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Pourquoi Tamar méritait-elle la peine de mort ?

Rédigé le Mercredi 1er Janvier 2020
La question de Anonyme

Bonjour,

Si la prostitution était permise avant le don de la Torah, comment se fait-il que le Beth Din condamne à mort Tamar ?

J'ai en effet du mal a comprendre la permission de la prostitution au regard des hommes (ici, en l'occurrence, Yéhouda).

Merci pour vos éclaircissements.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38378 réponses

Bonjour,

Il y a de très nombreuses explications permettant de répondre à votre question.

PREMIÈRE EXPLICATION - Ramban [Béréchit 38, verset 24] :

1. Tamar avait un statut spécial. Elle était, en quelque sorte, réservée à la famille de Yéhouda, son beau-père.

2. Yéhouda était le grand chef de l’époque - le roi.

3. Avant que Yéhouda sache ce qui s’était vraiment passé, le grand tribunal l’avait rendu passible de mort, car elle avait porté atteinte à l’honneur de la famille royale de Yéhouda.

Lorsque Yéhouda apprit qu’il était l’un des deux acteurs de l’affaire en question, il l’épargna donc, et à juste titre, de la peine [puisque, finalement, elle ne porta pas atteinte à l’honneur de Yéhouda].

SECONDE EXPLICATION - ‘Hizkouni [Béréchit 38, verset 24] :

Avant que l’on connaisse l’identité du second acteur dans l’affaire, le tribunal rendit Tamar passible de mort, car on pensait qu’elle avait eu un rapport avec un résident non-juif de Cana’an.

C’était une peine qui avait été décidée dans le grand tribunal de Chèm. Voir Talmud 'Avoda Zara 36b.

Lorsque la vérité surgit au grand jour, on s’aperçut donc que le second acteur n’était autre que Yéhouda, un Ben Israël.

Yéhouda n’était pas passible de mort, car Tamar était réservée au troisième fils de Yéhouda en tant que Yébama [Lévirat]. Mais à l’époque, le papa [ici, Yéhouda] pouvait se marier avec la femme [Tamar] qui était réservée à son fils n’ayant pas atteint l’âge de mariage.

TROISIÈME EXPLICATION - Rabbi David Kim’hi

Tamar avait le statut de Chomérèt Yabam [réservée au beau-frère]. Ce statut est, Halakhiquement, semblable à celui d’une femme mariée.

Elle était, donc, passible de mort.

Mais à l’époque, elle était permise au beau-père et pas, uniquement, à l’un des frères du mari ayant quitté ce monde sans enfants.

Bien entendu, tout n’a pas été dit à ce sujet.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Suite à la parution de cette réponse nous avons reçu ces deux questions :

"Certains de vos commentaires ont besoin de précision, merci pour votre aide à ce sujet :

1. Tamar avait un statut spécial. Elle était, en quelque sorte, réservée à la famille de Yéhouda, son beau-père.

Tamar avait le statut de Chomérèt Yabam [réservée au beau-frère]. Ce statut est, Halakhiquement, semblable à celui d’une femme mariée.

Ma question => Yehouda lui-même avait refusé que Tamar se marie avec son 3eme fils, de peur qu'il ne meurt également. Dans cette mesure, comment considérer que Tamar continue d'être réservée a la famille de Yéhouda?

De ma compréhension, Yehouda la "libère" de ce statut.

2. Yéhouda était le grand chef de l’époque - le roi.

Ma question => La royauté ne débutant qu'a partir du règne de Saul, pouvez vous me donner des précisions sur cette considération de royauté par rapport à ses autres frères ?

Merci à vous et Chavoua Tov"

Ci-dessous les réponses :

Bonjour,

Votre première question est : « Yéhouda, lui-même, avait refusé que Tamar se marie avec son 3eme fils, de peur qu'il ne meurt également. Dans cette mesure, comment considérer que Tamar continue d'être réservée à la famille de Yéhouda ?

De ma compréhension, Yéhouda la "libère" de ce statut »

Réponse :

Nous allons vous offrir l’explication du Ramban sur Béréchit 38, verset 11.

Le Ramban fait remarquer que si Yéhouda ne voulait pas marier son troisième fils Chélah, à Tamar, il n’aurait pas eu peur de le lui dire. S’il lui dit d’attendre que Chélah grandisse, c’est qu’il avait l’intention de lui donner en mariage mais il ne voulait pas le marier en étant trop jeûne. Il attendit qu’il grandisse afin de pouvoir lui faire des remontrances concernant la faute de ses deux premiers frères.

Tamar ignorant ce calcul, s’empressa de connaître Yéhouda.

Le ‘Hizkouni donne une autre explication : Yéhouda craignait que Chélah ne meurt après son mariage avec Tamar. Il dit, donc, à Tamar d’attendre que Chélah grandisse et qu’il se marie avec une autre femme afin qu’il ait des enfants [avant de quitter ce monde]. Ensuite, il se mariera avec Tamar [par le biais du Yiboum].

Il y a d’autres explications.

Votre seconde question est : « La royauté ne débutant qu'a partir du règne de Saul, pouvez vous me donner des précisions sur cette considération de royauté par rapport à ses autres frères ? »

Réponse :

La « royauté » de Yéhouda est mentionnée dans Béréchit 49, verset 8, Divré Hayamim [Les Chroniques] 1, chapitre 5, verset 2 ainsi que dans le Talmud Baba Batra 123a.

Il s’agit, en fait d’une royauté installée, essentiellement, au sein de la famille.

Les frères de Yéhouda avaient remarqué en lui ce joli trait de caractère et lui rendaient, tous, les honneurs revenant à un vrai roi.

D’ailleurs, les rois d’Israël descendent de Yéhouda.

Mordékhaï Hatsadik ainsi que chaque juif sont appelés Yéhoudi - de Yéhouda - même s’ils ne descendent pas de sa tribu car ils sont fiers d’avoir cette force royale et particulière d’avouer la vérité et d’appartenir au peuple d’Hachem.

Lorsque Yaacov Avinou sentit sa mort approcher il s’adressa à Yossef afin qu’il s’occupe de son enterrement. Selon le Midrash Rabba sur Béréchit [chapitre 96] et le Midrash Tan’houma, Parachat Vayé’hi, passage 3, il ne s’adressa pas à Yéhouda car il avait le « statut » de roi.

A ce sujet, voir, également, Midrash Rabba, chapitre 84 sur Béréchit.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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