Les fêtes juives sont souvent des fêtes orientées vers les enfants, ‘Hanouka, Pessa’h. Mais, sans aucun doute, Pourim est la plus typique d’entre elles.

Festivités, déguisements, et farces en tous genres sont au rendez-vous dès Roch ‘Hodech Adar. Mais si cette joie est bien agréable, le sens profond de la fête n’est pas toujours compris, et nous ne savons pas réellement ce qu’il faut transmettre à nos enfants.

Nous entendons souvent que nous pouvons atteindre à Pourim un niveau spirituel supérieur à celui de Kippour. Ainsi, Yom Kippour est appelé « Yom Hakippourim», c'est-à-dire « un jour qui est comme Pourim ».

De là, étant donné que celui qui est « comme » ressemble à son modèle sans être aussi élevé que lui, nous déduisons que Pourim est plus élevé que Kippour !!

Pourquoi ? Parce que nous devons atteindre le même niveau spirituel qu’à Kippour, mais au lieu de l’être dans la prière et la Téchouva, nous le sommes dans le festin et les rires.

Il semble ainsi évident qu’enfoncé dans la matérialité, il est bien plus difficile d’atteindre un haut niveau spirituel.

Une question se pose : Hachem attend de nous un très haut niveau spirituel, encore plus qu’à Yom Kippour, jour où nous jeûnons et prions du matin au soir. A Kippour, nous comprenons qu’Hachem nous met, si l’on peut dire, en situation pour nous rapprocher de Lui, et vouloir nous améliorer. Hachem nous aide à nous élever. A Pourim, de prime abord, c’est tout l’inverse, le festin, les blagues, l’alcool nous mettent dans une situation qui éloigne de la spiritualité. Cela signifie-t-il qu’Hachem nous tendrait un piège, ‘Hass Véchalom ? Qu’Il nous mettrait, en quelque sorte, des peaux de bananes ?

Bien entendu que non, et, bien au contraire, nous savons qu’Hachem nous donne toujours les outils pour arriver au but qu’Il nous fixe. Comme par exemple à Pessa’h où nous devons travailler notre Emouna (foi en D.ieu), la lecture même de la Haggada, avec tous les miracles qui ont accompagné la sortie d’Egypte, nous fait grandir dans notre Emouna.

A Pourim, l’ensemble des Mitsvot du jour doivent certainement être des aides, des outils nous permettant d’atteindre le but fixé, c'est-à-dire, rappelons-le, une élévation spirituelle supérieure à celle de Yom Kippour.
 

Quelles sont les Mitsvot de Pourim ?

1-         Lire la Méguila,

2-         Envoyer des « Michloa’h Manot », cadeaux composés de nourriture,

3-         Donner des dons aux pauvres,

4-         Faire un Michté, un festin entre amis.
 

Reprenons chacune de ces 4 Mitsvot

1 - Lecture de la Méguila : Nous savons que la Méguila relate un miracle extraordinaire où il y eut un merveilleux retournement de situation et où les Bné Israël furent sauvés d’une mort certaine.

La particularité de la Méguila est que le nom d’Hachem n’y est pas mentionné, pas même une seule fois. L’histoire semble une suite d’évènements fortuits, qui mène à une délivrance incroyable.

Cela vient nous apprendre que, dans chaque fait du quotidien, aussi insignifiant soit-il, Hachem est non seulement présent, mais Il dirige chaque instant de notre vie. La Méguila nous dévoile l’omniprésence d’Hachem dans notre vie quotidienne, dans ses détails les plus insignifiants, dans ce qui semble le plus banal. La Méguila nous suggère ainsi de regarder la vie avec un décodeur qui nous permet de percevoir la main d’Hachem, à chaque instant, de réaliser que lorsque je mange, dors, parle, marche… tout est sous Hachga’ha (Providence) d’Hachem. A Pourim, je peux faire des Mélakhot (travaux interdits Chabbath et Yom Tov), car je vis la vie de tous les jours, mais en renforçant ma conscience de la toute présence et de la toute puissance d’Hachem. Aucune situation n’existe sans qu’elle ne soit Sa volonté, aucune situation est bloquée, dans un sens comme dans un autre. Je peux être tout en haut de l’échelle et redescendre en une seconde, comme je peux être au plus bas et me retrouver au sommet en un instant. Mais ai-je cette conscience présente en permanence en moi ? A Pourim, je dois m’efforcer de l’avoir, car la lecture même de la Méguila m’appelle à me renforcer dans cette conviction profonde.
 

