Chemot (31, 15) : "Six jours on se livrera au travail; mais le septième jour il y aura repos, repos complet"

Dans l’ouvrage Lichkéno Tidréchou, l’auteur rapporte un témoignage édifiant du Rav Sim’ha Kaplan, Rav de Safed :

« Lorsque j’étudiais à la yéchiva de Mir, je logeais chez un couple qui avait un fils unique. Un vendredi matin, alors que je quittais ma chambre pour aller à la yéchiva, le maître de

maison se préparait à sortir vers la place du marché pour son commerce. J’ai alors entendu son épouse lui dire : "C’est veille de Chabbat aujourd’hui, rentre tôt." De retour de la yéchiva l’après-midi après min’ha, j’ai vu la maîtresse de maison qui attendait son mari à la fenêtre en murmurant : "C’est bientôt Chabbat, c’est bientôt Chabbat !" J’étais très étonné et je lui ai dit : "Il fait grand jour, il reste encore plusieurs heures avant l’entrée du Chabbat."

« Elle m’a alors répondu : "Je vais te raconter notre histoire et tu comprendras mieux mon inquiétude. Nous étions mariés depuis longtemps mais n’avions toujours pas d’enfant. Après plusieurs années de souffrance, grâce à D.ieu, nous avons mérité d’avoir un fils. Mais à notre grand désespoir, cet enfant ne se développait pas normalement et il était très difficile et douloureux pour nous de nous en occuper. Le médecin de la ville a diagnostiqué une malformation cardiaque et nous a dirigés vers un grand spécialiste qui exerçait à Vilna. Après divers examens, le spécialiste a déclaré : ‘L’espérance de vie de cet enfant ne dépasse pas quelques années, il n’existe pas de remède à sa maladie. Rentrez chez vous et adaptez-vous à cette situation.

 

’Nous sommes sortis de son cabinet accablés et brisés. Nous étions perdus. "Nous sommes difficilement parvenus à notre auberge et j’ai alors fondu en larmes sans pouvoir me consoler. Les clients de l’auberge qui ont entendu notre détresse nous ont suggéré : ‘En rentrant à Mir, vous feriez bien de faire un détour par Radin où demeure le ’Hafets ’Haïm. Adressez-vous à lui et vous serez certainement sauvés de cette épreuve.’

Nous nous sommes alors immédiatement mis en route pour Radin. Mais quelle n’a pas été notre déception quand nous avons entendu que le Rav ne recevait personne ! En effet il se sentait extrêmement faible et n’était pas en mesure d’accueillir qui que ce soit. Nous étions encore là désappointés, et l’aide de Hachem est intervenue : nous avons aperçu l’époux de la petite-fille du ’Hafets ’Haïm, un jeune avrekh qui étudiait à Mir peu de temps auparavant et logeait alors chez nous.

Et voilà, « Jette ton pain à la surface de l’eau car à terme tu le retrouveras… » : Il nous a introduits chez son grand-père ! Le ’Hafets ’Haïm était alors assis, le livre d’Ezra entre les mains. Nous avons pris place et lui avons parlé de la maladie de notre fils unique. Il nous a alors répondu : ‘En quoi puis-je vous aider ? Je n’ai pas d’argent, que puis-je faire pour vous ?’ J’ai éclaté en amers sanglots et le petit-fils qui nous avait fait entrer a ajouté : ‘Mais c’est un fils unique !’

"Le ’Hafets ’Haïm s’est alors tourné vers moi avec affection : ‘Ma fille, engagez-vous à faire entrer le Chabbat en avance.’ Je lui ai demandé de préciser sa pensée et il m’a expliqué : ‘Vendredi à midi, la nappe devra déjà être étendue sur la table de Chabbat et les chandeliers disposés dessus. Aussi, dès l’allumage des bougies il ne faudra plus faire aucun travail, quoi qu’il arrive !’

Les paroles provenaient de la bouche du ’Hafets ’Haïm me touchèrent au plus haut point. Déterminée, j’ai donc pris l’engagement de les appliquer à la lettre. Dès notre retour à Mir, nous avons constaté une nette amélioration de l’état de santé de notre fils. Puis, petit à petit il a commencé à se nourrir et à se développer comme les enfants de son âge.

Nous sommes retournés voir le médecin qui nous avait envoyés à Vilna et il est resté sans voix devant ce qu’il voyait. Il ne pouvait maîtriser son trouble et nous a lui-même donné de quoi nous rendre à Vilna chez le grand spécialiste. Arrivés à Vilna, le médecin nous a dit : ‘Vous vous moquez de moi, ce n’est pas cet enfant que j’ai examiné récemment !’ ‘Nous n’avons qu’un fils !’ lui avons nous répliqué. Le médecin nous a alors demandé si nous avions été à Vienne (il y avait à l’époque à Vienne un centre médical international), mais nous avons répondu par la négative. Il a poursuivi : ‘Alors où étiez-vous?’ ‘Nous sommes partis chez le ’Hafets ’Haïm qui nous a donné un conseil…’

Sur ce, il nous a confié : ‘Nous, les médecins, avons le pouvoir d’améliorer ce qui existe déjà. En revanche, le ’Hafets ’Haïm, lui, a la capacité de créer ex-nihilo. A présent, je peux vous révéler que le coeur de votre fils était totalement rongé, quasiment inopérant.’

Puis la maîtresse de maison a conclu : "Depuis ces événements, nous terminons très en avance les préparatifs de Chabbat. C’est pourquoi je m’inquiète maintenant pour mon mari qui tarde à rentrer" »