Chlomo se rend dans un magasin d’informatique et demande au vendeur son meilleur ordinateur. "Celui-là vient d’arriver, il est extrêmement performant, il réduira de moitié votre travail."

"Formidable, s’enthousiasme Chlomo ! Dans ce cas, je vais en acheter deux."

La lecture de la Paracha de cette semaine est particulièrement riche dans la mesure où elle nous permet d’assister à la libération du peuple juif, et, parallèlement, aux premières Mitsvot qui lui sont ordonnées collectivement. La première d’entre elles est relative au calendrier juif et à la sanctification du nouveau mois. La liberté se conjugue ainsi dans le judaïsme avec l’appropriation du temps par l’homme.

La fin de la Paracha décrit ensuite le départ d’Egypte des Bné Israël, en insistant notamment sur la précipitation avec laquelle ce départ s’opéra. Ce point est bien connu puisque l’on considère traditionnellement qu’s’agit ici de la raison pour laquelle nous consommons des Matsot lors de la fête de Pessa’h, car en effet, le peuple n’eut pas eu le temps de laisser fermenter leur pâte.

En outre, nous constatons que cette précipitation a été permise et orchestrée par D.ieu, notamment dans la mise en scène du départ de nuit, un bâton à la main, à la hâte… A cet égard, un commentaire de Rachi est particulièrement intrigant, car il indique que même les distances ont été raccourcies afin de permettre au peuple d’aller plus vite, particulièrement entre Ramsès et Souccot (Chémot 12, 37) :

De Ramsès vers Souccot : Soit une distance de cent vingt milles qu’ils ont franchie en une heure, comme il est écrit : « Je vous ai portés sur des ailes d’aigles » (ibid 19, 4).

Ainsi, le peuple juif, fort de près de 600 000 hommes accompagnés de femmes et d’enfants, a pu miraculeusement franchir une distance de cent vingt milles (une mesure de l’époque), soit plus d’une centaine de kilomètres en une seule nuit. Seule une intervention divine a pu opérer ce prodige et réduire la distance que les Bné Israël devaient franchir.

Nous avons déjà assisté à un tel miracle au moment où Ya'acov décida de revenir sur ses pas afin d’aller prier à l’endroit où ses pères avaient également prié : il y parvint très rapidement, comme si les distances s’étaient raccourcies. Au-delà du prodige opéré par Hachem, quel symbole souhaite-t-on nous enseigner ici avec cette idée d’empressement ?

Un des principes essentiels de la Torah repose sur la notion de « Mida Kénéguèd Mida », mesure pour mesure, c’est-à-dire que D.ieu agit envers l’homme en fonction de son comportement, notamment dans sa 'Avodat Hachem (son service Divin). 

Comme nous l’avons vu, l’un des mérites des Bné Israël lors de la sortie d’Egypte a été d’agir avec empressement, voire avec précipitation (« Bé’hipazone »), en exécutant la volonté de D.ieu et en mettant en suspens leurs raisonnements personnels ainsi que leur logique. Effectivement, ils ont appliqué toutes les ordonnances relatives à l’agneau pascal et au départ de l’Egypte avec une profonde Emouna, et sans craindre les conséquences que ces gestes très audacieux étaient susceptibles d’engendrer (l’agneau était considéré comme une divinité égyptienne).

Ce principe d’empressement (« Zérizout » en hébreu) est essentiel dans la 'Avodat Hachem , aussi bien dans les moments-clés de l’histoire que dans la vie courante. Par exemple, souvenons-nous du zèle incroyable avec lequel Avraham Avinou accomplit l’ordre d’amener son fils Its’hak en sacrifice. Le texte écrit en effet qu’il se leva de bon matin et qu’il sella son âne lui-même, alors qu’il avait des serviteurs à qui il aurait pu demander cela.

Tous ces détails sont essentiels car s’ils étaient facultatifs, Avraham aurait pu prendre plus de temps pour exécuter la volonté d’Hachem, comme traîner des pieds face à une démarche aussi difficile, mais il fit le choix opposé : montrer son amour des Mitsvot, quel que soit leur contenu, et les accomplir avec le même empressement, peu importe leur difficulté. 

Cette disposition d’esprit et de cœur est précisément là où se loge la liberté individuelle des hommes : nous avons certes l’ordre d’accomplir les Mitsvot et en principe, nous ne pouvons pas y échapper. Cependant, nous sommes libres sur les moyens de les accomplir, et évidemment sur le zèle que nous souhaitons y associer (Rav Rozenberg).

Dans notre Paracha également, en prescrivant aux Bné Israël d’agir rapidement et de sortir d’Egypte avec diligence, Hachem semble vouloir nous enseigner cette vérité éternelle : en matière de 'Avodat Hachem, il faut agir vite, ne pas laisser s’écouler du temps dans l’application des Mitsvot, et ne pas les appréhender comme une activité parmi d’autres que l’on ajoute à notre agenda. Au contraire, il faut parvenir à cultiver dans nos cœurs l’urgence de les réaliser ainsi que leur nécessité impérative, et se méfier de la petite voix intérieure qui nous suggère, alors que rien ne le justifie réellement, de les différer, d’attendre un peu…

Il est rapporté ainsi à de nombreuses reprises que les Tsadikim se méfiaient de l’inertie du corps et de sa lourdeur qui amènent l’homme à prendre son temps avant d’agir, et qui le dissuadent souvent de réaliser certaines Mitsvot.

Il est rapporté, à propos d’un Tsadik du dernier siècle, que lorsqu’il entendait qu’un Talmid ‘Hakham était de passage en ville, il se dépêchait de se rendre près de son lieu de résidence, et seulement là-bas, ils prenaient les renseignements pour vérifier s’il s’agissait véritablement d’un Talmid ‘Hakham. En effet, s’il avait fait l’inverse et s’il avait laissé plus de temps à sa réflexion pour bien apprécier l’opportunité de se déplacer, il aurait pu trouver des prétextes pour ne pas le faire.

Voilà donc pourquoi il était essentiel d’enseigner aux Bné Israël l’empressement qui sied à l’accomplissement des Mitsvot. La Zérizout est nécessaire car elle vient faire échec aux stratégies du Yétser Hara' qui souhaite refroidir l’homme dans son rapport à la Torah et aux Mitsvot, asséchant ainsi son énergie spirituelle.

Lorsque l’homme parvient à dépasser cette inertie et à agir avec un « zèle  vertueux », il parvient alors à surmonter des obstacles mentaux parfois plus imposants que ceux des conditions matérielles. Il est vrai que, bien souvent, les voyages les plus longs et les distances les plus grandes qu’un homme franchit au cours de sa vie sont bien plus intérieures que géographiques.

Voilà aussi probablement le sens des mots du prophète Isaïe qui reprend la métaphore de Rachi relative à la rapidité d’aigle des Bné Israël : « Ceux qui mettent leur espoir en D.ieu acquièrent de nouvelles forces, ils prennent le rapide essor des aigles ; ils courent et ne sont pas fatigués, ils vont et ne se lassent point ».

Un professeur de mathématiques interroge le petit Yankele : « Si tu as un dollar en poche et que tu demandes à ton papa de te donner encore un dollar… Combien d’argent as-tu finalement en poche ? »

« Euh… Un dollar ! », répond Yankele.

« Oh Yankele ! Je constate que tu ne connais pas bien ta leçon d’arithmétiques ! »

« Professeur, je constate que vous ne connaissez pas bien mon père ! »