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Pourquoi exclure les mouvements libéraux ?

Rédigé le Vendredi 19 Janvier 2018
La question de Daniel F.

Bonjour,

J'ai lu une réponse sur Torah-Box de Rav Avraham Garcia disant qu'un "juif libéral" ne peut compter dans une prière en Minyan, excluant ainsi une grande partie du peuple juif.

Heureusement, d’autres s’emploient à accueillir les très nombreux Juifs sur lesquels vous prononcez vos 'Hérèm (excommunication).

Votre lecture rigoriste de la Halakha entraîne loin des synagogues et des maisons d’étude. Je déplore votre attitude et vous engage à peser vos paroles comme le préconisent les Pirké Avot.

Puisse ce Chabbath vous permettre une réflexion salutaire.

Daniel Farhi, Juif libéral ne pouvant donc pas prétendre à faire partie d’un de vos Minyanim, se prétendant, circonstance aggravante, rabbin.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
7803 réponses

Chalom Ouvrakha très cher M. Farhi,

Comme vous le savez, nous avons reçu une Torah avec une transmission très claire dans ses grandes lignes, surtout en ce qui concerne la Halakha.

Toute personne qui dévie de cette Halakha, si c'est par inadvertance ou ignorance, est considérée comme juive à part entière, et le fait même qu'elle vienne à la synagogue prouve un effort (parfois grand) de sa part, et elle est la bienvenue. J'avais d'ailleurs dans ma synagogue quelques juifs qui n'étaient pas religieux et faisaient souvent partie de notre Minyan, ils recevaient toujours un accueil chaleureux, car il y a toujours eu dans notre peuple des religieux et des moins religieux, mais ce qui était important, c'est que les non-religieux avaient toujours conscience de leur statut, et chacun à son niveau comprenait et savait où se trouvait le "vrai" judaïsme…

Malheureusement, notre histoire a dû faire face à des nouveaux mouvements (dont vous faites partie) qui ont voulu métamorphoser notre religion de l'intérieur et nous faire croire que ce sont eux qui détiennent la vérité…

Au passage, ces mouvements, qui ne font que disparaître en entraînant d'autres avec eux et n'attirent en grande partie que les non-juifs, ont été appuyé par un "rabbin" (comme vous, peut-être), qui se nomme Moïse Mendelssohn. L'histoire nous montre bien que ses idées ont très vite mené le peuple juif à mettre de côté la loi juive et à préférer la belle philosophie qui a ouvert la porte à une assimilation grandissante et aux mariages mixtes. Je tiens aussi à souligner que la plupart des enfants et des petits-enfants de Mendelssohn se convertirent au christianisme ("Histoire d'Israël" de Yaffa Ganz, page 255).

On peut donc s'appeler rabbin, mais si on innove des idées autodestructrices, et si on s'efforce de faire croire à notre peuple que la vérité est celle des réformistes et des libéraux, on est aussitôt cataloguer par nos Sages comme étant "Hoté Ouma’hti Ete Harabim", fautant et entraînant les autres à fauter.

Vous devez certainement vous rappeler (si vous êtes rabbin) du faux prophète qui tenta de dévier le peuple d'Israël vers d'autres D.ieu (Parachat Réé 13,2). Je ne crois pas que le verset nous demande de l'accepter, bien au contraire (vous êtes prié de consulter les versets), il s'agit là d'une épreuve, comme nous l'écrit le verset : "Car D.ieu veut vous mettre à l'épreuve pour tester votre foi en Lui".

Souvenez-vous aussi de cette terrible histoire avec Yérovam ben Névat (Mélakhim 16-26), qui fut "roi d'Israël", mais qui entraîna le peuple dans la faute et le péché par ses reformes.

Notre maître le Rambam (Hilkhot Téchouva chapitre 3, Halakha 6 et 10) nous énumère tous les personnages qui ont fauté et qui ont entraîné les autres dans la faute, parmi eux Yérovam ben Névat. Ce sont des personnes qui n'auront pas de monde futur, nous écrit-il (ses propos sont tirés de la Michna et la Guémara Sanhédrin).

Est-ce que les sages d'Amsterdam, qui ont excommunié en 1656 Baroukh Spinoza pour ses idées destructrices, ne connaissaient-ils pas les Maximes de nos pères auxquels vous faites référence ?

Il est évident que nos Sages nous demandent d'aimer tous les êtres humains, tant qu'ils ne mettent pas en danger notre peuple… Si un terroriste pénètre dans une synagogue avec une arme à feu, prêt à tuer tous les participants (‘Hass Véchalom), je ne crois pas que le rabbin présent évoquera les propos de nos Sages dans les Maximes de nos pères, qui nous disent d'aimer tous les êtres… car un être qui tue doit être, dans le meilleur des cas, maîtrisé… Ceux qui font fauter notre peuple, le tuent spirituellement. Nos Sages nous disent "Gadol Hama’htio Yotèr Mine Ha’orgo", il est plus grave de faire fauter une personne que de la tuer (Midrach Rabba Parachat Pin’has).

La Torah, c’est comme un jeu d’échecs ou de la musique : les règles sont les mêmes et imuables, mais la façon de jouer ou de composer est relative à chacun ; les 'Hassidim ont "composé" à leur manière, les Séfarades aussi, et les Ashkénazes ont eux aussi "joué" à leur façon, mais les règles étaient, sont et seront toujours les mêmes. Les mouvements libéraux, quant à eux, ont totalement changé et modifié toutes les règles.

Je pense, avec ces quelques lignes écrites la veille de Chabbath, avoir été compris, et je vous souhaite Chabbath Chalom.

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