entre eux, comme il est dit dans le traité Sota (17a) : "Si l’homme et la femme le méritent, la Chékhina réside entre eux" ».
 

Différentes étapes  

Une semaine avant le mariage, il est d’usage dans les communautés achkénazes que le ‘Hatan et la Kalla ne se voient pas et ceci afin d’augmenter l’amour qu’ils se portent mutuellement. Toujours dans ce même esprit, on organisera une Kabalat Panim (réception des invités) séparée pour le ‘Hatan et la Kalla. De la sorte, le ‘Hatan et la Kalla ne se verront qu’au début de la cérémonie du mariage à proprement parler. Rabbi Aharon de Belz disait : « Le ‘Hatan et la Kalla offriront à chaque personne un accueil favorable et s’habitueront toujours à recevoir chacun avec joie et en lui présentant un visage accueillant. »

La Kalla, installée sur son siège, à l’image d’une reine, reçoit les femmes qui viennent lui souhaiter « Mazal tov » et leur octroie une bénédiction. Bien entendu, la Kalla n’oubliera pas de prier pour la réussite de son futur mariage. On raconte à ce propos, une anecdote concernant la fille de Rabbi Na’hman de Breslev. Un jour, son père la vit en train de réprimander vivement sa servante. Alors Rabbi Na’hman lui expliqua : « Si tu avais prié pour mériter une femme de ménage vertueuse avant même de te marier, tu n’aurais pas eu à te disputer avec elle ».
 

Le voile

Avant que ne débute la ‘Houppa à proprement parler, il est d’usage que le ‘Hatan vienne recouvrir sa Kalla d’un voile plus ou moins opaque selon les diverses traditions. Quelle signification a ce geste qui trouve sa source dans la Bible elle-même ? En effet, il est dit à propos de Rivka, lorsqu’elle aperçut Yits’hak, son futur mari : « Elle prit le voile et elle se couvrit » (Béréchit 24,65). Les Commentateurs expliquent que Rivka a agi ainsi par pudeur et fut récompensée de son geste en mettant au monde des jumeaux, Ya’acov et ‘Essav (Béréchit chap.26 versets 25,26). Il en est de même pour Tamar, bru de Yéhouda qui mit elle aussi au monde des jumeaux Pérets et Zara’h (Béréchit chap.32, versets 29,30) et ceci du fait de son comportement extrêmement pudique dans la maison de son beau-père, ainsi qu’il est rapporté dans le traité Sota (10 b).

Ainsi le geste du ‘Hatan qui recouvre sa future épouse d’un voile, vient exprimer une aspiration profonde à la pudeur de la part des deux époux. Cependant ne nous méprenons pas sur le sens profond de cette pudeur. En effet le geste qui consiste à recouvrir la Kalla d’un voile, ressemble étonnamment au geste de Moché Rabbénou qui au retour du Sinaï recouvrit son visage d’un voile lorsqu’il s’adressa au peuple juif (Chémot 34, 29-35). En effet, son séjour prolongé dans les hauteurs spirituelles du Sinaï l’avait imprégné d’une sainteté telle, qu’elle se reflétait sur son visage en un éclat proprement insoutenable pour le commun des mortels.

Or, la Kalla le jour de son mariage rayonne d’une sainteté plus grande encore que celle du ‘Hatan. Ses nombreuses prières dites souvent dans les larmes, en vue d’assurer la réussite future de son mariage, le passage par le Mikvé (les eaux purificatrices du jardin d’Eden, comme l’explique le Rav Ariéh Kaplan dans son livre « Les eaux d’Eden : le mystère du Mikvé »), le pardon divin des fautes en ce jour le plus saint de la vie, lui confèrent un éclat absolument unique, à nul autre pareil… Sous la ‘Houppa, avant de ne faire plus qu’un, les âmes du ‘Hatan et de la Kalla s’élèvent vers des sommets spirituels inégalés et à ce moment la Chékhina (la Présence divine dans son aspect féminin) se révèle sur le visage de la Kalla. C’est alors qu’il incombe au ‘Hatan de recouvrir le visage de sa chère Kalla, pour voiler cet éclat par trop intense, tout comme le maître des Prophètes, Moché Rabbénou, voilait son visage.
 

Les Kidouchin

Le terme talmudique pour désigner le mariage est celui de « Kidouchin », comme l’atteste le fait que le traité du Talmud qui embrasse l’ensemble des lois régissant le mariage répond au nom de « Kidouchin ». On peut traduire approximativement ce terme par « sanctification ». Pourquoi ce terme désigne-t-il le mariage ?

Le terme de « Kidouchin », utilisé par les Sages nous renseigne sur la définition du mariage telle que perçue par la Torah. Nous avons dit plus haut que le jour du mariage était le jour le plus saint dans la vie d’un être humain en nous basant sur le verset de Téhilim 139, 16 : « Des jours ont été créés et à Lui, un parmi eux » et sur l’enseignement de l’Admour de Belz, Rabbi Yissakhar-Dov qui compare le jour du mariage à Yom Kippour.

