Le fait que l’on reprenne la lecture du cycle biblique, au lendemain des fêtes de Tichri, impose une nouvelle réflexion sur l’essence et l’existence de l’humanité. La question « où ? » ne s’adresse pas qu’au présent, mais implique une origine : « D’où ? », et annonce un but « Vers où ? ». C’est la question posée par l’Éternel au Premier Homme : « Où es-tu ? » D.ieu ne savait-Il pas se trouvait Adam pour lui poser cette question ? C’est une question banale, mais essentielle. Quelle signification dans le temps comme dans l’espace ? Réfléchissons bien : il ne s’agit pas du POURQUOI (cause, ou but). Cela a été dit clairement à Moché Rabbénou qui, lui, demandait une explication sur la question : « Pourquoi les méchants sont-ils heureux et les justes sont malheureux ? » Il n’est pas dans notre ambition de comprendre le Pourquoi, on ne peut le comprendre qu’après coup ! La question n’est pas non plus une question de savoir QUOI. La Torah nous dit quoi faire. Alors, « OÙ » implique une question sur notre situation. Et c’est à partir de cette interrogation qu’il importe de réfléchir. La question est éthique : savons-nous quelle est notre place dans l’univers ? Avons-nous un rôle à jouer dans notre passage sur cette terre ?

Un professeur israélien à l’Université de Jérusalem vient de publier un livre sur les deux derniers siècles et relève que « depuis deux cents ans, il s’est passé quelque chose de spectaculaire : les progrès technologiques ont transformé l’humanité » (L’Express n° 3715, p. 70-71) et il précise que « l’ingéniosité de l’homme que l’on a pu constater tout au long de l’histoire nous permet d’espérer surmonter les crises à venir, dues entre autres au réchauffement climatique ». Il faut espérer, selon lui, qu’un « usage de technologies respectueuses de l’écologie permettra d’éviter des scénarios catastrophiques prévus dans les médias ». On désirerait bien partager cet optimisme prudent, mais deux éléments nous l’interdisent. N’oublions pas, d’abord, que les cent dernières années ont aussi été le théâtre des plus grandes tragédies de l’histoire : Shoah, génocides, dégénérescence morale totale, destruction des cellules familiales, tous ces fléaux ont accompagné les avancées technologiques. De plus, un second facteur nous invite à réfléchir. Que signifie cette « ingéniosité de l’humanité » constatée au long de l’Histoire, qui a évité les situations catastrophiques ? Est-ce un hasard que l’humanité « avance » d’un point de vue technologique ? N’existe-t-il pas une Puissance supérieure Qui assure le succès des technologies, Qui permet les progrès scientifiques, médicaux ? A-t-on remarqué, par exemple, que la découverte des médicaments antibiotiques a été parallèle à la découverte de la puissance destructrice des armes nucléaires ? Et l’on pourrait multiplier les exemples !

Ici apparaît la question de l’Éternel au Premier Homme : « Où es-tu ? » et la question que chacun doit se poser : « Où sommes-nous ? » aussi bien individuellement que socialement. N’oublions pas le Créateur ! Les savants sont en train de s’interroger sur la nature du « trou noir » qui est à l’origine du « big-bang » qui fait que la température du soleil permet exactement la survie sur la planète terrestre. Qui permet que les réserves fossiles (pétrole, gaz) suffisent à assurer l’utilisation des données technologiques ?

Il est essentiel de se rendre compte qu’il y a un Acteur. Le chercheur israélien, cité précédemment, devrait redécouvrir ses sources. Un monde insensible à l’existence du Créateur ne peut finalement aboutir qu’à une impasse. Il nous revient de faire connaître le message de Celui Qui a donné au monde la possibilité d’exister. Alénou LéChabéa’h - il importe que nous louions et reconnaissions Son action dans le monde. La question posée « Où es-tu ? », sachons reconnaître qu’elle nous interpelle tous, et ce n’est qu’ainsi que l’humanité sera assurée de son avenir. Ayons confiance dans les promesses prophétiques, découvrons la Hachga’ha dans l’Histoire. Ainsi nous répondrons à l’appel divin : « Où es-tu ? » et nous saurons comprendre  nous sommes.