Chalom Ouvrakha,
Avec votre permission, je me permettrai de répondre à votre question en posant d’abord une autre : Pourquoi les sacrifices ? Quel est le sens de ce culte ?
Une réponse, que j’espère éclairante.
Hachem a ordonné d’offrir de nombreux Korbanot (sacrifices) pour plusieurs raisons, à la fois pratiques et spirituelles :
- Réparer les fautes : beaucoup de Korbanot sont liés à l’expiation, comme le Korban 'Hatat ou Acham. Ils permettent à l’homme de se confronter à ses erreurs et de les réparer concrètement.
- Exprimer la gratitude ou la proximité : certains Korbanot comme le Toda (remerciement) ou le 'Ola (offrande entièrement brûlée) expriment l’amour, la reconnaissance, et le lien profond entre l’homme et Hachem.
- Commémorer les étapes clés de notre histoire collective : les Korbanot quotidiens, ceux de Chabbath (symbole de la création du monde), de Roch 'Hodech (renouvellement du mois), et des fêtes comme Pessa’h (libération du peuple), Chavou'ot (don de la Torah), ou Souccot (protection dans les cabanes du désert), marquent les grandes étapes de notre vie juive.
Ce sont des dates chargées de sens, d’interpellation, de reconnaissance, mais aussi de remise en question — que ce soit au quotidien, à l’échelle hebdomadaire, mensuelle ou annuelle.
Un message symbolique et personnel :
Hachem cherche à élever Israël. Chaque Korban reflète une dimension de l’homme.
Le Ramban (début de Vayikra) explique que l’homme projette son être sur le Korban, dans un mouvement de Techouva sincère : "C’est moi qui aurais dû être sur l’autel, et non l’animal."
Un effort pour canaliser l’élan sacrificiel hérité de l’idolâtrie :
Le Rambam, dans le Guide des Égarés (III, 32), explique que les Bné Israël, après tant d’années plongés dans l’idolâtrie, ne pouvaient pas être brusquement détachés de l’idée de sacrifice.
Hachem, dans Sa sagesse, a donc canalisé cet élan naturel vers un service sacré — non pas vers les idoles, mais vers Lui.
Ce n’était pas le niveau idéal, mais une étape nécessaire pour élever progressivement le peuple.
(Le Ramban n’est pas d’accord avec cette approche, mais elle nous aide à comprendre une dimension supplémentaire : parfois, la Torah éduque en tenant compte des limites humaines. Voir Paracha de Echet Yéfat Toar.)
Une éducation à l’effort et à la transformation :
Les Korbanot enseignent que le service divin demande un vrai effort, un don de soi, une sanctification du quotidien.
L’homme, naturellement égocentrique, est invité par la Torah à devenir altruiste, reconnaissant, et conscient de ses erreurs.
Une proportion étonnamment modeste :
Si l’on considère qu’il y avait 600 000 juifs dans le désert, et qu’environ 1 147 Korbanot collectifs étaient offerts chaque année (en comptant les Temidim, Moussafim, fêtes, etc.), on obtient un pourcentage très faible : moins de 0,20 % par personne.
Autrement dit, malgré l’impression de quantité, le nombre réel est très modeste, surtout rapporté à l’ensemble du peuple.
Cela nous invite à réfléchir : Hachem n’a pas cherché la quantité, mais la profondeur du geste.
Conclusion : Hachem n’a pas besoin des sacrifices. C’est nous qui en avons besoin.
Ils nous apprennent à :
- nous élever,
- maîtriser notre être,
- nous rapprocher de Lui,
- et transformer nos actes en élévation spirituelle.
Aujourd’hui, ce sont les prières qui remplacent les Korbanot.
Elles exigent elles aussi du cœur, de la concentration, de l’introspection, et un vrai mouvement intérieur.
Que nos paroles soient agréées comme des sacrifices purs.
Kol Touv.