Il est admis que la joie de Lag Ba'omer a deux raisons principales. 

  1. Les élèves de Rabbi 'Akiva ont cessé de mourir.
  2. C’est la Hiloula de Rabbi Chim'on bar Yo'haï et ce dernier a ordonné de se réjouir en ce jour.  

On a un principe général. Lorsqu’il y a deux explications à un sujet particulier, il doit y avoir un lien entre elles. Il nous faut donc identifier et comprendre le rapport entre la fin de la mort des élèves de Rabbi 'Akiva et la Hiloula de Rabbi Chim'on bar Yo'haï. A priori, ces deux explications sont contraires. Selon la première explication, la joie s'explique en raison des nouveaux élèves de Rabbi 'Akiva dont faisait partie Rabbi Chim'on Bar Yohaï. Ces derniers restèrent en vie, le contraire de la mort. On célèbre donc la vie. En revanche, selon la seconde explication, on semble célébrer la mort de Rabbi Chim'on bar Yo'haï. On célèbre la mort. La contradiction paraît évidente. Quel est donc le lien entre ces deux explications ?

Il est connu que les élèves de Rabbi 'Akiva sont morts parce qu’ils ne s’honoraient pas les uns les autres. C’est étonnant ! Pourquoi les élèves du maître dont le leitmotiv est : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » ne s’honoraient-ils pas ?! En fait, chacun des élèves de Rabbi 'Akiva comprenait sa Torah différemment de son prochain. Ils attachaient tous une grande valeur aux enseignements de leur maître, particulièrement à son enseignement principal d’amour du prochain. En raison de cela, ils s’aimaient fortement. C’est pourquoi ils s’efforçaient avec abnégation d’inculquer leur vision de l’amour à leur prochain. Et lorsque ce dernier refusait, il ne pouvait ressentir un véritable amour à son égard. Les élèves de Rabbi 'Akiva tenaient leur conviction et leur abnégation de leur maître qui a vécu toute sa vie avec ce sentiment. 

L’abnégation entoure toute la vie et amène l’individu à sortir de lui-même pour s’unir à D.ieu. Elle peut le pousser à vouloir quitter le monde matériel. Ce désir morbide n’a pas sa place dans le service divin. La Torah nous demande de nous attacher à D.ieu dans ce monde matériel. Il faut garder les pieds sur terre et comprendre que tout n’est pas blanc ou noir. Il faut accepter que la Torah possède soixante-dix facettes.   

Rabbi 'Akiva avait le sens de l’abnégation, mais il savait demeurer présent. Il est celui qui est entré dans le Pardès (sens le profond de la Torah) en paix et est revenu en paix. Ses élèves n’ont pris de lui que la volonté de s’attacher à D.ieu à tout prix. Ils étaient extrémistes et n’acceptaient pas la différence. 

Les cinq nouveaux élèves de Rabbi 'Akiva ont saisi la Torah de leur maître dans son entièreté. Ils voulaient s’attacher à D.ieu tout en respectant la différence. Rabbi Chim'on Bar Yo'haï commença le Tikoun (réparation) du monde après avoir passé 13 ans dans sa grotte. 13 est la valeur numérique de E’had (un). Rabbi Chim'on Bar Yo'haï faisait un avec D.ieu et avec le peuple d’Israël. C’est pour cette raison qu’il a déclaré : « Je peux acquitter le monde entier du jugement. » 

On peut maintenant comprendre le lien entre les deux explications. Lors du décès d’un juste, ce dernier parvient à sa perfection. Il est passé du potentiel au réel. Il s’est réalisé et son décès marque la conclusion de cette réalisation. Le jour de son décès, sa véritable personne illumine. Rabbi Chim'on Bar Yo'haï a quitté ce monde le jour correspondant à la fin de l’épidémie qui frappa les élèves de Rabbi 'Akiva. Ce n’est pas anodin. Rabbi Chim'on Bar Yo'haï opta pour un service divin opposé à celui des anciens élèves de Rabbi 'Akiva. Selon certains, c’est par son mérite que l’épidémie cessa. Le jour de Lag Ba'omer est empli d’une lumière de vie, une Torah de vie. C’est la Torah de Rabbi Chim'on Bar Yohaï qui rayonne le jour où les élèves de Rabbi 'Akiva ont cessé de mourir. Nous devons nous inspirer de cette Torah, une Torah profonde, mais une Torah de vie et de tolérance. C’est là toute la joie de Lag Ba'omer.