Bonjour Rav,
On connaît la phrase : "rien n'est jamais acquis", mais où le voit-on dans la Torah ?
Vu le nombre important de divorces malheureusement, j'ai la même interrogation au niveau du couple.
Merci Rav.
Bonjour,
1. L’idée que "rien n’est jamais acquis" apparaît très clairement dans la Torah.
Le roi Chlomo écrit : "Tâche de bien connaître l'état de tes brebis, porte ton attention sur tes troupeaux. Car les biens ne dureront pas toujours : les dignités se transmettent-elles de génération en génération ?" Michlé, chapitre 27, versets 23-24.
Ces versets enseignent la vigilance : même ce que l’on possède déjà doit être surveillé et entretenu. Rien ne se maintient tout seul. Celui qui néglige ce qu’il a, finit par le perdre, même s’il était riche ou puissant.
Au niveau plus profond, le "bétail" et les "troupeaux" symbolisent ce que l’homme a reçu : ses biens, ses capacités, mais aussi sa Torah, ses valeurs et ses qualités morales. La richesse et le statut ne sont jamais garantis ; ils peuvent disparaître d’une génération à l’autre. Seul l’effort constant, l’attention quotidienne et la conscience des responsabilités permettent de préserver ce que l'on possède. Ceci est possible uniquement grâce à l'étude de la Torah.
Ces versets nous enseignent donc, une grande leçon : ne jamais vivre sur ses acquis, ne jamais se croire à l’abri, et comprendre que toute bénédiction, matérielle ou spirituelle, demande un soin permanent.
2. Dans le même ordre d'idée, Pirké Avot, chapitre 2, Michna 4 : Ne sois pas sûr de toi jusqu'au jour de ta mort !
3. Dans le Talmud Brakhot 29a, nos Sages, les 'Hakhamim, racontent l'histoire de Yoḥanan le Cohen Gadol, qui a servi pendant quatre-vingts ans dans le Beth Hamikdach et qui, à la fin de sa vie, a dévié et est devenu renégat. Ils tirent de là une grande leçon : même une vie entière de service au plus haut niveau de Kédoucha ne garantit rien pour l’avenir. C’est précisément à son sujet qu'ils concluent : "Ne sois pas sûr de toi jusqu’au jour de ta mort".
Cette histoire n’est pas rapportée pour nous décourager, mais au contraire pour nous enseigner l'humilité et la vigilance. Tant que l’homme est vivant, il est en mouvement ; et tout ce qui est vivant peut soit s’élever, soit chuter. Aucun mérite passé, aussi immense soit-il, ne dispense d’un travail intérieur constant. Cet exemple illustre parfaitement l’idée évoquée plus haut : rien n’est jamais définitivement acquis, ni la grandeur spirituelle, ni la stabilité. Tout repose sur la continuité de l’effort, la Yirat Chamayim, et la conscience que chaque jour est un nouveau commencement.
4. Déjà chez nos Avot, rien n’était garanti de manière définitive : Avraham Avinou reçoit des promesses immenses, mais doit sans cesse prouver sa fidélité par des épreuves ; Ya'acov Avinou malgré sa grandeur, craint toujours de ne pas mériter la protection d'Hachem et Ses bénédictions [Katoneti Mikol Ha'hasadim]. Même un grand Tsadik ne peut jamais s’appuyer sur ses mérites passés, car ils ont, peut-être, disparu et chaque instant est jugé à nouveau.
5. On sait très bien que la Manne tombait tous les jours et ne pouvait pas être conservée pour le lendemain, pour enseigner que la subsistance et la bénédiction doivent être méritées jour après jour. Cela montre que la réussite et la Brakha ne sont jamais automatiques : elles exigent un travail constant. Talmud Yoma 76a.
6. Cette idée s’applique avec encore plus de force au couple. La Torah décrit le mariage comme une alliance vivante, qui doit être entretenue en permanence. Le fait qu’un couple se soit marié ne garantit pas que tout soit acquis pour toujours. Le respect, l’effort, la responsabilité et le don de soi doivent être renouvelés chaque jour. Le Maharal explique que ce qui est vivant ne peut rester figé : soit on l’entretient, soit cela se dégrade. Ainsi, les divorces, aussi douloureux soient-ils, rappellent cette vérité : un couple ne tient pas sur des acquis passés, mais sur un engagement quotidien, fait de travail sur soi, de fidélité aux valeurs de la Torah et de conscience que rien n’est jamais définitivement assuré sans effort continu. Talmud Yebamot 63a.
7. Ce qui précède est loin d’épuiser le sujet et ne constitue qu’une goutte dans l’océan immense des enseignements de nos Sages et de nos maîtres.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.