J’étais allongée sur la chaise du dentiste, enfin immobile. C’était le moment le plus relaxant que j’avais connu depuis des mois. Pas de pleurs de bébé, pas d’enfants à gérer, juste 45 minutes où personne ne viendrait me solliciter. Même la piqûre anesthésiante ne m’avait rien fait. Le dentiste a plaisanté : “Vous êtes la patiente idéale ! J’en ai une autre comme vous, maman de 11 enfants… elle s’endort carrément pendant les soins !” C’est là que j’ai compris. Si je réagissais comme cette femme sous rouleau compresseur, ça traduisait un état au delà de la simple fatigue. J’étais en plein burn-out maternel…

En même temps, ce n’était pas très étonnant, certains signaux auraient dû me mettre la puce à l’oreille. Comme le fait de trouver normal de faire mon ménage entre minuit et 1h du matin. Mon fard à paupières : deux fois plus visible avec mes yeux constamment mi-clos. Ces nuits où je ne savais pas si j’avais dormi 5 minutes ou 2 heures entre chaque réveil. Sans parler de cette fois où je n’avais même pas eu le temps de rincer mon shampooing pour aller calmer mon bébé inconsolable.

Bon, maintenant que j’avais mis le doigt sur le problème, il fallait trouver des solutions ! Heureusement, mon ami Google était là pour m’éclairer. La réponse qui revenait dans tous les témoignages était : “prenez un peu de temps pour vous chaque jour et déléguez !” Facile à dire, non ? Pour celles qui ont la chance d’avoir de la famille dévouée à portée de main et des amis dispos, foncez ! Pour les autres, bon courage…

Sans vouloir jouer à “qui est la plus Miskéna”, j’aurais bien aimé dire aux femmes qui témoignaient que nous, les femmes juives, en plus de tout ça, on a Chabbath à préparer chaque semaine, le nettoyage de Pessa’h chaque année et des fêtes presque tous les mois qui tournent pas mal autour de la nourriture ! Mais bon, n’enfonçons pas le couteau dans la plaie…

N’ayant pas de possibilité de faire le moindre petit break, je m’étais résolue à ma situation en me disant que seul le temps m’aiderait. Il fallait que je tienne le coup en attendant que les enfants grandissent et deviennent autonomes. Je disais souvent, sur le ton de la plaisanterie : “je suis en mode survie !” Mais en dessous, se cachait un profond mal-être et la sensation de passer clairement à côté de ma vie. Moi qui avais toujours rêvé d’être mère, je me retrouvais à subir les moments passés avec mes enfants et à attendre l’heure du coucher comme le moment de la délivrance.

Jusqu’au jour où j’assistai, dans le cadre du travail, à un cours d’une Rabbanite que j’apprécie beaucoup. Celle-ci a formulé clairement mon problème : “Il y a celles qui vivent pleinement leur vie et celles qui se contentent de survivre. La différence ne réside pas dans les difficultés qu'elles rencontrent, mais dans la façon dont elles choisissent de les affronter.”

En plein dans le mille ! À partir de là, j’ai décidé de changer de camp, j’allais sortir de mon burn-out, coûte que coûte. Certes, je ne pouvais pas me permettre d’aller me dorer la pilule à Eilat, mais je pouvais au moins m’alléger mon quotidien, ce qui serait déjà salvateur.

Je me suis fait aider par une femme de ménage (petit luxe en Israël) et des baby-sitters. Et j’ai aussi, telle Blanche Neige, chargé mes “petits nains” de différentes tâches selon les préférences de chacun. Le prince charmant a également pris sur lui quelques missions supplémentaires.

Ça ne s’est pas fait en un jour, mais aujourd’hui on a trouvé un équilibre qui permet de profiter de la vie. J’arrive même à aller me faire masser de temps en temps, ce qui est quand même plus agréable qu’un rendez-vous chez le dentiste !

En plus des conséquences bien connues du burn-out, il y a aussi un danger spirituel dont on parle peu. La frustration et le désespoir ressentis peuvent nous persuader qu’on est pas de si “bonnes juives” finalement. Qu’on manque clairement de Émouna (foi) et de confiance en D.ieu puisqu'on n'arrive pas à accepter et surmonter nos difficultés. Parfois, on peut même en vouloir à Hachem de nous envoyer toutes ces épreuves. Résultat : on se dévalorise, on se détache donc on s’expose à une chute spirituelle importante.

Notre Yirat Chamaïm (crainte du Ciel) en prend un sacré coup aussi ! L’épuisement peut nous amener à relâcher dans certains domaines : niveau de Cacheroute, respect du Chabbath, notre langage…

Il est donc essentiel de parler de notre état pour sortir la tête de l’eau au plus vite. En ce qui me concerne, j’ai arrêté de me prendre pour Sarah Iménou. Ma Émouna, seule, ne me permettait pas de supporter une situation aussi difficile. J’avais besoin de temps pour moi et d’être secondée. Et finalement, on arrive à trouver des solutions en resituant nos priorités.

Alors, à toutes celles qui ressentent ce burn-out, ne laissez pas ce feu vous consumer, mais utilisez-le plutôt pour rallumer petit à petit les étincelles de vie qui sont en vous. Vos qualités, vos aspirations, vos particularités… Parce qu’une maman comme vous, il n’y en a qu’une ! Et c’est pour ça que vos enfants vous ont choisie avant d’entrer en scène dans ce monde.

Bon courage à toutes !