Logo Torah-Box

Conseils pour se relever après une 'Avéra

Rédigé le Vendredi 18 Avril 2014
La question de Emmanuelle C.

Bonjour,

Comment peut-on faire pour ne pas culpabiliser lorsqu'on fait une 'Avéra involontairement ?

Quel conseils pourriez vous donner pour ne tomber dans le piège de se rabaisser et de se focaliser sur les aspects négatifs ?

La réponse de Rav Yossef LORIA
Rav Yossef LORIA
1151 réponses

Chalom Mme,

Je vous transmets en avant-première, un paragraphe de mon prochain ouvrage B'H qui traite beaucoup de votre question :

Est-il possible de se relever après avoir fauté ? Comment se détacher de la faute ?

La faute ébranle le fauteur : dès qu’il a laissé une ouverture au mauvais penchant et a goûté au péché, il éprouve une grande difficulté à se soustraire aux griffes de cet incitateur plus fort que l’être humain. Comment donc est-il possible de se relever après avoir fauté ?

La réponse à cette grave question se divise en deux éléments :

1. L’Eternel ne nous juge pas sur le résultat final, mais seulement sur les efforts investis pour essayer d’atteindre un objectif spirituel, même si celui-ci n’aboutit pas. Les bonnes intentions de l’individu qui veut bien agir, l’ambition, et les aspirations ne sont pas vaines même si elles ne sont pas couronnées de succès.

2. L’Eternel nous ordonne seulement d’atteindre des objectifs et de faire face à des épreuves que nous pouvons surmonter. L’homme doit prendre conscience de son gigantesque potentiel et savoir que si cette épreuve lui est présentée, c’est qu’il a nécessairement les forces morales et spirituelles d’y faire face. Alors pourquoi l’homme se sent incapable de surmonter ses tentations intenses ? Car il ne croit pas en la facilité de la Techouva, du repentir.

Comment concevoir l’accomplissement d’une bonne action après avoir fauté ?

Il est vrai que l’éventualité d’accomplir une bonne action immédiatement après avoir fauté est susceptible d’éveiller en soi une sensation de manque de cohérence, de contradiction flagrante, de paradoxe manifeste. On pourrait objecter : « Comment puis-je concevoir d’accomplir une mitsva maintenantalors que, quelques minutes seulement auparavant, je me suis souillé par le péché ? » Bien que cette objection semble logique et sincère, elle n’est autre que le fruit du yétser hara qui n’est jamais à court d’arguments !

L’homme doit savoir que la logique divine dépasse l’entendement humain. Bien que notre raisonnement semble logique, nous devons nous plier à la volonté de Dieu même au moment de la chute spirituelle, car alors nous sommes plus vulnérables aux attaques du yétser hara. L’homme doit donc mettre de côté ses sentiments de culpabilité, renoncer à son intellect et accepter de se soumettre à la volonté de Dieu même après la faute. Il faut qu’il recherche immédiatement la première mitsva à accomplir.

Ceci signifie que l’homme doit se plier à la volonté Divine aussi bien avant de fauter qu’après avoir fauté ! L’être humain doit prendre conscience que Dieu existe aussi bien avant la faute qu’après la faute, conformément aux treize attributs divins : 

"יהוה, יהוה אל רחום וחנון ארך אפיים ורב חסד ואמת נוצר חסד לאלפים נושא עוון ופשע וחטאה ונקה"                                                                                   

« Hachem ! Hachem, Le Dieu de miséricorde, de pitié, de longanimité,  plein de bonté et de vérité. Il conserve la bonté pour mille générations, pardonne la faute, le péché, l’erreur et nettoie (nos méfaits)»

Pourquoi le verset dédouble-t-il le nom de Hachem ?

Pourquoi le nom de Hachem est-il mentionné deux fois au début du verset ? Pour nous enseigner que Dieu est avec nous aussi bien avant la faute qu’après la faute.

L’homme doit ressentir la présence de Dieu aussi bien au moment de son ascension spirituelle, lorsque Sa présence est évidente et dévoilée, qu’au moment de la faute lorsque la Présence divine est voilée. Dans l’obscurité où il se trouve, il doit rechercher la Providence cachée.