- Michloa’h Manot : Je confectionne des mets agréables pour offrir à mes amis, voisins, à ceux qui me sont chers, mais aussi, et peut-être surtout, à ceux qui le sont moins. C’est l’occasion de me rapprocher de quelqu’un avec qui les rapports peuvent parfois être difficiles, ou de témoigner mon amitié à une personne un peu lointaine. Toute l’année, je ne peux pas offrir des cadeaux, comme ça, sans raison, ce jour-là est propice au rapprochement.
 

- Matanot Laéviyonim : Je multiplie les dons aux pauvres, à telle point que la Halakha stipule que je ne peux pas donner à moins de deux pauvres, et la somme nécessaire à un repas honorable. Hachem vient nous dire : « Tu ne vas tout de même pas faire un festin avec tes amis alors que d’autres n’en on pas les moyens ». Par ailleurs, la Mitsva de tendre la main revêt une telle importance, qu’il est écrit que tout celui qui donne la main sans regarder à qui il donne, c'est-à-dire sans faire attention s’il est méritant ou non, Hachem exaucera ses prières, sans prêter attention à ses propres mérites !
 

4 - Le Michté : Cette Mitsva nous enjoint de nous réunir, en famille ou entre amis. C’est l’occasion d’inviter des gens qui habitent loin, car ils peuvent prendre la voiture. Dans la joie et la bonne humeur pour rapprocher les cœurs.

Nous constatons qu’après avoir lu la Méguila, nous faisons des Mitsvot entièrement tournées vers l’autre, dans le seul but de faire plaisir.

Nous voyons ainsi se dessiner le véritable sens de Pourim. Tout d’abord, je prends conscience de la présence d’Hachem dans chaque détail de ma vie, que Ein ‘Od Milévado, c'est-à-dire que rien n’existe en-dehors de Sa volonté, que rien n’est le fruit du hasard. Alors je me tourne vers mon prochain. Car les Mitsvot du jour sont Ben Adam La’havéro. Parce que rien n’est plus important pour Hachem que le Chalom, le bien que je fais à l’autre, l’attention que je lui porte.

Oui, Pourim est plus élevé que Kippour, car j’atteins le même niveau, mais dans mon quotidien. Et de quoi est fait mon quotidien ? De ma relation à l’autre. Nous vivons dans un monde où la relation humaine prime : mari, enfants, famille, amis, collègues… Hachem nous demande à Pourim de nous élever dans notre relation à l’autre, en cherchant à faire plaisir, grâce aux Mitsvot qui nous incombent.
 

Pourim, c’est faire plaisir, mettre de la joie dans la vie de mon ami

Les habitudes de se déguiser et de faire des blagues sont les bienvenues, car cela amuse, fait rire, et tel est bien le sens du jour.

Mais attention, si je fais une blague qui n’amuse pas l’autre, si des enfants décident de faire un sale coup à un prof, ou se moquent « gentiment »,  mais en réalité blessent, ce n’est pas seulement être à coté du sens de Pourim, c’est exactement à son opposé.

Quelle joie de donner et de sentir qu’on a fait plaisir. Réfléchissez, quand nous faisons un cadeau, qui est le plus heureux ? Celui qui donne !

Alors, ce Pourim, réfléchissons à ce qui fera plaisir, en tout premier, à notre mari et à nos enfants, et aussi à nos proches et à ceux qui sont plus éloignés. Voilà ce qui fera le plus plaisir à Hachem !!

C’est ainsi que j’atteins un niveau extraordinaire, aussi élevé qu’à Kippour, et même plus, car ce n’est pas en m’isolant seule devant mon livre de prière, mais dans mes actes du quotidien.

De même qu’à Kippour je mets un zoom sur mes devoirs vis-à-vis d’Hachem et que je me comporte telle que je souhaiterai être toute l’année dans mon service Divin, même si je sais que je ne pourrai tenir ce niveau toute l’année, je me montre telle que je voudrais être.

De même, à Pourim, je mets un zoom sur mes devoirs envers mon prochain et je me comporte telle que je souhaiterai être toute l’année vis-à-vis de l’autre, même si je sais que je ne tiendrai pas non plus ce niveau, au moins je montre à Hachem ce que je voudrais être.

Je montre à mes enfants que je veux leur faire plaisir, dans les déguisements, le maquillage, les friandises, etc. Et je leur apprends à faire de même avec leurs camarades. Je les aide à réfléchir comment faire plaisir et à qui. Peut-être un enfant s’est-il disputé avec un camarade ? C’est l’occasion de lui faire un beau Michloah Manot. Une amie de ma fille a de la peine ? J’aide ma fille à rédiger un gentil mot.

Je peux aussi inventer des blagues rigolotes ! Celles qui amusent tout le monde, pas seulement celui qui la fait. Bref, je crée une ambiance dans la maison de joie et de respect de l’autre !

Pourim Saméa’h !