Avez-vous déjà entendu parler du concept de la force de la pensée ? Voilà que dans notre Paracha, Ya'akov Avinou parvient à transformer les pensées de son frère Essav et à changer son projet. De quel projet parle-t-on ? Essav détestait Ya'akov, c'est pourquoi il voulait le tuer. Lorsque les messagers revinrent de chez Essav et annoncèrent à Ya'akov qu'il venait avec de très mauvaises intentions, accompagné de quatre-cents hommes, Ya'akov, pressentant le danger, se prosterna devant Essav sept fois jusqu'à ce qu'il s'approche de lui. Il s'efforça alors de penser en son cœur de bonnes choses à son égard jusqu'à que ce qu'il redevienne comme son frère.

Nos Sages nous enseignent : “Comme dans l'eau, le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent” [1].

Rabbi ‘Haïm Zonnenfeld (Rav de Jérusalem il y a quelques dizaines d’années) fut sauvé de la mort alors qu’une bande de voyous le menaçait de mettre terme à sa vie. Il raconta à sa famille comment par la force de la pensée, il a réussi à faire fondre le cœur de ces malfaiteurs. À ce moment de danger, dit-il, j'ai essayé de leur trouver des circonstances atténuantes, au point d'arriver à avoir pour eux de la pitié, de la miséricorde et non plus une seule once de rancœur. C'est de cette manière, que le Rav a réussi à transformer leurs mauvaises intentions et à faire descendre le malfaiteur de son cheval qui supplia le Rav de lui pardonner.

Cette histoire extraordinaire et tellement stupéfiante vient nous apprendre la puissance des pensées positives et combien celles-ci ont le pouvoir de créer une réalité positive.

Le Rav Dan Tiomkin, dans son livre ”Bosser Hamalakhim” ramène une parabole tirée du Midrach (Béréchit Rabba) qui nous éclaire sur le chemin à emprunter pour ramener à la Torah des enfants qui se sont éloignés de la voie spirituelle. Il s'agit d'un coq qui s'est entièrement sali en se remplissant de terre. Pour le rendre propre, il faudra travailler dur en essayant de nettoyer chaque plume. Mais si celui-ci veut se débarrasser de cette saleté de lui-même, il suffira qu’il se secoue et ce sera fini.

Comment arriverons-nous à influer sur nos enfants pour qu'ils abandonnent le mauvais chemin et qu’ils choisissent le bon ? Rabbi Moché Cordovéro, dans son livre « Tomer  Dvora » nous révèle le secret de la réussite dans l'éducation : ”Il s'habituera à remplir son cœur d'amour envers son prochain, et même envers les mécréants, en pensant aux côtés positifs qu’ils détiennent, et il ignorera leurs défauts et ne regardera que leurs bons traits de  caractère”. C'est comme cela que l’on crée des pensées de repentir chez autrui !

Tout simplement, se mettre à le juger avec indulgence. S’efforcer de changer le focus. Commencer à se concentrer sur ses qualités, sur ses forces et non sur ses imperfections. Au lieu de vouloir les corriger, leur prouver qu'on les accepte comme ils sont et qu'on les aime de manière inconditionnelle.

Comprendre l'origine de leur malaise pour transformer la colère en pitié !

Pour cela, il faudra arrêter de les juger, et arracher l'étiquette qu’on leur a collée (imbécile, paresseux, insolent…)  en comprenant que ces enfants sont tout simplement victimes de toutes sortes de choses comme :

  • Un traumatisme causé à la suite d'un divorce, un accident, un attentat,…
  • Des difficultés scolaires dues a des problèmes de concentration ou de compréhension... Les enfants qui souffrent d’hyperactivité sont en quelque sorte prisonniers du présent. Ils n'arrivent pas à se retenir, à se contrôler en vue de leur réussite future.
  • Des enfants qui font partie de familles qui ont changé de pays (nouveaux immigrants). Ils subissent des difficultés d'adaptation à une nouvelle mentalité, une nouvelle vie, une nouvelle langue, ce qui peut créer chez eux des problèmes d'identité.
  • Des enfants dont les parents ont fait Téchouva (ces enfants subissent parfois du stress de la part de leurs parents qui essayent de renforcer leur nouvelle identité orthodoxe).

Il faut savoir qu'il y a des enfants qui n'appartiennent à aucune de ces catégories « à risque » et pourtant, autour de l'adolescence, ils se mettent à développer un comportement nonchalant, une sorte de grève générale : pas d'étude, pas de prières, réveils tardifs...

Le Rav Ouri Zohar, dans son livre “Avot al Banim”, explique que chez ces jeunes adolescents, il y a des murailles de pierres qui recouvrent leur parcelle divine. Et cela n'est pas un hasard, puisque nous vivons la dernière génération qui nécessite des dernières réparations !

Avant la venue du Machia’h, viennent au monde les Néchamot (âmes) les plus” abîmées” de toutes les générations qui se caractérisent par beaucoup d'insolence. Ces Néchamot doivent traverser des épreuves très difficiles pour faire monter des étincelles de sainteté qui se sont mélangées à elles [2]. Le Rav continue et nous dit : « si nous voulons les aider à retirer cette muraille de pierres qui recouvre leur parcelle divine, ce n'est pas en tapant dessus, il faut juste essayer de la faire fondre ».

Et comment ? Avec beaucoup de patience et beaucoup d’amour !

Ces jeunes ne sont pas méchants, ils ne le font pas exprès, ils sont tout simplement victimes de pressions internes et externes. Ils ont besoin de parents qui compatissent et qui continuent à les aimer malgré l'insolence, l'habillement provocatif ou la nonchalance maladive.

Le Rav Ouri Zohar raconte dans son livre que tous ses garçons lui ont fait voir les étoiles ! L'un d’eux dormait toute la journée et sortait toute la nuit jusqu'à l'âge de 27 ans. Et comment l’accueillait-il au retour de sa vie nocturne ? Et bien, en posant sur la table du salon ses gâteaux préférés et un mot écrit à la main : ”On t'aime”.

Prenons exemple de ce géant, et nous aurons le mérite de faire partie des élèves de Aharon Hacohen qui, par l’amour qu'il déversait sur ses prochains, arrivait à les rapprocher à la Torah [3].

Chabbath Chalom à toutes !

 

[1] Les proverbes (27,19)

[2] Zohar

[3] Pirké Avot