Les livres saints stipulent que l’homme qui désire se repentir doit être « expert dans l’aller et dans le retour », comme le mentionne le Zohar : Heureux est celui qui rentre et qui sort. Ceci est sous entendu dans les Psaumes : « Si je monte au Ciel, Tu es là. Si je descends en enfer, Te voilà ». C’est-à-dire que la Providence nous suit aussi bien lors de la mauvaise action qu’au moment de la bonne action, conformément au verset de Chir Hachirim : « Je suis à mon bien aimé, et mon bien aimé est à moi ». La première partie du verset évoque l’ascension spirituelle et la seconde indique la chute. Le prophète Isaïe dit à ce sujet : « Tu Le respecteras lors de l’accomplissement de tes chemins ». Il s’agit là des deux chemins ; la montée et la chute. Cela signifie que le repentir nécessite de savoir servir l’Eternel même après la faute, et alors l’homme se verra couronné du véritable respect, et La Main Droite de Dieu s’étendra pour recevoir sa Téchouva (son repentir).

Comment réparer lorsque l’on est investi d’une mauvaise pulsion?

Lorsque le fauteur commence son chemin vers le repentir, au début, il est éloigné sciemment. Il lui semble que son repentir n’est pas accepté dans les Cieux, et qu’on ne désire pas son retour. Il doit se montrer tenace et persévérer car, en réalité, Dieu attend impatiemment le retour sincère du fauteur. Il faut beaucoup de courage pour dépasser les obstacles. Combien d’efforts semblent investis en vain, combien de forces paraissent perdues sans le moindre signe encourageant, sans voir ses efforts couronnés de succès !

L’individu est susceptible de ressentir qu’il n’a pas encore atteint les portes de la sainteté. En effet, il est encore entouré de matérialité, assailli de désirs et de tendances négatives. A chaque effort qu’il fait pour s’écarter du mal, il essuie un échec cuisant.

Combien de prières, de tentatives, de supplications pour être sauvé du mauvais penchant, mais toujours pas de réponse. L’individu est susceptible de penser que L’Eternel ne désire pas de son service, n’accepte pas son retour et ne répond donc pas positivement à sa démarche.

Il faut savoir que cette sensation est totalement erronée, et qu’au contraire Dieu désire ardemment son service et chérit chacun des efforts investis. Il espère intensément que l’individu se relève et continue à montrer de la bonne volonté malgré ses nombreuses tentatives. Le travail que le Saint béni soit-Il attend de l’homme est de ne pas désespérer et de se renforcer sans relâche, de ne pas tenir compte des échecs et d’ignorer la sensation d’éloignement, car au contraire, Dieu attend ardemment ses efforts renouvelés. Car cet éloignement n’est que rapprochement.

Ce processus qui nous donne la sensation que nous sommes loin de Dieu et que nos péchés sont trop graves ou trop nombreux, et que nos fautes sont trop profondément gravées en nous, fut le lot de tous les Tsadikim de toutes générations. Leurs témoignages personnels prouvent qu’ils ont tous éprouvé cette sensation d’éloignement et de désespoir devant la puissance dominatrice de leur Yetser Hara. La seule différence entre le Tsadik et le commun des mortels, est que les Justes n’ont pas fait cas de ces sensations de désespoir. Ils n’écoutaient pas la voix intérieure qui criait au fond de chacun « Tu es trop loin de Dieu ! Le mal est trop ancré en toi ! Tes entrailles sont totalement imbibées de la pulsion et ne pourront jamais se séparer de cette dépendance à la faute ! etc… ». Les justes témoignent ouvertement que s’ils avaient fait cas de ces sentiments de culpabilité, ils n’auraient jamais atteint un tel niveau dans leur service divin.

Voilà donc le secret du repentir : continuer à avancer, aspirer à atteindre le sommet malgré les innombrables chutes. Ne pas se morfondre sur le passé, se concentrer sur le présent et espérer un futur positif. Le gagnant est celui qui considérera le jour nouveau comme l’occasion de remettre le compteur à zéro, comme une vie nouvelle.

Le Tsadik (juste)est celui qui continue à croire en lui-même. Le Racha (mécréant) est celui qui a perdu espoir en son potentiel et qui a succombé à ses sentiments de culpabilité. Il faut impérativement nourrir son optimisme et renouveler ses espoirs.

Croire en soi-même : la clef de la réussite !

Dieu aime chaque Juif comme son propre fils. Si Son enfant a fauté, Il ne cesse d’espérer qu’il entamera de nouveau la démarche du repentir. Comme le Talmud le décrit : כי לא יחפוץ במות המת« Dieu ne désire pas la mort du mort » (car un mécréant est considéré comme ‘mort’ spirituellement même de son vivant). Il espère le retour du pécheur, fût-il le plus grand mécréant de la génération. Et, à plus forte raison, Il espère en chacun de nous car, malgré nos nombreuses fautes et nos défauts, nous désirons respecter la volonté divine et accomplissons de bonnes actions de temps à autre.

Le vainqueur est celui qui sait rechercher ses points positifs.

Avez-vous aimé ?
Soyez le premier à commenter cette réponse Rav Yossef LORIA