L'éducation de nos enfants tient une place de choix dans la vie de chacune d'entre nous. Éduquer dans le strict respect de la Chémirat Halachone (lois du langage) met en valeur notre amour pour cette Mitsva. Sans jamais délaisser notre rôle de maman, nous devons être à l'écoute de nos enfants, tout en étant des exemples à leurs yeux dans l'accomplissement des Mitsvot, notamment celle de Chémirat Halachone.

Une maman qui dirait à son fils ayant reçu une mauvaise note : "Ce n'est pas la première fois que tu ramènes des notes médiocres dans cette matière : je doute que ton Rav soit à la hauteur et vous l'enseigne correctement !!!", témoigne de sa volonté de rassurer son enfant, mais en dénigrant l'enseignant. Son message est donc le suivant : la médisance est autorisée, elle va me permettre de t'aider à surmonter ton épreuve. La maman a ainsi déchargé son enfant de tout souci en désignant le Rav comme responsable de sa mauvaise note. Elle aurait cependant dû tenir d'autres propos pour soutenir son enfant, comme par exemple : "Qu'est-ce que tu dirais de recevoir des cours de soutien pour te redonner confiance en toi ?" Ou encore : "Essayons de trouver ensemble ce qui pourrait te faire progresser dans tes études. Peut-être as-tu tout simplement besoin de pratiquer une activité l'après-midi, afin de mieux te concentrer à l'école ?" En s'investissant positivement dans la vie de son enfant, elle créera ainsi un contact sain avec lui, et lui donnera confiance en lui. Son intervention est alors constructive et bénéfique.

Dans le cas où elle aurait à intervenir afin d'éviter un préjudice, comme l'éloigner d'une mauvaise fréquentation, elle pourrait le faire de la sorte : "Je vois que tu es amie avec la fille de nos voisins et je pense que cette fréquentation n'est pas adaptée à l'éduction que nous te donnons." Elle peut même donner des détails si besoin est (exposer les dangers…), car son intention est purement éducative et non pas diffamatoire. Elle doit cependant expliquer clairement pourquoi c'est permis afin d'éviter toute incompréhension.

Par ailleurs, il est important de ne pas instaurer dans le foyer une ambiance de crainte excessive face à l'interdit d'émettre (ou d'écouter) des paroles médisantes, et il est souhaitable de rester à l'écoute de nos enfants même si leurs récits en comportent. L'enfant qui vient raconter un évènement qui lui a été difficile émotionnellement a besoin avant tout d'une oreille compatissante, d'un soutien de la part de ses parents. C'est donc une Mitsva de l'écouter (sans prêter foi aux propos médisants) afin d'aider, de conseiller, et d'apaiser.

A l'inverse, si les propos de l'enfant sont diffamatoires et sans intérêt, il est bien de lui rappeler, avec délicatesse, l'interdit de Lachone Hara' et la récompense qui attend tous ceux qui se gardent de médire. 

La règle d'or pour respecter ces lois dans la bonne humeur, mais aussi dans la crainte, est de rester constamment "connectés" à cette Mitsva de Chémirat Halachone. Le fait d'en parler régulièrement nous évite de tomber dans une routine qui nous ferait oublier nos obligations. On pourra donc raconter aux enfants une anecdote vécue, étudier avec eux les lois de la médisance (en fonction de l'âge de chacun), raconter des histoires sur la récompense prévue à l'intention de celui qui se garde de parler de manière interdite… Les enfants perçoivent finement les sujets qui nous tiennent à cœur et qui sont placés au centre de notre vie. Dès leur plus jeune âge, il convient donc de les éduquer dans la crainte de cette Mitsva, afin que la maitrise de leur langue devienne une habitude naturelle.

Esther Ptit Haddad (auteur du livre "La Parole, mon outil", en vente à la librairie Galia ou au numéro de téléphone 02-5861297)