Bonjour Rav,
J'ai souvent entendu que la prière de la 'Amida était des prophètes et que chaque mot et chaque lettre étaient inspirés.
Mais comment expliquer les grandes différences entre la 'Amida Séfarade et Ashkénaze ?
A moins que les membres de la Grande Assemblée aient écrit les deux versions, il y a obligatoirement une version qui n'est pas originale, et qui a subi des changements.
Chalom,
Selon la tradition (Talmud, Brakhot 33a et Méguila 17b), la 'Amida a été composé par les Anché Knesset Haguedola (les "Hommes de la Grande Assemblée" de l’époque de Ezra Hassofer), un groupe de 120 sages, dont des prophètes comme Ezra, Néhémie, Malakhi, Hagaï, Zecharia, etc.
Ils ont institué une structure fixe en 18 bénédictions (19 plus tard), correspondant à des besoins universels du peuple juif.
Chaque mot était pesé, avec une profondeur spirituelle, linguistique et mystique.
Cette prière est considérée comme un chef-d’œuvre de concision et d’inspiration divine.
Pourquoi des différences Séfarades / Ashkénazes ?
Les différences que nous voyons aujourd’hui entre versions Séfarade, Ashkénaze, Italki, Yéménite, etc., ne viennent pas d’une divergence d’origine, mais d’une évolution au fil des siècles, notamment.
Au début, la prière a d’abord été transmise oralement.
Des variantes mineures ont émergé selon les régions, traditions linguistiques, ou niveaux de précision des scribes.
A cette époque, il n’y avait pas d’imprimerie, donc pas d’uniformisation rigoureuse.
A part cela, l’Évolution des communautés en diaspora à partir du Moyen Âge, les communautés juives se sont retrouvées isolées les unes des autres (Babylone, Provence, Allemagne, Maroc, etc.).
De plus, des adaptations locales ont été faites, parfois pour répondre à un contexte spirituel ou historique spécifique. Par exemple, l’ajout ou la suppression de certains passages (comme "Machiv Haroua'ḥ" ou les demandes pour la pluie). Des Piyoutim (poèmes liturgiques) ont été ajoutés ou omis selon les régions.
Et, pour finir, nous avons la codification postérieure des décisionnaires comme le Rambam (Maïmonide), le Tour, le Choul’han Aroukh (Rav Yossef Caro) ou le Rema (Rav Moché Isserlès), qui ont codifié la prière selon les rites locaux.
Rabbi Yossef Caro a codifié selon le rite Séfarade et le Rema a noté les différences Ashkénazes dans les marges du même ouvrage.
J’espère avoir répondu à votre question et reste à votre disposition pour d’autres questions.
Brakha Véhatsla'ha.