Si le jour du mariage est le plus saint dans la vie d’un être humain, c’est bien parce que le mariage en lui-même est porteur de la plus grande sainteté possible que puisse atteindre un homme en ce monde. L’injonction de la Torah : « Soyez saint car Je suis saint, a dit Hachem votre D.ieu » (Vayikra 19,2) s’accomplit notamment comme l’explique Rachi, par le fait de se tenir à l’écart de la débauche. Or il n’est pas de meilleure garantie de la moralité des mœurs que l’institution du mariage.

Cela signifie notamment que le mariage tel que le conçoit la Torah est le fondement même de la moralité et constitue une rampe d’accès à la sainteté, contenant en lui-même toutes les formes de sainteté possible.
 

Un éclairage talmudique

Toute sainteté renferme en elle une forme de réservation, voire d’exclusion. Les maîtres Tossafistes, dans le traité Kidouchin (2b), expriment clairement cette idée. Ils établissent un parallèle entre la notion de « Hekdech », objet ou animal consacré au Temple et celle de « Kidouchin ». A l’époque où existait le Temple, il était possible de consacrer un objet ou un animal au service du Temple. L’objet éventuel allait être utilisé dans l’enceinte du Temple par les Kohanim (personnes dévouées au service du Temple) et l’animal, s’il répondait aux critères requis, pouvait être offert en sacrifice. Il suffisait pour cela de prononcer quelques mots, comme « Cet objet est consacré au Temple » (traité Kidouchin 28a). L’objet ou l’animal ainsi consacré devenait dès lors interdit à l’usage profane.

Le parallèle que veulent établir les maîtres Tossafistes, relève précisément de cette interdiction au reste du monde. Lorsqu’un homme épouse une femme au moyen des Kidouchin, c'est-à-dire lorsqu’il prononce une certaine phrase et donne à sa future épouse un objet de valeur, il se réserve cette femme et l’interdit au reste du monde. Il réalise, à l’instar du Hekdech, deux actions en une : une acquisition, tout comme l’objet ou l’animal était consacré au Temple et une modalité d’interdiction, tout comme le Hekdech était interdit au reste du monde.

Dans les Kidouchin, existe donc une double dimension : une dimension d’acquisition et une dimension d’interdiction. La Torah nous enseigne : « Lorsqu’un homme prendra une femme » (Dévarim 22,13). Par ailleurs, il est écrit qu’Avraham acquit le champ d’Efron : « J’ai donné l’argent du champ, prends-le de moi » (Béréchit 23,13). La Torah utilise le même verbe dans deux contextes différents (le verbe prendre) et le traité Kidouchin 2a nous enseigne qu’au moyen de la Guezéra Chava (processus d’apprentissage d’une loi se basant sur une terminologie identique), nous déduisons les lois d’acquisition de la femme de celles d’acquisition d’un champ.

Bien entendu, il ne faudrait pas en déduire abusivement que la femme s’acquiert comme un simple objet… Il est évident que la femme n’est pas la propriété de l’homme. Si toutefois la Torah parle d’un mode d’acquisition de la femme par l’homme, c’est pour nous enseigner l’idée que la femme entre en quelque sorte dans le domaine de l’homme, qu’elle renonce volontairement à une part de son indépendance pour accompagner, seconder et soutenir celui qu’elle a élu comme son prince et son roi.
 

Des témoins indispensables

Nous avons un principe dans la Torah selon lequel il ne peut y avoir changement de statut personnel dans le domaine des mœurs s’il n’y a pas deux témoins pour authentifier les faits (« Ene davar ché ba ‘erva pa’hot michnayim »). Ce principe est enseigné dans le traité Sota 3b. La source dans la Torah se trouve dans une Guezéra Chava  « Davar davar ». D’une part, il est écrit « Ki matsa ba ‘ervat davar » (Dévarim 24,1), ce qui signifie : « S’il a trouvé à son propos un comportement impudique ». D’autre part, il est écrit : « ‘Al pi chnayim o chlocha ‘edim yakoum davar » (Dévarim 19,15) ce qui veut dire : « Par la bouche de deux ou trois témoins, la chose sera établie ».

En ce qui nous concerne, cela signifie que pour que le mariage ait une valeur juridique aux yeux de la Torah, la présence de deux témoins sous la ‘Houppa est indispensable.
 

Des témoins Cachères

Comme nous allons le voir dans la suite du texte, la présence de dix personnes lors de la ‘Houppa est nécessaire mais non obligatoire, en tout cas d’après Rabbi Moché Isserlès. Par contre, la désignation de deux témoins qui assisteront à tout le processus des Kidouchin et vérifieront que tout se passe conformément à la loi est indispensable ; l’absence de tels témoins invaliderait tout simplement le mariage.

