Ma maman de 91 ans est au plus mal, mais je ne veux pas la mettre dans un EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Je mets en place des équipes pour la garder chez elle le plus possible, mais rien ne marche. Mon fils est en instance de divorce, il part, laisse 3 enfants en garde alternée et il faut que je m’en occupe tous les Chabbath. Mon autre fils, divorcé, 2 enfants, vit un divorce qui se passe très mal et ses enfants sont en détresse ! À rajouter que j’ai une sœur qui craque psychologiquement de temps en temps ! Je prie tous les matins, mais que faire ? J’attends juste une réponse d’Hachem. De plus, je souffre terriblement de mon dos, à cause d’un accident de voiture en Israël où un automobiliste m’a renversée. Voilà, c’est mon épreuve, j’ai beau être très forte, mais les larmes coulent souvent en silence. Merci de votre aide et très bonne semaine. Je veux y croire, mais… On dit que la vie est un cadeau, mais là, c’est très dur à supporter. Merci.

La réponse de Mme Nathalie Seyman

Il y a des moments dans la vie où les mauvaises nouvelles, plus ou moins graves, s’enchaînent et nous emprisonnent littéralement. L’esprit est acculé de toute part et, par mécanisme de défense, il peut décider de se mettre en veille et nous rapproche dangereusement de la déprime ou, pire, d’une véritable dépression. Est-ce inévitable ? Comment réussir à se libérer des fardeaux que l’on peut traverser ? Examinons votre problématique.

Faire face aux épreuves de la vie

Dans la Torah, il écrit que rien de mal ne vient d’en haut. Alors comment expliquer les évènements qui nous ébranlent émotionnellement ? Comment réussir à voir de la lumière lorsque tout nous paraît obscur et rempli d’obstacles ? La réponse est que ce sont ces épreuves qui révèlent les forces les plus considérables de notre âme. Notre psychisme est fait de forces, mais aussi de failles, et c’est cet ensemble qui constitue notre identité. Et même si nous avons été protégés durant notre enfance et que nous avons pu nous constituer une identité sécure solide, il n’en est pas moins vrai que la vie nous déstabilise, souvent sur nos points de failles d’ailleurs, et nous oblige à trouver la force en nous de nous remobiliser, et, ainsi, nous reconstruire. Et c’est là que se trouve la plus grande force de l’être humain. La véritable force, admirée et admirable, n’est donc en aucun cas physique, mais se reflète dans notre aptitude à nous confronter à un quotidien difficile et dans notre sens de l’adaptation aux situations problématiques.

Si les événements négatifs ne dépendent pas de nous, notre attitude face à eux sera, elle, entre nos mains ! Nous pouvons décider de les prendre comme des coups de hache mis sur notre chemin par malchance et dont le but est de nous détruire. Ou bien, nous pouvons considérer que tout ce qui nous arrive, agréable ou pas, a un sens et aura comme finalité de nous faire grandir et nous améliorer.

Donc accepter cette épreuve en tant que défi envoyé pour nous faire avancer sera le premier stade. La suite comprend la recherche de solutions satisfaisantes et qui amélioreront la situation, et, pour cela, il faut parfois prendre des décisions difficiles, mais salutaires pour nous-mêmes. Une solution qui risquerait de faire plonger notre psychisme dans le désarroi n’est pas une solution ! Par exemple, le fait de devoir garder vos petits-enfants tous les Chabbath, si cela est trop difficile pour vous, n’est pas une solution satisfaisante pour votre psychisme à l’épreuve du divorce de votre fils ! Ou bien le fait de vouloir mettre en place des aides à domicile pour votre maman si rien ne fonctionne et que cela vous plonge dans le désespoir à chaque fois ! Les décisions les plus difficiles à prendre au début sont souvent celles qui, par la suite, se révèlent finalement les moins dangereuses pour soi et son entourage. Et si le chemin que nous ne voulons pas emprunter pour des raisons qui nous sont propres était finalement celui que nous devions prendre ? Tout en restant évidemment en accord avec les lois de la Torah. 

