De nombreuses images circulent ces derniers jours de mariages ou de funérailles organisés en Israël dépassant largement le nombre de personnes autorisées par les règles de confinement.

Il s'avère que la ville orthodoxe où je vis, Bnei Brak, est la ville la plus touchée par le virus au cours des derniers jours.

Beaucoup pensent que le leadership juif orthodoxe et ses Rabbanim n’appellent pas à respecter les règles, d’où les problèmes actuels. J’ai donc voulu via ce post préciser ce qu’il se passe réellement.

Déjà, pour bien comprendre le sujet, il faut savoir que le monde orthodoxe est pour la quasi-totalité uni, même s'il existe malheureusement quelques petites factions qui ne respectent pas les règles émises par les leaders religieux et suivent quelques leaders très isolés.

Et ce sont ceux qui sont mis en avant dans la presse et sur le net, soi-disant au nom du monde religieux, comme ne respectant pas les règles.

Il faut savoir que, dès le premier jour de la mise en place des premières décisions par Binyamin Netanyahou, et notamment le fait de mettre en quarantaine les personnes arrivant de l’étranger pendant 15 jours, les Rabbanim répondaient unanimement que si l’on connaissait une ou plusieurs personnes qui ne respectaient pas ces règles, il fallait les dénoncer à la police immédiatement. J’ai, à titre personnel, menacé plusieurs de mes amis de cela suite à cette décision.

De la même manière, quand les prières ont été limitées à 10 personnes, ces mêmes Rabbanim répondaient qu’il était interdit d’organiser de plus grands offices et que les deux mètres de distance entre les personnes devaient être respectés.

Pour simplifier, il faut, selon les leaders religieux, écouter à 100% les règles du Ministère de la Santé.

Lors du premier appel de fermeture des écoles, les écoles orthodoxes pour filles ont fermé, mais celles pour garçons ont continué quelques jours, en espaçant les élèves de deux mètres et en interdisant plus de dix personnes par classe. Tout cela était permis par la loi, car ces écoles ne font pas partie du circuit éducatif israélien classique. Celles-ci ont, sous les ordres de Rav ‘Haïm Kaniewski, leader du monde orthodoxe, voulu continuer l’étude de la Torah qui, selon notre tradition, est d’une importance cruciale, mais, évidemment, sans prendre le moindre risque.

Pareil pour les Yéchivot, les personnes étudiaient à deux mètres de distance et, souvent, en extérieur, comme à la Yéchiva de ‘Hévron (la Yéchiva a fermé depuis).

Après quelques jours, nous nous sommes tous rendu compte que garder les distances était compliqué et qu’il y avait toujours quelques “rigolos” qui s’amusaient à passer entre les rangs. Cela arrive partout, il y aura toujours des ploucs qui veulent faire les beaux et qui pleurent ensuite de la catastrophe.

Depuis plus de 10 jours, les écoles sont fermées, les Yéchivot aussi. Il y a des programmes au téléphone via des serveurs vocaux qui permettent aux élèves d’étudier, mais, à part ça, nous vivons à la maison.

En ce qui concerne les synagogues, elles sont restées ouvertes avec dix personnes maximum, comme le veut la loi.

Pareil, avec le temps, on s’est vite rendu compte de la difficulté. Cela est quasiment impossible. La loi a ensuite demandé de prier à dix, seulement en plein air, et Rav Kaniewski a demandé ce dimanche 29 mars de ne pas DU TOUT prier à plusieurs et de rester chez soi. (Il en a profité pour répéter qu’il faut dénoncer ceux qui ne respectent pas toutes les règles à la police.)

A titre personnel, je pense que le gouvernement doit être beaucoup plus sévère dès maintenant, en utilisant l’armée pour mettre en garde et sanctionner la population.

Il faut aussi que la communication soit beaucoup plus forte avec des annonces dans les rues, étant donné que beaucoup n'ont pas d'accès à internet ou de smartphone. Certaines associations privées ont diffusé des messages, mais ce n’est clairement pas suffisant.

Sachant que nous sommes en période d’avant les fêtes de Pessa’h et qu’il est clair que c’est la période de l’année la plus active pour faire ses courses, les gens se sentent donc obligés de sortir en se disant qu’ils “n’ont pas le choix”… Ce qui est malheureusement souvent vrai. De plus, le fait qu’une partie du public soit déconnecté d'internet les a empêchés de suivre les directives en temps réel et la gravité du problème dans une époque où chacun est tellement occupé.

D’autres pensent qu’il est “bon” de ne pas sortir, mais que ce n’est pas obligatoire… La preuve, la police ne dit rien, alors qu’elle les voit dehors.

Il faut, pour finir, rappeler que Bnei Brak est la ville à la plus forte densité de population du pays avec une très forte fraternité entre ses habitants et une majorité de famille nombreuse (il y a quelques années, on parlait de 8 enfants par couple en moyenne). Beaucoup de gens s’invitent les uns les autres, des fêtes sont organisées tout le temps (Bar Mitsva, mariages, cours de Torah, etc.). Les maisons sont souvent petites pour les enfants, qui jouent dans les cages d’escaliers ou en bas de chez eux…

Tous ces éléments permettent de vivre une vie merveilleuse en temps normal, mais posent malheureusement de grands risques de contagions en période d’épidémie.

Beaucoup de personnes antireligieuses trouvent désormais le prétexte du virus pour cracher encore le venin sur la population religieuse, comme elles le font à chaque occasion pour justifier leur propre vie juive laïque remplie de paradoxes et non-sens. Mon message est donc là pour mettre les choses au clair. La population orthodoxe redoute le Virus quand elle est informée et le craint comme tout le monde, mais les paramètres ne peuvent pas être comparés à ceux de Tel Aviv ou de toute autre ville.

Je sais évidemment que cela ne fera pas taire les propagandistes, mais j’espère juste qu’il permettra de mettre les pendules à l’heure.

En attendant, faisons attention à ne pas semer le Lachone Hara’ (médisance) et la zizanie dans notre Peuple, surtout dans cette difficile époque, où nous avons besoin de fraternité et d'union, suivons toutes les instructions à la lettre, soyons encore plus rigoureux que ce qu’on nous demande et n’oublions pas de prier le Ciel de guérir tous nos malades et d’arrêter cette lourde épreuve. Amen.