Savez-vous que le huitième et dernier jour de la fête de ‘Hanouka est considéré comme le jour le plus "puissant" de tous les jours de la fête ? Le jour qui symbolise et exprime l’essence même de l’évènement miraculeux dont a bénéficié le peuple d’Israël et qui est, de ce fait, particulièrement propice aux prières, au salut et au repentir.

Le pouvoir de la prière ce jour-là est considérable, et nombreux sont les témoignages de ceux qui rapportent avoir été exaucés après avoir prié du fond du cœur devant les huit bougies de ‘Hanouka.

On peut à priori s’en étonner. Il est logique de penser que le miracle de ‘Hanouka réside dans le fait d’avoir trouvé une fiole d’huile pure qui a alimenté une flamme pendant huit jours, alors que d’après les lois de la nature, la quantité d’huile ne suffisait que pour un jour. Ce qui symbolise le miracle de ‘Hanouka est donc la persistance de cette flamme pendant huit jours. Quelle est donc la particularité de ce huitième jour, qui lui confère le mérite d’être nommé, à lui tout seul "Zot ‘Hanouka" ?

Le chemin qui mène à la synagogue, selon Einstein

Pour commencer à comprendre, il faut nous intéresser à la symbolique du chiffre huit dans le judaïsme.

Le monde fut créé en sept jours. Six jours de création et un jour de repos (le Chabbath). Le monde, tel que nous le percevons, tel que nous le comprenons avec notre intellect est donc symbolisé par le chiffre sept. Sept, c’est la nature avec ses règles immuables de fonctionnement. Huit, c’est ce qui est au-dessus de la nature. Huit, c’est le concept de ce qui se situe au-dessus de la raison et de la compréhension humaine. C’est ce que l’on nomme dans le langage courant le "miracle".

En fait c’est la frontière où l’intellect atteint ses limites et où commence la foi. Ainsi, de même que le chiffre huit est supérieur au chiffre sept, de même accepter le joug de la royauté divine est d’un niveau plus élevé que la perception de l’esprit humain. Ainsi, la foi prévaut sur la raison.

On rapporte l’anecdote suivante à propos d'Albert Einstein.

À un étudiant qui lui demandait :

"Qu’y a-t-il au dessus de l’atmosphère ?"

Il répondit : "L’ionosphère !

- Et au-dessus de l’ionosphère ?" poursuivit l’étudiant.

- "Là bas, commence le chemin qui mène à la synagogue..." fut la réponse du scientifique.

8, au-delà de la nature

Ce n’est pas un hasard si le chiffre huit quand on l’écrit horizontalement devient le symbole de l’infini donc de l’inaccessible à la raison humaine.

Le Maharal de Prague dans son livre Ner Mitsva fait le parallèle entre le huitième jour de ‘Hanouka et la circoncision pratiquée le huitième jour de la naissance d’un enfant juif. Le bébé qui a été créé avec un prépuce selon l’ordre de la nature se situe au niveau du sept. Le huitième jour, après la circoncision, s’élève au-dessus de la nature, au niveau du huit.

Le Maharal cite à ce sujet un commentaire de nos Sages : "Le grand prêtre, grâce à la circoncision qui est au-dessus de la nature, peut entrer dans le Saint des Saints qui est au-dessus de la nature, le jour de Yom Kippour qui est au-dessus de la nature".

La circoncision qui est appelée Zot à propos du grand prêtre (Dévarim 17, 3) est au même degré que le huitième jour de ‘Hanouka car le mot Zot apparaît aussi lié à ‘Hanouka dans le passage de la Torah qui est lu le huitième jour de la fête et qui relate la dédicace de l’autel des offrandes (Bamidbar 7, 84).

Ainsi le peuple juif, quand il se détache de la matérialité et s’élève spirituellement en se rapprochant du Créateur, se met potentiellement en situation d’être le bénéficiaire d’un miracle, qui par définition dépasse les règles de la nature. 

C’est en l’occurrence ce qui le différencie des autres peuples. C’est pourquoi dans certaines communautés, on a l’usage de lire le chapitre 67 des Psaumes, qui compare l’universalité de l’humanité à la spécificité du peuple d’Israël.

C’est grâce à ce degré d’élévation que le peuple d’Israël put vaincre les Grecs qui contrôlaient la nature, c’est-à-dire la matérialité, mais ne contrôlaient pas ce qui est au-dessus de la nature, c’est à dire cette spiritualité propre au peuple juif.

De Roch Hachana jusqu’à Zot ‘Hanouka

Par ailleurs et indépendamment de ce qui a été développé précédemment, il existe une autre raison qui fait de ce huitième jour de ‘Hanouka le point culminant de la fête.

Selon les paroles de nos Sages, il y a dans l’année juive une période particulièrement propice à la Téchouva, à l’introspection et au retour vers D.ieu. Cette période comporte plusieurs étapes. Elle commence par les Jours Redoutables, les dix jours qui vont de Roch Hachana (jour du jugement) à Yom Kippour, jour où le jugement est scellé. Scellé mais pas encore exécutoire… Hachem nous offre en effet une opportunité supplémentaire de nous repentir et d’engranger les mérites avec les Mitsvot de la fête de Souccot jusqu’à Hocha’ana Rabba, son septième et dernier jour. Ce jour-là, le décret d’application sera transmis aux Anges de service pour en exécuter la sentence. Apparemment Hocha’ana Rabba serait donc la dernière station du périple de cette période de repentir.

Cependant, d’après  la tradition ‘Hassidique, Hachem, dans Son amour pour Son peuple, fait une fois de plus preuve de miséricorde envers nous et patiente jusqu’au dernier jour de ‘Hanouka. Il attend en fait que tous ceux qui n’ont pas encore su faire pénitence se reprennent pour revenir vers Lui, afin de pouvoir modifier le jugement dans le bon sens.

C’est pourquoi ce huitième jour, qui est aussi le dernier jour du scellement de la sentence de l’année, est considéré comme le point culminant de ‘Hanouka. À cette occasion d’ailleurs, les ‘Hassidim organisent des cérémonies festives en présence du Rabbi pour en souligner l’importance.

Les lumières de ‘Hanouka : le remède

Il convient aussi de recontextualiser le concept du huitième jour au vu des événements que traverse actuellement le peuple d’Israël.

Il existe une fête appelée Chémini ‘Atsérèt (littéralement "la clôture du huitième jour"). "Le huitième jour, il y aura pour vous une fête de clôture", dit la Torah (Bamidbar 29,  35). Il s’agit d’une fête à part entière, bien qu’elle soit adjacente à la fête de Souccot. Le Midrach enseigne que le caractère unique de cette fête réside dans le fait qu’elle est destinée aux retrouvailles entre le Créateur du monde et Son peuple Israël, contrairement aux sept jours de Souccot, qui sont consacrés aussi aux 70 Nations du monde.

En d’autres termes, la Guémara (Souka 25b) nous explique que la fête de ChéminiAtsérèt, qui a lieu le huitième jour et porte le nom de ce chiffre, est censée être une fête particulière, réservée au peuple d’Israël, qui est au-dessus de la nature.

C’est ce jour (le 7 octobre) que certains ont malheureusement choisi pour mépriser notre spécificité, notre spiritualité, en s’immergeant dans la plus profonde matérialité qui caractérise les autres Nations. 

La résilience, le remède, dépend de notre faculté à retrouver nos racines et notre spiritualité à travers la Torah. Alors les lumières de ‘Hanouka nous feront sortir de la torpeur et de l’obscurantisme. Et nous verrons, ce huitième jour, des miracles et des merveilles !