Bien que la plupart d'entre nous ayons reçu beaucoup de bons soins durant l'enfance, chacun d'entre nous a subi des manques ou des exagérations qui sont à la base des « blessures ». La relation de couple va inévitablement les réveiller, alimentant ainsi la lutte de pouvoir entre les partenaires.

On a coutume de dire que le couple est le lieu de prédilection où les blessures de l'enfance resurgissent.

Beaucoup de gens s'imaginent que le passé est passé. S'ils ont vécu des phases de vie difficiles, voire traumatisantes, il n'y a pas lieu de les réactiver : le temps est là pour guérir les plaies.

C'est oublier que nous avons un cerveau, dont la fonction première est de nous maintenir en vie et qu'il sera des plus vigilants afin que les blessures du passé ne se reproduisent pas de la même manière.

Lorsque l'on parle de blessures, souvent les gens font référence à des traumatismes importants, tels que des violences physiques, abus sexuels ou à des situations familiales particulièrement sordides, avec des parents alcooliques, nécessitant le soutien de l'aide sociale par exemple. Or, il existe d'autres situations courantes, qui semblent même refléter le quotidien de chacun.

Il se trouve que les enfants ont d'énormes besoins, en continuel changement. Il est utopique de croire que les parents sont à même d'y répondre fidèlement. Même avec leur meilleure volonté. Même avec tout l'amour dont ils sont capables. Cela pour différentes raisons et en particulier parce que les parents eux-mêmes n'ont pas reçu certaines attentions dont ils avaient besoin à un moment précis de leur développement relationnel.

Nombre de parents sont peu concernés par leur enfant, de la même manière que leurs propres parents se sont sentis peu concernés par eux. Ils ont intégré la notion qu'ils n'étaient pas assez intéressants pour attirer l'attention de leurs parents et par conséquent, ils montrent peu ou pas d'intérêt pour leur propre enfant.

D'autres parents freinent la capacité naturelle de curiosité de leur enfant en exigeant beaucoup trop d'eux, certainement parce que, sans en avoir réellement conscience eux-mêmes, dans leur enfance, ont expérimenté un manque d'investissement de la part de leurs propres parents.

Ce genre de situations a fait naître en eux la peur de ne pas être assez intéressants pour leurs parents (et par voie de conséquence, pas aimables). Cette peur, ils vont inévitablement la projeter sur leur propre enfant sous la forme d'une exigence exagérée. C'est une réaction de compensation pour ne pas faire souffrir leur enfant comme eux ont souffert. Puisqu'ils ont peur pour leur enfant, ils vont le protéger d'autant plus.

En exigeant beaucoup de leur enfant, ces parents pensent lui montrer de l'intérêt. Cette soi-disant protection aura pour effet que l'enfant se sentira incapable de satisfaire les demandes de ses parents, d'autant plus qu'il n'aura pas les mots pour le dire. Plus tard, les apprentissages que la vie lui imposera ne se feront pas sans difficulté.

Voici un exemple qui illustre la première situation décrite plus haut. Comment les blessures subies dans l'enfance continuent à faire souffrir aujourd'hui un adulte.

DAVID OU COMMENT INCULQUER UN SCÉNARIO D’ÉCHEC 

A cinq ans, David était un petit garçon plein de vie. Il jouait sans problème avec d'autres enfants, il était curieux, très à l'aise avec son corps. Et puis est arrivé le grand moment d'entrer à l'école. Contrairement à d'autres camarades pour qui cette nouvelle expérience provoquait de l'inquiétude, il se réjouissait de commencer à apprendre, à devenir un grand... 
Très rapidement, il s'est avéré que ni son père, ni sa mère ne s'intéressaient à ses apprentissages et aux progrès qu'il faisait. Lorsque David ramenait avec fierté un bricolage de l'école, son père s'en emparait aussitôt pour y apporter des améliorations. Quant à sa mère, elle ne pouvait s'empêcher d'émettre une critique sur l'objet ou sur son fils qui ne s'était pas lavé les mains après son travail manuel. 
Bien que David ait une intelligence tout à fait normale, aujourd'hui à 42 ans, il n'a toujours pas réussi à finir un apprentissage ou des études secondaires. Chaque fois qu'il entreprend une nouvelle formation, durant quelques mois tout se passe bien, les résultats semblent montrer qu'il est tout à fait capable de la suivre, puis tout à coup, ces mêmes résultats deviennent médiocres. David se décourage, se traite lui-même d'incapable, se compare avec les autres qui évidemment « savent beaucoup mieux que lui », et finit inlassablement par un même scénario d'échec. A chaque fois, le même déroulement et pourtant David est motivé pour entreprendre ces formations.

Il est intéressant de savoir que le père de David, pour des raisons familiales, avait été empêché de faire des études. Seul son frère aîné avait reçu le soutien parental. Il avait par contre développé beaucoup d'habileté manuelle, et ces qualités étaient largement reconnues dans son cadre professionnel.

La mère de David avait également été privée d'études, à l'époque où les filles étaient destinées à se marier et ne pas coûter trop d'argent. Elle en gardait du reste une frustration évidente. Voilà le climat et l'ambiance dans lesquels David a commencé sa scolarité : deux parents frustrés de n'avoir pu faire les études dont ils étaient capables, une mère qui se désintéressait et projetait sa frustration personnelle.
Et un père qui s'intéressait, mais ne donnait aucune réelle attention aux efforts de son enfant et qui surtout, ne lui proposait aucune aide ou suggestion.

Bien entendu, cet exemple imaginé pour l’article présent trouve sa réalité dans le fait que nous ne pouvons pas porter de jugements sur ceux qui nous ont accompagnés dès notre très jeune âge, leur histoire est la leur et nous ne pourrions la comprendre et l’expliquer que sous leur prisme, subjectif nécessairement.

Le jugement est le fruit de la méconnaissance, je vous renvoie de fait à toutes les lois du Chmirat Halachone compilées par le 'Hafets 'Haïm dont la trame consiste à interroger chaque cas et chaque situation rencontrés afin de ne pas tomber dans un écueil aux conséquences parfois dramatiques pour un individu, une famille, une communauté toute entière.

Néanmoins, il importe de connaître son histoire de vie, d’en extraire une juste analyse avec un professionnel afin d’avoir une ultime connaissance de soi et de l’autre, et ce, dans la plus grande des bienveillances.