Cependant n’est pas témoin qui veut. Les mineurs de moins de treize ans, les femmes, les proches parents (frères, cousins), les gens qui ne respectent pas les lois de la Torah aussi bien dans le domaine des relations de l’homme à D.ieu (non-respect du Chabbath, mœurs débauchées) que dans le domaine des relations de l’homme à l’homme (vol, non-respect des poids et mesures exactes, non-respect des prix affichés etc.) ne peuvent être désignés comme témoins lors d’un mariage.
 

La ‘Houppa

Après avoir recouvert le visage de sa Kalla d’un voile, le ‘Hatan s’achemine sereinement vers la ‘Houppa, tel un jeune roi entouré de ses parents et devance sa Kalla sous la ‘Houppa, ressemblant en cela à Hachem qui précéda les Bné Israël sur le mont Sinaï, au moment de leur donner la Torah et de réaliser l’union mystique, le « mariage » avec le peuple juif.

Ce qu’on désigne aujourd’hui par la ‘Houppa est le dais nuptial sous lequel pénètrent les jeunes mariés. On peut dire en quelque sorte que ce dais nuptial représente de manière symbolique la demeure des futurs époux. Il n’est d’ailleurs pas anodin que le ‘Hatan y accueille sa Kalla, l’invitant à intégrer sa nouvelle demeure. Les Sages du Talmud affirment que la démarche de la Kalla qui pénètre sous la ‘Houppa peut se lire comme une acceptation tacite de l’autorité de son futur époux.

Encore faut-il définir sur le plan halakhique la teneur même de la ‘Houppa. Les avis divergent : Maïmonide et Rabbi Yossef Karo (L’auteur du Choul’han Aroukh, code des lois de la Torah appliquées au quotidien) pensent que le ‘Hatan doit emmener la Kalla en sa demeure et s’y isoler totalement en sa compagnie, ce qui constituera la ‘Houppa à proprement parler. Il faut entendre ici sa demeure au sens large, car même une salle faisant partie d’un complexe loué par le ‘Hatan sera considérée comme étant la demeure du ‘Hatan.

Na’hmanide et Rabbénou Nissim affirment que le ‘Hatan et la Kalla peuvent s’isoler où bon leur semble et qu’il n’y a pas de nécessité à ce que le ‘Hatan emmène la Kalla en sa demeure.

Le Mordékhi et le Riaz pensent eux que la ‘Houppa consiste dans le fait qu’on étende au-dessus du 'Hatan et de la Kalla un Talith (châle de prière) et que l’on récite sous ce dais improvisé les bénédictions maritales.

Les Achkénazim ont pris l’habitude de trancher comme Maïmonide et comme Rabbi Yossef Caro et procèdent au Yi’houd (isolement des jeunes mariés pour finaliser le mariage) lors de la soirée de mariage. Les Séfaradim tranchent différemment et suivent l’avis du Mordékhi et du Riaz et ne procèdent donc pas au Yi’houd lors de la soirée de mariage.
 

Birkat ‘Hatanim

Dans la Méguilat Ruth (4,2), lorsque Bo’az décida d’épouser Ruth, il est dit : « Il (Bo’az) prit dix hommes des Sages de la ville et leur dit : "Asseyez-vous ici" et ils s’assirent  ». Au sujet de ce verset, Rabbi Elé’azar fils de Rabbi Yossi a enseigné dans le Midrach Rabba sur Ruth (7,7) : « [Ce verset] est la source de la loi selon laquelle il faut la présence de dix personnes pour pouvoir prononcer la Birkat ‘Hatanim (bénédiction des ‘Hatanim) ».

Le Even Yi’hia explique que le chiffre dix est un chiffre qui exprime la perfection. En effet, le monde a été créé par dix paroles, l’Egypte qui oppressait les juifs a été détruite par dix plaies et le peuple juif a reçu sur le Mont Sinaï les dix paroles qui sont comme un condensé de toute la Torah. Le chiffre dix est le chiffre qui permet à la Chékhina de résider sur terre, comme nous l’apprend le verset dans Téhilim 82,1, (« D.ieu se tient dans l’assemblée où l’on rend la justice »), mettant en valeur l’idée selon laquelle certaines assemblées permettent la présence d’Hachem. Ainsi pour pouvoir dire la prière en public, un quorum de dix personnes est nécessaire.

Le traité Kétouvot (8b) nous enseigne : « Rabbi Yits’hak a dit au nom de Rabbi Yo’hanan : "On prononce la Birkat ‘Hatanim en présence de dix personnes  et le ‘Hatan est compris dans le décompte (de dix personnes)." »  

Le Choul’han ‘Aroukh (Even Ha’ezer 62, Halakhot Kidouchin) explique : « On ne prononce la Birkat ‘Hatanim qu’en présence de dix adultes et le ‘Hatan fait partie du décompte. Ceci est valable lorsqu’on prononce cette bénédiction sous la ‘Houppa et également lorsqu’on la prononce après la Birkat Hamazon (bénédictions de remerciement à Hachem après un repas). »

Rabbi Moché Isserlès affirme, quant à lui, qu’au cas où l'on n’a pas réussi à réunir dix personnes pour prononcer la Birkat ‘Hatanim, on procèdera à la ‘Houppa sans dire la Birkat ‘Hatanim. En effet, l’obligation de réunir dix personnes est d’ordre rabbinique, alors que l’obligation de se marier est une institution de la Torah elle-même. Dans le même ordre d’idées, le Rambam dans les lois de Ichout (chapitre 10, Halakha 6) affirme que si un individu a fait les Kidouchin et est rentré sous la ‘Houppa sans avoir prononcé la Birkat ‘Hatanim, le mariage est effectif.

