Chalom,
Je voudrais savoir pourquoi on a arrêté d'écrire la Torah ? Ne devrait-on pas poursuivre les écrits ?
En fait je me suis dit que je devais observer chaque seconde de ma vie pour voir tous les bienfaits qu'Hachem m'apporte. De là ma réflexion s'est portée sur le fait que tous ces bienfaits étant des miracles, ils devraient être consignés dans la Torah.
Alors je ne parle pas de moi spécialement, mais de tout notre peuple. Je me suis dit que l'histoire de notre peuple ne devait pas s'arrêter il y a 2000 ans, car elle se poursuit encore aujourd'hui et se poursuivra jusqu'à la fin. Voilà pourquoi je me pose cette question.
Merci infiniment pour votre réponse et du temps précieux que vous y avez passé.
Chalom Dominique,
Il est vrai que tout ce que l'on vit peut être qualifié de "miracle", la présente situation pouvant en être la preuve : lorsque l'on établit le rapport entre le nombre de roquettes qui sont tombées en ces 10 derniers jours en Erets Israël et le bilan qui en résulte... comment l'expliquer sans penser au miracle ?
Cependant, malgré son aspect (relativement) narratoire, la Torah n'a pas été écrite dans le but de relater des évènements historiques, si grandioses soient-ils, comme la Sortie d'Egypte avec son accompagnement de prodiges, le Matan Torah, les 40 ans dans le désert, etc., mais pour nous livrer des enseignements.
Même si, de façon tout à fait accessoire, son texte sert de décompte des générations (ce qui nous permet sans le moindre doute d'affirmer que nous sommes en l'an 5774 depuis la Création), sa mission essentielle est ailleurs : la communication de l'attente divine de la part de l'humain en général et du Peuple Juif en particulier. L'histoire de notre peuple ne s'est donc pas arrêtée il y a 2000 ans, elle se continue même sans écrits.
En fait, ECRIRE la Torah n'est pas donné à tout le monde, il faut pour cela une inspiration divine que l'on appelle le Roua'h Hakodech, dimension perdue depuis longtemps. C'est d'ailleurs ce que signifie le Talmud (traité Yoma 29a) qui affirme que le dernier miracle qu'il a été donné de consigner par écrit est celui de Pourim :
"Pourquoi Esther est-elle comparée à une "biche de l'aube" (selon le psaume 22, 1) : de même que l'aube marque la fin de la nuit, Esther marque la fin des miracles. On pose alors la question : et 'Hanouka ? [qui lui était ultérieur, à l'époque du deuxième Temple] et l'on répond : on ne parle que de ceux qu'il était autorisé d'écrire". (Esther est historiquement le dernier livre de la Bible.)
Si j'élargis un peu le champ de votre recherche, je devrais me poser une question : il suffit d'entrer dans un lieu d'étude digne de ce nom pour découvrir des milliers, voire parfois des dizaines de milliers d'ouvrages; à quoi correspond cette littérature ?
Nous avons la coutume de distinguer la Torah Ecrite - les 24 livres du canon biblique - de la Torah "Orale" qui se compose des deux Talmud (de Babylone et de Jérusalem) et de leurs commentaires, les décisionnaires, ainsi que les Midrachim (explications de la Torah) et les écrits du Nistar (Torah "secrète"), essentiellement le Zohar et ses ouvrages dérivés.
A l'origine, la Torah écrite était ce qui avait été dicté à Moché par Hachem (le Séfer Torah), les détails des Mitsvot transmis à Moché devaient rester oraux et il était interdit de les écrire. Sont venus ensuite les 19 autres écrits saints. Enfin, Rabbi Yéhouda Hanassi (il y a environ 2000 ans ) a su trouver une "permission" d'écrire la Torah Orale, de peur qu'elle ne s'oublie car il était devenu impossbile de la retenir par coeur.
Et c'est ce qui constitue aujourd'hui la quasi-totalité de ce qui est écrit, cette Torah "Orale - Ecrite" inspire encore puisque des ouvrages de pensée juive, lois ou discussions talmudiques sont édités quotidiennement !
Merci pour votre question et Kol Touv.
