« Rabbi Yéhochou'a dit : « Le ‘Ayin Hara’ (mauvais œil), le Yétser Hara’ (mauvais penchant) et la haine des créatures expulsent l’homme du monde. »

QUESTIONS

1. Que signifie le ‘Ayin Hara’ ?

2. De quelle manière expulse-t-il l'homme de ce monde ?

3. La phrase « expulsent l'homme de ce monde » fait-elle référence à la personne qui a le ‘Ayin Hara’, à la victime du ‘Ayin Hara’, ou bien aux deux ?

Rabbénou Yona explique que le ‘Ayin Hara’ se réfère à une personne qui n'est pas heureuse du sort que Hachem lui a octroyé (Eno Saméa'h Bé'helko). Le Méam Loèz précise que cela inclut un homme estimant que ce qu'il possède n'est pas suffisant à ses yeux. Mue par cette attitude, une telle personne a un regard négatif sur son prochain qui est plus avantagé et se dit : quand serais-je aussi riche que lui ? Cette attitude va bien entendu à l'encontre de la Torah, car c'est une manière implicite de rejeter le principe selon lequel Hachem donne à chacun exactement ce dont il a besoin, et il est donc infructueux d'envier le sort de quelqu'un d'autre.

La Michna nous enseigne que cette attitude conduit la personne à l'autodestruction. Elle affecte de manière négative son bien-être mental, ce qui peut porter atteinte à sa santé – on sait que les émotions et attitudes négatives ont un effet néfaste sur la santé physique, outre la santé émotionnelle. De cette manière, l'homme est exclu de ce monde en ce sens que cela détruit sa joie de vivre et sa santé physique.  

Une attitude négative affecte aussi négativement la réussite. Des études menées dans le monde universitaire le prouvent : dans le cadre d'une étude, une société de vente décida de modifier sa méthode de recrutement. Jusque-là, ils avaient recours à un test standard pour tous les candidats à des postes de vente. Ces tests se focalisaient sur l'intelligence et les aptitudes inhérentes à la vente, et des candidats obtenant des scores bas étaient immédiatement rejetés. Cette fois-ci, ils ne rejetèrent pas les candidats ayant obtenu un score faible s'ils étaient optimistes de nature. Au lieu de cela, ils constituèrent leur propre équipe composée de ces « ratés ». Cette équipe était formée en parallèle avec un autre groupe recruté selon la méthode conventionnelle, avec des scores élevés en aptitudes et intelligence, mais qui n'étaient pas considérés comme optimistes de nature. Les résultats : les optimistes qui avaient été initialement rejetés vendirent mieux que les pessimistes à hauteur de 21 pour cent au cours de la première année. Et la seconde année, ils les dépassèrent de 57 pourcent ![1]  

Mais cette idée va plus loin et influence le domaine spirituel. Un Rav fait la suggestion suivante :    

« Une idée intéressante à méditer : nos pensées ont-elles réellement un effet sur la réalité, si bien que le pessimisme produit une actualité négative, tandis que l'optimisme crée une réalité positive ? Les enseignements mystiques et 'Hassidiques exposent fréquemment l'idée que non seulement nos actes et nos paroles ont un effet positif ou négatif sur les mondes matériel et spirituel, mais même quelque chose d'aussi subtil et intangible que les pensées ont un tel effet. Et en réalité, puisque D.ieu a pensé l'existence devenue action (la phrase : "Et D.ieu dit… " étant comprise comme une expression de la volonté de D.ieu, sachant qu'Il ne parle pas), et puisque l'humanité a été créée à l'image de D.ieu (à nouveau, à ne pas comprendre de manière littérale, mais dans notre capacité à vouloir), de ce fait, tout comme D.ieu pense la Création, nos pensées peuvent créer une réalité, et il vaut la peine de penser positif ! »[2] Le Zohar fait allusion à cette idée en ces termes :

« Le monde inférieur est toujours prêt à être un récepteur et se dénomme une pierre précieuse. Le monde supérieur ne donne qu'en fonction de son état. Si son état est lumineux d'en bas, de la même manière, on l'éclaire ainsi d'en-haut ; mais si c'est la tristesse qui domine, on exerce un jugement en fonction. De la même manière, il est écrit : "Servez D.ieu dans la joie !" car la joie humaine attire une autre joie céleste. En conséquence, tout comme le monde inférieur est couronné, ainsi il tire cette force d'en haut. »[3]

Cette idée considère le concept d'‘Ayin Hara’ qui cause du mal à quelqu'un, à un niveau plus profond : il n'affecte pas seulement le bonheur émotionnel et la santé physique de l'homme, mais a un effet direct sur sa réussite dans la vie. Si un homme est constamment malheureux de ce qu'il a, cela va certainement imprégner son attitude dans de nombreux domaines de la vie – il risque probablement d'être frustré lorsqu'immanquablement, il est incapable d'atteindre son objectif d'égaler le succès de son prochain, et toute cette négativité le conduira certainement à adopter un point de vue amer et pessimiste de la vie.  

Mais le contraire est également vrai. La joie et la positivité ont également une influence puissante sur la réussite de l'individu : elles ont un effet spirituel sur les mondes supérieurs qui se répercute ensuite sur le monde matériel. La leçon évidente de tout ceci : l'importance de l'idée de bonheur et d'optimisme n'est pas seulement due à l'aspect plus plaisant que la tristesse et la négativité. Ce sont des attitudes créatrices et qui fonctionnent à tous les niveaux de réalité. Puissions-nous mériter d'introduire l'optimisme et la joie dans toutes nos entreprises.

 

[1] Etude dirigée par le Dr Martin Seligman. Citée par Rav Josh Boretsky.

[2] Cité par Rav Josh Boretsky.

[3] Zohar, vol.3,56a.