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"Ne soyez pas comme des serviteurs..."

Rédigé le Jeudi 11 Août 2016
La question de Nathan B.

Bonjour Rav,

Dans les Pirké Avot, il est marqué "ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire, mais soyez comme des serviteurs qui servent leur maître sans attendre de salaire".

Je ne comprends pas la deuxième partie de cette Michna, car, pour moi, elle découle de la première partie, alors pourquoi l'avoir répété une deuxième fois ? Y a-t-il un message caché ?

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38341 réponses

Bonjour,

L’enseignement que vous rapportez dans votre question se trouve dans Pirké Avot, chapitre 1, Michna 3.

Vous posez une excellente question.

Elle a été posée par de nombreux commentateurs.

Voici quelques réponses :

Première réponse

L’être humain a été mis sur terre pour faire le bien et servir Hachem en respectant Sa parole afin d’être récompensé par la suite.

Ceci est le but de la création et de Sa création. Voir Méssilat Yécharim, début du chapitre 1.

L’une des erreurs les plus dangereuses que l’on peut connaître à ce sujet [trop répandue, malheureusement] est de croire que l’homme ne vit que pour profiter au maximum d’un état de confortable plaisir et de bonheur en se laissant guider par ses pulsions.

Antighnoss Ich Sokho, l’auteur de la Michna, s’oppose à cette fausse conception de l’existence et dit :

1. « Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire »

Explication : ce n’est pas l’attente d’une récompense qui doit déterminer nos actions, mais…

2. « Mais soyez comme des serviteurs qui servent leur maître sans attendre de salaire ».

Explication : ce qui doit déterminer nos actions c’est le seul sentiment qu’Hachem nous a créés pour Son service et qu’il n’y a rien de meilleur pour nous que de Le servir et d’accomplir Ses Mitsvot [même si aucune récompense ne nous était réservée].

En d’autres termes : « Skhar Mitsva, Mitsva » - La récompense pour une Mitsva est le mérite de pouvoir en faire une autre. Pirké Avot, chapitre 4, Michna 2.

Faire le bien uniquement pour le bien.

Pour nous énoncer cette règle de conduite, l’auteur de la Michna a adopté la plus belle forme et la plus précise en la répétant à deux reprises.

Voir Rav M. Lehman dans son ouvrage sur Pirké Avot : « Maximes de nos pères ».

Seconde réponse

Si l’auteur de la Michna nous avait enseigné uniquement la première partie, nous aurions pu penser que celui qui n’agit pas ainsi est un Racha' qui transgresse une grave interdiction.

Voici, donc, la manière de comprendre la Michna :

« Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire » [cette manière de servir Hachem n’est pas une faute, mais il y a bien mieux] : « Soyez comme des serviteurs qui servent leur maître sans attendre de salaire » [c’est un niveau de 'Avodat Hachem bien meilleur - voir histoire ci-dessous].

Voir Maharal de Prague dans ouvrage Dérèkh ‘Haïm sur Pirké Avot, chapitre 1, Michna 3.

Une Histoire

A l’époque du Gaon de Vilna, il fut une période où les Etroguim se faisaient de plus en plus rares.

Ses élèves aperçurent le visage triste de leur Rav, le grand de la génération, et décidèrent d’envoyer des émissaires dans les pays voisins.

Après de gros efforts, l’un des émissaires trouva un très joli Etrog chez un aubergiste, mais il refusa de s’en séparer.

Lorsqu’il apprit qu’il était destiné au Gaon de Vilna, il changea d’avis et accepta de l’offrir, mais à une condition :

Que le Gaon de Vilna lui offre la récompense de cette Mitsva.

Lorsqu’ils arrivèrent chez leur Rav, l’Etrog lui fut présenté, accompagné de la « condition de vente ».

A la grande surprise des émissaires, le Gaon de Vilna se mit à danser avec l’Etrog en main en récitant des louanges pour remercier Hachem.

Face à leur étonnement, il leur expliqua : « A présent, il me sera possible d’accomplir une Mitsva en sachant que je ne recevrai aucune récompense ! »

Il est vrai que dans la Torah, les Midrashim et le Talmud sont mentionnés de nombreux avantages pour ceux qui accomplissent les Mitsvot, mais nous devons aspirer à la perfection d’une manière désintéressée et ne pas accomplir les Mitsvot dans l’intention expresse d’en être récompensé.

Il est plus que certain que le Gaon de Vilna recevra, tout de même, la même récompense que l’aubergiste.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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