La présence de dix personnes est nécessaire du fait que les sept bénédictions qui sont dites sont des Birkot Hacheva'h, c’est-à-dire des bénédictions de louange à D.ieu et non pas des Birkot Hamitsvot (bénédictions que l’on dit avant de faire une Mitsva, comme la Brakha que l’on récite avant la mise des Téhilim). De ce fait, il faut un Minyan de dix personnes pour donner à ces louanges plus d’éclat.  

Et même s’il est évident que nous sommes loin de percevoir la profondeur de la pensée de nos Sages, qui puise sa source dans la Torah, elle-même infinie, il est possible d’imaginer également qu’une des raisons de cette obligation de réunir dix personnes pour pouvoir réciter la Birkat ‘Hatanim sous la ‘Houppa, est la volonté de nos Sages de donner à chaque mariage une publicité suffisante, pour qu’il soit désormais de notoriété publique que telle femme, en l’occurrence qui est passée sous la ‘Houppa, a désormais le statut officiel de « Echet Ich », c'est-à-dire de femme mariée.
 

Kidouchin et Nissouïn  

Ce qui se passe le soir du mariage, sur un plan juridique, se résume en deux étapes : Kidouchin et Nissouïn, termes que l’on peut rendre respectivement par sanctification et élévation. Les Kidouchin s’appellent également Iroussin, que l’on traduit généralement par fiançailles. Ils constituent la première étape qui va permettre de réserver la femme à son fiancé, l’interdisant au reste du monde, sans pour autant la rendre permise à celui qui n’est encore que son fiancé.

Les Nissouïn constituent la deuxième partie du mariage et rendent la Kalla effectivement permise à son ‘Hatan. Il s’agit de la récitation de la Birkat 'Hatanim (des sept bénédictions) ou bien de la ‘Houppa elle-même en fonction des différents avis.

Deux coupes de vin sont utilisées dans la cérémonie. La première servira d’introduction à la première bénédiction, celle des Iroussin. La seconde servira pour la Birkat ‘Hatanim. Le Rav Messadèr Kidouchin (le rabbin qui préside à la cérémonie du mariage) prend une coupe de vin et prononce la bénédiction sur le vin, suivie de celle des Iroussin. Le texte s’énonce de la manière suivante : « Source de bénédictions, Toi Hachem, notre D.ieu, Roi du monde Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de nous garder des relations interdites ; Qui nous a interdit les fiancées et nous a permis les femmes mariées à nous, par l’entremise de la ‘Houppa et des Kidouchin ». Ensuite les fiancés goûtent au vin.

Le fiancé passe ensuite à l’index de sa Kalla une bague en or ou en argent, non sertie de diamants et prononce en même temps la formule rituelle : « Voici que tu m’es consacrée par cette bague, selon la loi de Moché et d’Israël ». Cette passation de l’anneau ainsi que la phrase prononcée par le ‘Hatan constituent à proprement parler les Kidouchin. Pour ce faire, il est nécessaire que le ‘Hatan soit conscient de ce qu’il est en train d’accomplir et que la Kalla également comprenne le sens de cette cérémonie. Si le ‘Hatan accomplit au moment où il donne la bague un acte d’acquisition comme nous l’avons expliqué, la Kalla, elle, doit accepter l’idée de se laisser acquérir par son 'Hatan et à tout du moins de rentrer dans le « domaine » de son ‘Hatan, c'est-à-dire de renoncer à une part de son indépendance pour le seconder.

Le Rav Messader Kidouchin (le rabbin qui préside à la cérémonie du mariage) désigne officiellement les témoins du mariage. Les témoins, comme nous l’avons expliqué, ont un rôle fondamental dans le déroulement du mariage. Ils doivent vérifier notamment que la bague a la valeur minimum d’une Prouta, c'est-à-dire environ cinquante centimes d’euros (Rav Avner Ittah de Torah-Box).

Il ne peut y avoir d’échange de bagues sous la ‘Houppa, étant donné qu’il n’y a pas de réciprocité entre le ‘Hatan et la Kalla, en termes juridiques d’acquisition. Le ‘Hatan acquiert  sa Kalla et l’inverse n’est pas vrai. Bien entendu, cet état de choses est voulu par la Torah mais n’infère pas d’une quelconque infériorité de la femme. La femme dans le judaïsme a un statut extrêmement protégé. Preuve en est de l’existence de la Kétouba.