Cultiver notre force intérieure

Être fort, ce n’est pas ne jamais avoir peur, ne jamais se plaindre et accepter facilement ce que nous traversons. Nous ne sommes pas des robots ! Nous avons le droit d’en avoir marre, de parfois baisser les bras et même de nous écrouler. Mais l’important, c’est d’avoir pleinement conscience que demain ou après-demain, il faudra se relever. Être fort, c’est agir malgré ses peurs et ses doutes. C’est prendre le temps de pleurer nos pertes, nos problèmes, nos plaies, mais ensuite décider de réparer ce qui s’est cassé. Mais pour cela, il est indispensable de vivre pleinement la réalité, quelle qu’elle soit. C’est-à-dire de ne pas nier nos fragilités et décider de rebondir grâce à tous les atouts qui nous ont été donnés. Et même parfois, nos faiblesses peuvent être compensées pour être transformées en atouts ! Par exemple, dans votre cas, ce qui vous arrive avec votre maman peut vous avoir permis de bien connaître le système et ses failles, et, ainsi, d’appréhender avec plus de justesse les besoins de votre maman.

Mais la plus grande source de force qui nous est donnée réside en ceux qu’on aime. C’est par les autres, plus encore que par soi-même, que l’on se renforce. Où trouver un meilleur soutien et nos plus importantes ressources, sinon en l’amour de son mari, le soutien de ses amis et l’affection réconfortante de ses enfants ? Profitez de la présence de ceux qui vous apportent du positif pour reprendre des forces pour vous confronter aux événements difficiles que vous traversez. La force psychique se nourrit des relations affectives et positives. Aucun individu, et cela même dans le monde animal, ne devient fort et le reste s’il est tout seul. 

Mes conseils

- Pour chacun des problèmes qui vous rongent, posez-vous avec votre mari, une amie proche ou quelqu’un en qui vous avez confiance et proposez des solutions pour vivre la situation d’une meilleure façon. Puis, à chacune de ces solutions, pesez le pour et le contre. Et tenez-vous à ce que vous aurez décidé.

- Pour votre maman, peut-être l’EHPAD ne serait pas forcément une mauvaise solution. Souvent, notre génération ressent le fait de placer son parent dans un EHPAD comme un abandon. Or, cette réflexion est aussi absurde que celle de se dire que l’on abandonne un proche malade parce qu’on le place à l'hôpital ! Quand notre amour ne suffit plus pour protéger la personne que l’on aime des dangers extérieurs, que nos aptitudes médicales deviennent insuffisantes et que les difficultés liées à l’âge ne nous permettent plus de vivre pleinement la relation affective, alors la confier à des professionnels ne sera pas néfaste. Communiquez avec votre maman, il faut qu’elle comprenne que l’important pour vous est non seulement son bien-être, mais aussi que votre lien mère-fille reste fort et positif.

- En ce qui concerne votre fils en instance de divorce, il a évidemment besoin de votre soutien. Il vit une situation difficile et vous faites tout pour le soutenir. Mais il semble qu’il vous est difficile physiquement et moralement de garder ses enfants tous les Chabbath, et cela se comprend ! Ce n’est pas une bonne solution à ce que vous vivez, ni même à ce qu’il vit. Peut-être faudra-t-il prendre une décision qui permettra à votre fils de trouver sa place de père divorcé auprès de ses enfants ? Comme je l’ai dit précédemment, les décisions les plus difficiles à prendre au départ se révèlent les plus avantageuses par la suite.

- Au sujet de votre second fils, vous ne pouvez pas maîtriser ce qu’il vit, ni ce que vos petits-enfants ont vécu. Ce que vous pouvez faire en revanche, c’est leur accorder un moment de répit à leur épreuve, en faisant en sorte qu’à chacune de leur visite chez vous, ils puissent oublier leur détresse et devenir la ressource de leur force psychique.

- Enfin, pour votre sœur, je n’ai hélas pas assez d’éléments pour vous conseiller avec justesse. Est-ce une maladie ? Est-ce un caractère difficile ? Est-ce un conflit ingérable ? Selon l’un ou l’autre, il vous faudra prendre la décision de garder un peu d’énergie pour l’aider à aller mieux ou bien savoir accepter ce qui n’est pas en votre pouvoir et, ainsi, vous éloigner de ce qui vous est trop anxiogène.

- Cultivez la pensée positive. C’est un entrainement pour parvenir à voir toujours la vie du bon côté. Vivez pleinement chaque événement agréable et tentez de trouver le bon côté des choses dans chaque situation. C’est difficile, mais cela vaut le coup et nous permet de porter un autre regard parfois sur un problème, et trouver une solution inattendue.

- Ressourcez-vous dans la prière. Hachem n’oublie personne et soyez-en sûre : tout ce que vous vivez a un sens. Vous ne le percevez pas aujourd'hui, et c’est bien normal, mais c’est en vous relevant et en décidant d’avancer malgré les embûches, que vous finirez par comprendre ce que vous avez vécu. Vous pourrez regarder en arrière avec fierté tout le chemin que vous avez parcouru en battante.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.