Bonjour Rav,
Peut-on réciter "Chéhé'héyanou" sur un fruit dont on ne connaît pas le goût (fruit exotique qu'on goûte pour la première fois) ?
Chalom Ouvrakha,
La règle générale est qu’en cas de doute sur une Brakha, on ne la récite pas (Safek Brakhot Léhakel) [Erouvin 40b, Yossef Omets §56, Chevet Halévi IV, -25, Or Its’hak Siman 61].
Ainsi, concernant la Brakha de Chéhé'héyanou sur un nouveau fruit, certains décisionnaires expliquent qu’elle ne dépend pas simplement du fait de manger le fruit, mais du sentiment de joie intérieure qui accompagne cette nouveauté. Selon cette approche, si la personne ne ressent pas de joie particulière, il ne conviendra pas de réciter la Brakha.
Néanmoins, d’autres décisionnaires sont d’avis que la Brakha ne porte pas uniquement sur la joie, mais sur le fait même de profiter d’un nouveau fruit [Achir Véachavé'a – Vezot Habrakha chap. 18, Birkat El'azar Siman 6]. Selon eux, tant que l’on profite de ce nouveau goût, on peut réciter la Brakha.
Pour concilier les deux avis, je recommanderais la pratique suivante : goûter d’abord le fruit en récitant sa Brakha habituelle (Boré péri haets). Puis, si l’on ressent effectivement une joie à travers le goût nouveau, on pourra dire immédiatement après la Brakha de Chéhé'héyanou, tant que ce sentiment de joie est encore présent.
C’est la solution retenue par de nombreux décisionnaires [Echel Avraham Siman 225,7, 'Hout Haméchoulach tome 10, dans lequel est rapporté le Erets Yéhouda Siman 1, Ben Ich 'Haï Réé Sé'if 15, Birkat Ouriel Ora'h 'Haïm Siman 15, Ma'adné Yom Tov Siman 25, etc.].
En résumé :
Si l’on est dans le doute → on s’abstient de dire la Brakha.
Si l’on ressent une vraie joie de la nouveauté → on peut dire Chéhé'héyanou.
La meilleure pratique → goûter le fruit d’abord, puis réciter la Brakha seulement si la joie est bien présente.
Kol Touv.