Une fois l’étape des Kidouchin accomplie, on assiste désormais à la lecture de la Kétouba. Après la lecture de la Kétouba, le Rav Messader Kidouchin fait signer le mari et les témoins sur la Kétouba. On remet ensuite la Kétouba à la femme. La Kétouba ne constitue nullement un contrat d’acquisition de la femme. La Kétouba est une institution d’ordre rabbinique dont le but clairement avoué est de protéger la femme dans le cadre du mariage. La Kétouba précise les devoirs du mari par rapport à sa femme et lui enjoint de vêtir, nourrir et chérir sa tendre moitié. La Kétouba exprime de manière explicite l’obligation qui est faite au mari de travailler s’il ne possède pas les moyens financiers lui permettant de subvenir aux besoins de sa femme. Il a également l’obligation de respecter son épouse dans ses paroles et dans ses actes.

En cas de dissolution du mariage, il est fait obligation au mari de verser à sa femme un montant prédéfini dans la Kétouba. Les Sages ont institué cela pour dissuader les maris volages de leurs velléités de divorce. Le mariage est une institution de la Torah, corroborée et renforcée par le corps rabbinique. La stabilité du mariage est une donnée essentielle pour la stabilité de la société tout entière et dès lors qu’il y a des enfants, pour l’avenir spirituel et affectif de ces mêmes enfants.

Le divorce, même s’il est permis par la Torah, n’est à envisager que dans les cas extrêmes. Tout doit être mis en œuvre pour parvenir à la paix domestique et à l’harmonie dans les foyers (cf l’excellent livre de Rav Chalom Arouch : « Dans le jardin de la paix »).  
 

Les sept bénédictions

Après lecture de la Kétouba, on procède à la récitation des Chéva' Brakhot (sept bénédictions) sur une seconde coupe de vin. Ces sept bénédictions constituent à proprement parler les Nissouïn. Il est dit dans le traité Kalla 1,1 : « Une Kalla sans Brakha (Les sept bénédictions) est interdite à son ‘Hatan comme une femme Nidda (menstruée) ». Ces sept bénédictions se font bien évidemment sous la ‘Houppa.

Or d’après le ‘Hagahot Mordekhi (Décisionnaire), les propos du traité Kalla ne sont pas à prendre au pied de la lettre ;  lorsque le traité Kalla affirme qu’une Kalla sans Brakha est interdite à son ‘Hatan comme une femme Nidda, il ne parle pas des sept bénédictions à proprement parler mais bien de la ‘Houppa, rejoignant ainsi l’opinion de Rabbi Moché Isserlès que nous avons mentionné plus haut. C’est en effet la ‘Houppa qui rend une femme permise à son mari après qu’elle ait reçu les Kidouchin.

Cependant d’après Rabbi Yossef Karo, les sept bénédictions constituent une étape obligatoire et ce en présence de dix hommes. D’après l’auteur du Choul’han Aroukh, si on ne peut réunir dix hommes, on ne pourra procéder au mariage. En quoi consistent les sept bénédictions ?

Il faut savoir que les sept bénédictions constituent ce que l’on appelle « Birkat Hachéva’h », bénédictions de louange à D.ieu. Ces bénédictions contiennent des louanges à D.ieu, notamment sur le fait qu’Il ait créé l’homme (troisième bénédiction) ; puis on mentionne le fait que l’homme est créé à Son image. D’autre part, on loue Hachem qui a créé pour l’homme une partenaire privilégiée qui non seulement lui permet de sortir de son célibat mais qui lui donne un accès à l’éternité, du fait même qu’elle lui assure une descendance (quatrième bénédiction).

La sixième bénédiction mentionne le fait qu’Hachem a réjoui Adam et ‘Hava dans le jardin d’Eden. Elle rend également hommage au fait qu’Hachem réjouit présentement le ‘Hatan et la Kalla. La septième bénédiction mentionne aussi le fait qu’Hachem réjouit le ‘Hatan et la Kalla en insistant davantage sur la joie, présentée sous diverses facettes et parle de la délivrance future du peuple juif.

La première bénédiction rend hommage à D.ieu d’avoir créé le fruit de la vigne et est dite sur une coupe de vin. Cette bénédiction fait partie de ce que l’on appelle Birkat Hanéhénim, c’est à dire les bénédictions que l’on prononce avant et après consommation d’aliments et de boissons. La source de cette obligation se trouve dans le traité Brakhot 35a : « Il est interdit à l’homme de profiter de ce monde sans prononcer de bénédictions… Tout celui qui profite de ce monde sans prononcer de bénédictions a aux yeux d’Hachem et de l’assemblée d’Israël, le statut d’un voleur. »

La seconde bénédiction mentionne le fait qu’Hachem a créé le monde pour Sa gloire. Ainsi que l’explique le Ram’hal (Rabbi Moché-‘Hayim Luzzato) dans son livre « Dérekh Hachem » (1,1), le Créateur de l’univers possède en Lui toute les perfections possibles et imaginables au plus haut degré. Sa gloire est la plus grande qu’on puisse imaginer et Il a créé des êtres capables de reconnaître Sa royauté, car il n’est pas de roi sans sujets.

