Question d’un internaute : Ma femme est devenue très nerveuse, surtout depuis la venue de notre quatrième enfant. Je ne peux plus supporter ses crises et surtout j'ai peur pour l'équilibre de nos enfants. Que faire ? Je l’aime et j'ai peur de la perdre… On a vécu des hauts et des bas mais on a toujours été unis. Mais là, elle est devenue tellement insupportable que je m'éloigne d'elle.

Je sais qu’elle aime sa petite famille et qu’elle n'arrive pas à contrôler ses nerfs. Aidez-moi à faire en sorte qu'elle redevienne elle-même.

Réponse de Mme Nathalie Seyman

Une jeune femme se fait une idée bien précise de l’épouse qu’elle voudrait être pour son mari et de la mère qu’elle s’efforcera d’être pour ses enfants. Mais tout ceci est un fantasme qui grandit au fur à mesure qu’elle devient une femme, se marie et devient réellement mère. Et là, arrive la réalité, avec son lot de difficultés, de stress, les engagements que l’on n’arrive plus à tenir, les principes qui ne sont plus d’actualité, mais tout en continuant à s’efforcer d’être la femme parfaite de son fantasme d’enfance. Alors le psychisme se met en mode d’autodéfense, c’est-à-dire en réagissant de façon agressive à la moindre contrariété.

J’ai peu de renseignements sur ce que vit votre femme car je n’ai que votre observation en tant que mari, mais ce que vous me décrivez me fait penser à un burn-out maternel. Penchons-nous sur ce mal de plus en plus répandu qui touche quantité de femmes autour de nous.

Les causes du burn-out maternel

Rien n'est plus beau comme expérience que de mettre au monde et voir grandir ses enfants. On redoute un peu le baby-blues au début, mais une fois passée la chute d'hormones, on se remet de l’accouchement, on trouve ses marques avec son bébé et tout devrait aller pour le mieux.  Alors pourquoi cette fatigue quotidienne, cette impression de trop-plein prêt à exploser, d’agacement perpétuel et cette envie de se sauver sans se retourner à la moindre crise des enfants ?

Être mère est un travail à plein temps. C'est intense, éreintant et épuisant, physiquement et moralement. Mais nous nous efforçons d’être parfaites pour nos enfants, pour nos maris, d’être sur tous les fronts en se mettant soi-même de côté. Sans se plaindre, plutôt même en étant reconnaissante. Parce que c’est cela être mère, non ? Pourtant, parfois dans la journée nous avons les nerfs à fleur de peau et l'envie d'être ailleurs, sans eux. C’est humain, on ne peut accuser aucune femme d’être inhumaine parce qu’elle ressent ces sentiments.

Le problème c’est qu’à cause de leur culpabilité incessante, les mamans essaient d’enfouir ce sentiment. Et c’est là que les problèmes commencent : ma culpabilité m’oblige à enfouir le fait que j’ai besoin d’être parfois sans mes enfants, que j’ai besoin de déléguer ; du coup je ne fais rien pour apaiser le signal que m’envoie mon esprit, qui se met ainsi en mode de défense pour éviter l’écroulement psychologique ! Et à chaque pleur, caprice, bêtise ou demande explicite de mon enfant, je vais le ressentir comme une agression à laquelle je vais répondre de façon à me défendre : avec nervosité, agacement, agressivité, crise. C’est l’épuisement maternel.

Les symptômes du burn-out maternel

- Une fatigue quotidienne qui trahit un épuisement émotionnel. Chaque individu dispose d’un réservoir d’énergie physique et psychologique. Les tâches liées à la vie quotidienne des parents usent petit à petit ce capital énergétique. La maman va alors se sentir vidée de ses ressources.

- Colères, irritabilité, nervosité : le parent épuisé craque et s’énerve à la moindre contrariété.

- Anxiété, déprime, pessimisme : le matin, le simple fait de penser à tout ce qui l’attend dans la journée donne des angoisses au parent.

- Mise à distance : pour essayer d’économiser ses forces, la mère prend ses distances, notamment sur le plan affectif, y compris dans son couple.

- Mauvaise image de soi : la maman réalise qu’elle s’éloigne chaque jour un peu plus de ce rôle de mère parfaite qu’elle cherchait pourtant à atteindre. Elle se dénigre, se déconsidère, perd confiance.

Cet épuisement entraîne des mots qu’on ne voudrait pas dire à ses enfants, des fessées qu’on ne peut pas retenir, etc. Ce genre de passage à vide, de nombreuses mères le vivent. Mais lorsque ça dure, lorsqu’aucune issue ne semble se profiler, le petit surmenage se transforme alors en véritable burn-out. Ce n’est pas le baby-blues, ni la dépression du post-partum, car l’épuisement dont nous parlons ici peut survenir n’importe quand. Dès la naissance, ou bien plus tard. Parfois dès le premier enfant ou bien au bout du quatrième. Mais surtout, il est tabou. Du coup, on n’en parle pas, on ne le soigne pas et on entre dans un cercle vicieux.

Mes conseils

- Il faut que votre femme vous parle de ce qu’elle ressent, sans faux-semblant. Rassurez-la en lui disant que vous ne la jugerez pas quoiqu’elle dise et qu’elle peut se confier à vous sans crainte. Proposez ensemble des solutions à mettre en place lorsqu’elle sent que la crise monte et qu’elle n’arrive plus à se contrôler (sortir de la maison, exercice de respiration, la remplacer dès qu’elle se sent submergée, etc.). À deux, on parvient toujours à tout résoudre.

- Aidez votre femme à lever le pied en organisant des soirées en tête-à-tête, ou bien même des week-ends, des journées pour elle toute seule, des moments pour voir ses amies, etc. Pour cela n’hésitez pas à réquisitionner baby-sitters, papi et mamie, tatas, etc. Une femme qui s’occupe d’elle, qui a du temps à se consacrer est une maman épanouie et sereine.

- Organisez ensemble un partage de tâches en mettant à contribution les enfants qui peuvent être une aide précieuse !

- Vous pouvez aussi aller voir ensemble une coach parentale. Hachem nous envoie des obstacles dans la vie avec l’intention de nous faire réfléchir dans le but de nous améliorer. Quoi de mieux que la parentalité pour nous dépasser ? Une coach parentale pourra vous donner de nouveaux outils à utiliser avec les enfants pour arriver à vos fins plus facilement sans crise, sans colère et apaiser ainsi toute la famille.

- Vous pouvez aussi lui conseiller des séances de réflexologie, une médecine parallèle qui peut lui apprendre à se détendre et à se contrôler dès qu’elle sent la crise pointer le bout de son nez.

- Il faut qu’elle réalise que la colère ne peut pas être une solution qui dure et qu’il est impératif de changer de méthode. Allez ensemble à des cours de Torah sur la colère afin de lui donner la motivation de trouver des solutions éducatives  plus adéquates.

- Si tout ceci ne fonctionne pas, peut-être y a-t-il un mal-être plus profond et il ne faudra pas hésiter à aller consulter un professionnel qui pourra l’aider à mieux se comprendre et à se sentir mieux.

On ressent à travers votre message votre inquiétude mais surtout votre envie de venir en aide à votre femme et c’est là que se trouve la clé ! Kol Hakavod ! Encore une fois les solutions se trouvent à deux et tous les obstacles se franchissent lorsque l’on est l’un avec l’autre et non l’un contre l’autre.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.