La prière principale, Chemoné ‘Essré, appelée également Amida, est ainsi structurée : les trois premières bénédictions sont des louanges, toutes celles du milieu sont des requêtes et les trois dernières, des remerciements.

Rav Aharon Kotler pose la question suivante : Comment nous est-il permis d’adresser des louanges à D.ieu ? Est-il convenable qu’un petit se tienne devant un grand pour le louer ?

Notamment, plus nous Le louons, nous avec notre esprit étroit, plus nous minimisons Son honneur. Comment un roi qui possède de l’or peut-il être loué pour du cuivre ou de l’argent ? N’est-ce pas diminuer l’importance de la gloire qui lui est due ? Toutefois, les louanges n’ont pas pour but de faire accepter nos requêtes mais elles contiennent un autre secret. Placées au début de la prière, elles permettent d’enraciner dans l’homme l’idée que D.ieu est tout-puissant, ce qui lui permettra ensuite d’énoncer des requêtes sincères.Voici les propos contenus dans l’ouvrage Michnat Aharon : « Il semble que l’essentiel de la prière soit une requête pour la compassion d’Hachem. Ainsi nos Sages ont dit (Traité Brakhot 20b) que les femmes, ayant également besoin de la miséricorde d’Hachem, ont donc l’obligation de prier. Ils ont également enseigné (Ibid. 32, 1) que l’homme devra toujours prier dans cet ordre : en premier lieu, il exprimera des louanges à D.ieu et par la suite il demandera que ses besoins soient satisfaits. Cette procédure n’aura pas pour but de se concilier les grâces d’Hachem et de faire agréer sa demande car comme le dit le verset (Dévarim 10, 17) : « Et Il n’acceptera pas de corruption ».
En commençant par réciter des louanges, en reconnaissant la grandeur de D.ieu, Ses possibilités infinies, Sa bonté et Sa puissance, l’homme se prépare à prier et élève son sentiment de reconnaissance. Il affermit dans son esprit sa soumission et son effacement total devant D.ieu. Il renforce sa reconnaissance que tout ce qui lui arrive vient de Lui. Tout ceci va lui permettre de faire jaillir sa prière des profondeurs de son cœur. De plus, cette phase préliminaire prépare son âme à la prière et la rend apte à s’élever.

Que D.ieu nous permette de Lui adresser nos louanges fait réellement partie de Son attribut de bonté. Nos Sages ont dit dans le Talmud Yérouchalmi (Traité Chékalim, chap.2, halakha 5) : « Ce n’est pas l’usage qu’un petit s’enquiert des nouvelles d’un grand ». A plus forte raison, lorsqu’il s’agit des créatures à l’égard de D.ieu, comment nous appartient-il de Lui adresser nos louanges d’autant plus que notre connaissance est faible et notre compréhension réduite ?
Comme il est dit dans le Talmud (Traité Brakhot 33b) : « Cela ressemble à un roi qui possédait des milliers de dinars d’or et qui était loué pour ses pièces d’argent, ce qui était une injure pour lui. Et nos Sages ont dit : « Si Moché n’avait pas dit dans la Torah, « D.ieu, grand, fort et redoutable » et que les Sages de la Grande Assemblée n’avaient pas établi l’emploi de ces qualificatifs dans le texte de la prière, nous n’aurions pas eu la permission de les employer car cela serait revenu à limiter les louanges à l’égard de D.ieu qui est illimité. »

Et même à propos des créatures célestes, nos Sages abordent ce sujet (Traité ‘Houlin 91, 2) quand l’ange dit à Ya’akov : « Depuis que j’ai été créé, le moment n’était pas venu pour moi de dire une Chira jusqu’à ce moment ». Cela signifie que les anges n’ont pas la permission de commencer à parler avant que les hommes n’aient dit une louange. Et lorsqu’on leur en accorde le droit, c’est également une bonté envers eux, bien qu’eux-mêmes soient des créatures exceptionnelles et que leurs paroles soient empreintes de pureté et de sainteté.

Désormais, nous comprenons combien le fait de pouvoir louer D.ieu constitue une bonté immense puisqu’elle nous permet de renforcer notre reconnaissance et d’enflammer notre cœur. L’homme doit s’efforcer de prier avec ferveur et en particulier de se concentrer sur les louanges qu’il prononce. En effet, s’il n’y met pas l’intention appropriée, il ne sera pas utile de les prononcer et elles seront condidérées comme de l’effronterie, que D.ieu nous en préserve. C’est pour cette raison que nos Sages ont insisté sur l’obligation de se concentrer sur les trois premières bénédictions du Chemoné ‘Essré.