La cinquième bénédiction nous parle de Tsion, comparée à une femme qui attend le retour de ses enfants et qui se réjouira lors du retour des exilés. Il existe un parallèle entre la joie extrême du ‘Hatan et de la Kalla et la joie intense que connaîtra le peuple juif lors de la délivrance future. Ceci est d’autant plus vrai que chaque foyer juif qui se construit nous rapproche de la construction du troisième Beth Hamikdach (Temple de Jérusalem).
 

Le bris du verre

Dans le traité Brakhot 30b et 31a est mentionné le récit du mariage du fils de Mar Bré Dé Ravina. Ce dernier, constatant la grande joie de ses invités, tous d’éminents Talmidé ‘Hakhamim (érudits en Torah) prit l’initiative de briser à leurs yeux un verre de grande valeur. Cette action les attrista. Rabbi Yo’hanan expliqua au nom de Rabbi Chim’on Bar Yo’haï qu’il est interdit de se réjouir sans limites dans ce monde du fait qu’il est écrit dans Téhilim 126,2 : « Alors, notre bouche s’emplira de rires », à quel moment ? Au moment où les nations du monde diront : « Hachem a accompli de grandes actions en faveur de ceux-là » [suite du verset] (c'est-à-dire en faveur du peuple juif). Les grandes actions dont on parle ici sont celles de la délivrance messianique.

C’est en fonction de cela que le ‘Hatan, après la récitation des Chéva' Brakhot (sept bénédictions) brise un verre en souvenir de la destruction du Temple comme l’explique Rabbi Moché Isserlès dans son commentaire sur le Choul’han Aroukh (Even Ha’ezer 65,3).

Avant de briser le verre, le ‘Hatan prononce les mots suivants issus du psaume 137 (5,6) : « Si je t’oublie Jérusalem, que ma droite m’oublie. Que ma langue se colle à mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne mets Jérusalem au sommet de ma joie ». Il faut savoir que c’est le Décisionnaire de notre génération, Maran Harav Ovadia Yossef zatsal (que le souvenir du juste soit bénédiction) qui a institué cela. En effet, il avait constaté que le public, immédiatement après le bris du verre, lançait de joyeux « Mazal Tov ». Or voyant en cela un non-sens, puisque le bris du verre est censé nous rappeler la destruction du Temple et non pas constituer le signal du début des réjouissances, il instaura la récitation des versets que nous avons cités et qui nous rappellent que notre joie ne sera entière que lorsque Jérusalem sera reconstruite avec le troisième Temple.   
 

La Sé’oudat Mitsva

Après le bris du verre, débute la soirée à proprement parler. Et au centre de cette soirée, il y a bien évidemment la Sé’oudat Mitsva, c'est-à-dire le repas lié au mariage. Lorsqu’on parle de Sé’oudat Mitsva, littéralement « repas de la Mitsva », cela ne signifie pas, en tout cas dans le contexte du mariage, que le repas en lui-même est une Mitsva mais bien que le repas est lié à une Mitsva. Dans le Chout (Chéélot ou Téchouvot, [Questions et réponses]) Troumat Hadéchen (269), il est enseigné : « On a l’habitude de faire une Sé’ouda pour donner de la publicité aux Mitsvot  (commandements) ».

Dans le Chout ‘Havot Yaïr (70) il est dit : « Les Sé’oudot (repas) en elles-mêmes sont faites pour la Mitsva et il est juste de les appeler « Sé’oudot Mitsva », car la Mitsva est la cause du repas. » Cela signifie qu’il n’y a pas d’obligation rabbinique ou de la Torah d’organiser une Sé’ouda mais qu’il est bon d’organiser une Sé’ouda pour renforcer la Mitsva en question et lui donner de la publicité.

Ainsi que l’explique le traité Chabbath 130a : « Rabban Chim’on fils de Gamliel enseigne : « Toute Mitsva que les Bné Israël ont acceptée avec joie comme la Mila (circoncision), ainsi qu’il est écrit : "Je me réjouis de Tes paroles comme quelqu’un qui aurait trouvé un grand trésor" » (Téhilim 119, 162), ils la font aujourd’hui encore avec joie ». Rachi explique que l’expression « avec joie » signifie organiser un festin en l’honneur de la Mitsva.

Dans le même état d’esprit, il est de coutume d’organiser une Sé’oudat Mitsva en l’honneur des mariés.
 

