Yossé ben Yo’hanan de Jérusalem dit : “Que ta maison soit largement ouverte ; et que les indigents en fassent partie (...)” (Pirké Avot, chapitre 1 - Michna 5)

Nos Sages nous enseignent, dans les Pirké Avot, que “notre maison doit être largement ouverte”. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Nous recevons toutes, plus ou moins fréquemment, des invités, amis ou famille… Mais réalisons-nous pour autant cette grande Mitsva comme Hachem l’attend de nous ?

À l’image d’Avraham Avinou 

Recevoir des invités, cela signifie souvent “mettre les petits plats dans les grands” : on prépare le menu à l’avance, on fait les courses, on arrange la maison, on s’assure que les enfants sont lavés, coiffés, que tout le monde porte une jolie tenue… et on ouvre la porte, un sourire aux lèvres (et la fatigue déjà qui se fait sentir dans le bas du dos !).

Et oui, accueillir des invités, c’est toute une organisation, surtout pour nous qui souhaitons avoir une maison étincelante et espérons passer un moment de qualité ! 

Avec autant de préparations - et de stress -, autant dire qu’on ne peut pas recevoir autant qu’on le voudrait, et avec le temps… on finit par espacer les invitations !

L’hospitalité aujourd’hui est définie par “savoir recevoir”. Mais à l’origine, cela voulait dire “héberger gratuitement les passants, les étrangers”. Et qui mieux que Avraham notre patriarche pour illustrer l’idée-même de l’hospitalité ?

Bien sûr, il était à l’origine de la définition même. Sa tente était connue pour être ouverte à tous et lui se précipitait à la rencontre de tous ceux qui passaient. Qu’est-ce qui le motivait autant ? Sa nature sociable ?

En réalité, toute l’attention qu’il mettait à recevoir ses hôtes n’avait qu’un seul but : témoigner de l’existence d’Hachem. 

Et oui, Avraham et Sarah offraient plus qu’un repas : ils donnaient à manger et à boire dans le désert, un abri rafraîchissant à l’ombre d’un soleil de plomb, ainsi qu’une conversation agréable. Ainsi, ils veillaient à combler tous les besoins de leurs hôtes. De cette façon, ils témoignaient de l’existence du Maître du monde et enseignaient à Le remercier pour Ses bienfaits.

Recevoir, c’est donner

Du temps de nos grands-mères dans les mellahs ou les shtetls, les familles vivaient les unes tout près des autres, on connaissait tout de ce qui se passait chez la voisine et tout le monde était au courant de la situation financière de l’une ou du statut de l’autre ! Bien sûr, la promiscuité pouvait parfois être pesante, mais d’un autre côté, personne ne pouvait se plaindre de se sentir isolé !

De nos jours, on chérit une notion d’intimité, cette bulle que représente notre maison, et on ouvre la porte au compte-goutte, à un cercle d’intimes triés sur le volet… sans réaliser qu’on passe à côté de cette hospitalité si chère aux yeux de notre Créateur. 

L’essence même de la gentillesse est notre capacité à faire attention aux autres. Et c’est cela qu’Hachem attend de Ses enfants. De la même façon qu’Il se soucie de nous, nous devons également faire attention à ceux qui nous entourent. C’est cette bienveillance qui crée des liens solides entre chaque personne. Le Rav Dessler nous enseigne que “le don mène à l’amour”. 

Et oui, en ouvrant notre maison, on ouvre notre intimité, notre cœur à l’autre. 

Recevoir l’autre, c’est lui donner une place réelle. Cela dépasse le simple acte social, c’est un réel témoignage d’amour.

Ouvrir sa porte et son cœur

De la même façon qu'Avraham invitait chacun des passants sans distinction, en mentionnant “les indigents”, Yossé ben Yo’hanan ne se réfère pas uniquement à celui qui n’a pas de quoi se nourrir.

Être dans le manque, cela peut être à différents niveaux : manquer d’argent, de compagnie, de temps… Et c’est notre devoir en tant qu'hôtesse de veiller à accueillir chez nous et à combler ces manques. Concrètement, l’hospitalité peut signifier inviter des personnes seules (célibataires, divorcées) à sa table de Chabbath. 

Ou pourquoi pas recevoir une maman qui vient d’accoucher et, le temps d’un repas, lui offrir le repos d’une table qu’elle n’aura ni à servir ni à débarrasser ?

Et pour les familles dans une situation délicate, le fait de les inviter chez soi sera l’occasion de leur offrir non seulement un repas copieux, mais aussi la chaleur d’une maison, le réconfort de quelques mots. En un mot : la dignité.

Alors, la prochaine fois que vous aurez l’opportunité d’inviter une personne chez vous, même pour une heure, même pour un café (et même si ce n’était pas prévu !)... pensez qu'au-delà de cet acte de générosité, vous accomplirez quelque chose de bien plus grand : un acte d’amour inestimable… 

Béhatsla’ha à toutes !