« Vous les enseignerez à vos enfants pour en parler, quand tu es assis dans ta maison, et quand tu marches dans le chemin, et quand tu te couches, et quand tu te lèves. » (Dévarim 11:19)

Nous avons l’obligation de réciter les paragraphes du Chéma deux fois par jour. La Torah nous enjoint d’enseigner à nos enfants les Mitsvot afin qu’ils parlent de Torah. Puis, elle ajoute quelques situations où ceci s’applique – quand nous sommes assis chez nous, quand nous sommes en voyage, quand nous nous couchons, quand nous nous levons. Le Ktav Sofer[1] note l’apparente superfluité de ce long passage de la Torah qui aurait pu « se contenter » de dire qu’il faut les enseigner à nos enfants pour qu’ils discutent de Torah.

On nous apprend ici qu’il ne suffit pas que nos enfants étudient la Torah et pratiquent les Mitsvot quand nous sommes à la maison, en train de les exhorter à cette fin. Mais même quand nous ne sommes pas avec eux, ils doivent être éduqués au point d’étudier la Torah et de faire les Mitsvot, même sans qu’on le leur dise. Ainsi, la Torah souligne l’importance d’une Avodat Hachem dont l’enfant est l’initiateur, sans qu’il ait besoin d’être encouragé par ses parents ou par un autre éducateur.

C’est un principe très important, quoique peu connu, dans le ’Hinoukh. Il est parfois assez simple d’influencer nos enfants à agir de la façon dont nous souhaitons qu’ils se conduisent quand nous sommes présents – parce que nous sommes plus puissants qu’eux et qu’il est à espérer, au moins dans leur jeune âge, qu’ils comprennent leur devoir de nous obéir. Mais nous devons nous assurer qu’ils continuent à observer les préceptes de la Torah, même quand ils grandissent ou en notre absence.

Comment y parvenir ? Pour ceci, il faut leur inculquer la Émouna et qu’ils aient conscience que le but de la vie est la Avodat Hachem et le respect des Mitsvot. S’ils intériorisent ce message, nous pouvons avoir la certitude qu’ils suivront le bon chemin, même plus grands.

Rav Yaacovson exprime cette idée en séparant notre rôle d’éducation en deux parties principales, qu’il appelle « Haf’ala » que l’on pourrait traduire par « contrôle » et « ’Hinoukh ». Le terme « ’Hinoukh » signifie littéralement « inauguration, initiation » (comme dans ’Hanoukat HabaÏt – inauguration d’une maison). L’éducation – ’Hinoukh, c’est avant tout inculquer à nos enfants les valeurs et les conduites qui constitueront des bases solides afin qu’en grandissant, ils désirent poursuivre dans cette voie. En revanche, le « contrôle » est une façon de faire faire à l’enfant ce que le parent souhaite à un instant donné, ce qui peut être obtenu en se montrant autoritaire à son égard. Le contrôle peut s’avérer nécessaire, mais sans ’Hinoukh, on risque grandement de ne pas retrouver ces comportements – pris par habitude ou effectués par nécessité – dans le futur.

L’histoire suivante illustre bien cette idée. Un jeune garçon avait totalement rejeté le mode de vie de ses parents et n’était plus pratiquant. Quand on annonça au père que son fils ne priait même plus, il manifesta sa surprise. « J’ai tellement investi dans les prières de mon fils ! Comment expliquer cet échec ? » Il expliqua ensuite comment il avait « enseigné » à son fils à faire sa Téfila. « J’ai toujours pris soin de l’emmener à l’office et de l’assoir à mes côtés. Je ne m’accordais même pas le luxe de me concentrer sur mes propres Téfilot ; je gardais constamment un œil sur lui. Je m’assurais qu’il suive dans son Sidour et s’il commençait à rêvasser, je l’arrêtai immédiatement afin qu’il replonge les yeux dans son Livre. »

On posa la même question au garçon qui répondit : « Il n’y a rien que je déteste plus que la prière. J’ai attendu avec impatience le jour où je serais assez grand pour pouvoir arrêter de prier. Le simple fait d’entrer dans une synagogue me remplit d’un mauvais sentiment. Je pense que c’est parce que mon père était très dur avec moi en ce qui concerne la Téfila ; c’est tout simplement devenu un fardeau insupportable. »

Certes, le père parvint à forcer son fils à prier, mais au lieu de lui donner une image positive de la Téfila, il anima en lui une violente répulsion, et dès que l’enfant fut suffisamment grand pour s’en écarter, il saisit cette opportunité.

Voici l’une des failles soulignées par le Ktav Sofer ; on peut « forcer » son enfant à accomplir les Mitsvot en notre présence, mais sur le long terme, celui-ci s’en déchargera probablement dès qu’il pourra se libérer des « chaînes » de ses parents. Il faut tout faire pour éduquer ses enfants de manière positive, quant à la valeur des Mitsvot, et que leur pratique soit vécue comme une expérience agréable.

Puissions-nous tous mériter d’atteindre le niveau voulu par la Torah, en matière de ’Hinoukh.

 

[1] Ktav Sofer Al Hatorah, Dévarim, 11:19 – Vélimadtem.