La Mitsva de réjouir les mariés

Dans le traité Brakhot 6b il est dit : « Tout celui qui mange dans une Sé’oudat ‘Hatan (repas de mariage) mais ne réjouit pas le ‘Hatan transgresse cinq Kolot (voix) comme il est dit dans Yirméyahou 33,11 : "Kol sasson vékol sim’ha, kol ‘hatan vékol kala, kol omrim hodou Lachem Tsévakot" (Une voix de réjouissance et une voix de joie, la voix du ‘Hatan et la voix de la Kalla, une voix qui dit : rendez-grâce au D.ieu des Armées) ». « Par contre, si la personne qui prend part au repas de mariage réjouit le ‘Hatan, quelle est sa récompense ? Rabbi Yéhochou’a fils de Lévy enseigne : "Elle mérite de recevoir la Torah qui fut donnée avec cinq voix". Rabbi Abahou enseigne : "C’est comme si elle avait offert un Korban Toda (sacrifice de remerciement)". Rav Na’hman fils de Yits’hak enseigne : "C’est comme si elle avait reconstruit l’une des ruines de Jérusalem". »

De tous ces enseignements, nous pouvons déduire que réjouir le ‘Hatan est une très grande Mitsva. Le Lévouch (Even Ha’ézer 64) écrit : « Les Sages ont dit que c’est une grande Mitsva de réjouir le ‘Hatan et la Kalla ; de danser devant la Kalla et de dire (de manière audible pour le ‘Hatan) que la Kalla est jolie et gracieuse ».

Bien entendu, s’il est une grande Mitsva de réjouir le ‘Hatan et la Kalla et de danser devant eux, encore faut-il savoir de quelle manière… En effet, il ne faut pas transformer cette grande Mitsva en faute. Rappelons-nous que les seules danses autorisées par la Torah sont les danses séparées, sans aucune mixité. Il ne faudrait pas gâcher ce grand jour par une conduite inappropriée mais garder en tête que la véritable joie ne se trouve que dans les endroits où l’on ne laisse pas libre cours au Yetser Hara’ (penchant au mal). Il est souhaitable aussi que les hommes et les femmes ne s’assoient pas ensemble, afin que la Chékhina (Présence divine) puisse résider dans le mariage… (cf « Mariage séparé, pourquoi la Torah y tient ? » ).
 

La Birkat Hamazon et les Chéva’ Brakhot (sept bénédictions)

Après avoir royalement festoyé, les convives n’oublieront pas bien sûr de rendre grâce au Seigneur-Tout-Puissant. Ils réciteront donc la Birkat Hamazon sans omettre de procéder d’abord aux « Mayim A’haronim » (dernières ablutions). Rabbi Israël Méir Hacohen, surnommé le ‘Hafets ‘Hayim, explique dans son remarquable ouvrage Michna Beroura (commentaire sur le Choul’han ‘Aroukh) [Ora’h ‘Hayim 181,1] que le verset « Vous vous sanctifierez et vous serez saints » (Vayikra  11,44) s’applique dans sa première partie (« Vous vous sanctifierez ») à Nétilat Yadayim (premières ablutions) et dans sa seconde partie (« vous serez saints ») à Mayim A’haronim (dernières ablutions).

Bien entendu, étant donné le nombre important des convives, il conviendra de réciter le Zimoun (invitation au Birkat Hamazon) avant de réciter la Birkat Hamazon. En quoi consiste le Zimoun ?

Dans le traité Brakhot 45a, on enseigne que lorsque trois personnes consomment ensemble un repas à base de pain comportant au moins trente grammes de pain, elles devront réciter le Zimoun. En quoi cela consiste ? L’une d’entre elles devra inviter les autres convives à réciter le Birkat Hamazon en prononçant la formule suivante : « Rendons grâce à Celui Qui nous prodigue de la nourriture ». Les deux autres convives lui répondent : « « Source de bénédiction Qui nous prodigue de la nourriture et dont La grande bonté nous permet de vivre ».

La raison pour laquelle on doit réciter le Zimoun, selon le Méiri, est que les convives s’incitent mutuellement à réciter le Birkat Hamazon avec concentration. Selon d’autres opinions, la raison en est de faire des louanges à Hachem et de Le remercier pour Sa bonté en public.

A partir de dix convives, la formule du Zimoun est modifiée et l’on rajoute notre D.ieu dans l’invitation (Rendons grâce à notre D.ieu Qui nous prodigue de la nourriture) ainsi que dans la réponse (Source de bénédiction, notre D.ieu Qui nous prodigue de la nourriture et dont La grande bonté nous permet de vivre).  

Après avoir récité la Birkat Hamazon, les convives déclament les sept bénédictions comme sous la ‘Houppa. Le ‘Hatan et la Kalla doivent avoir consommé un minimum de vingt-sept grammes de pain pendant le repas. Au cas où ils n’ont pas consommé chacun cette quantité minimum, il ne sera pas possible de réciter les sept bénédictions.

Il est d’usage de répartir entre les convives les différentes bénédictions. Cependant, si un convive n’a pas consommé durant le repas au moins vingt-sept grammes de pain, on ne pourra pas l’honorer d’une des sept bénédictions. Il en sera de même durant les sept jours de festin.

Il ne faudra pas s’interrompre entre la Birkat Hamazon et les sept bénédictions. Par ailleurs, on récitera les sept bénédictions et ensuite seulement la bénédiction sur le vin. (Yalkout Yossef, Yoré Dé’a, Lois du mariage chap.16 Halakha 3,4,6,7)
 

Les sept jours de réjouissances

Il existe une discussion entre nos Sages pour déterminer si les sept jours de réjouissances qui suivent le mariage sont une institution rabbinique ou une ordonnance de la Torah. Le Roch dans le traité Kétoubot chapitre 1, Halakha 5 (Talmud de Jérusalem) explique qu’il s’agit d’une institution rabbinique. Le Rama enseigne que le premier jour des réjouissances est une ordonnance de la Torah. Le Rambam affirme également que les sept jours de réjouissances sont une institution de nos Sages et plus précisément de Moché Rabbénou lui-même, ainsi qu’il est rapporté dans le Talmud de Jérusalem, traité Kétouvot chapitre 1, Halakha 5.

Le Pné Yéhochou’a (traité Kétouvot 4a) affirme quant à lui que les sept jours de réjouissances sont une institution de la Torah. Dans les Pirké Dé Rabbi Eli’ezer (chap.15), il est enseigné que nous apprenons ces sept jours de réjouissances de la conduite de notre ancêtre Ya’acov. En effet, après que Ya’acov ait épousé Léa, son beau-père lui demanda d’attendre sept jours avant de pouvoir épouser Ra’hel, ainsi qu’il le désirait. « Remplis la semaine de celle-ci [Léa] et nous te donnerons aussi celle-là [Ra’hel] » (Béréchit 29,27).

Le Rambam dans les Halakhot Ichout (10,12) écrit que les Sages ont institué que celui qui épouse une jeune femme vierge doit se réjouir avec elle pendant sept jours ; il ne doit pas travailler ni commercer mais boire, manger et se réjouir.

De tout cela, il découle que le ‘Hatan et la Kalla doivent se réjouir pendant sept jours, s’il s’agit d’un premier mariage pour au moins l’un des deux. Dans ce décompte de sept jours, le jour du mariage est considéré comme le premier jour. Pendant ces sept jours, les proches du ‘Hatan et de la Kalla organisent des repas plantureux comprenant du pain, pour pouvoir réciter la Birkat Hamazon et les Chéva’ Brakhot (Choul’han ‘Aroukh Even Haezer 62,6 ; et 64,2).

Lorsque le ‘Hatan prie à la synagogue pendant les sept jours de réjouissances, on ne dit pas les Ta’hanounim (supplications). Lors des jours de lecture de la Torah, on invite également le 'Hatan à monter à la Torah.
 

Conclusion

Le Chiddoukh est un lointain souvenir… Le voile, la 'Houppa, les Kidouchin, les Nissouïn, le bris du verre, les danses, le repas, les Chéva' Brakhot, les sept jours de réjouissances… Tout cela est derrière. Le bateau a enfin largué les amarres et l’on espère qu’il arrivera à bon port.

Un nouveau couple s’est formé, prêt à voguer vers de nouveaux horizons. Le souvenir d’une unité originelle, une volonté ferme d’aller de l’avant et des connaissances solides dans les domaines les plus sensibles tels que Taharat Hamichpa’ha (lois de pureté familiale), Chabbath et Cacheroute permettront au couple de construire une solide cellule familiale avec l’aide du Créateur de l’univers.

Une unité originelle, disions-nous puisqu’à l’origine, il n’existait qu’un seul être androgyne, comme l’exprime le verset : « Il les créa mâle et femelle ; Il les appela du nom d’Adam » (Béréchit 5,2). Hachem les a séparés pour leur donner l’occasion de sortir de leur solitude, car ainsi que le dit la Torah : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Béréchit 2,18).

Le même verset dit ensuite : « Je lui ferai une aide face à lui ». En peu de mots, c’est tout le défi de la vie de couple qui se trouve résumé. La découverte d’une altérité, l’acceptation des différences, l’évolution progressive vers une union des cœurs, tout cela constitue le programme passionnant de cette nouvelle vie à deux.

« S’ils le méritent, la Chékhina (Présence divine) résidera entre eux » (Traité Sota 17a). La construction d’un nouveau couple s’apparente en effet à la construction du Beth Hamikdach dans lequel résidait la Présence divine. Pour mériter une telle élévation, l’étude de la Torah devra résonner dans cette nouvelle demeure, comme l’explicite le verset : « Partout où Mon nom sera mentionné, Je viendrai vers toi et Je te bénirai » (Chémot 20,21).

Etude de la Torah et pratique des Mitsvot constitueront les piliers d’une maison solide. Encore faut-il avoir un mode d’emploi efficace qui permette d’intégrer les éléments essentiels du Chalom Bayit (paix domestique)… Le livre de Rav Chalom Arouch, « Bégan Hachalom », « Dans le jardin de la paix » en version française sera un passeport avéré vers une réussite commune.

Souhaitons à tous les nouveaux couples de voir résider en leur sein la joie et l’allégresse, l’amour et la fraternité, la paix et l’amitié (septième bénédiction des Chéva' Brakhot). Amen.