À l’approche de Pessa’h, tout le monde est occupé par le nettoyage de la maison. On frotte les murs, on vide les armoires, on nettoie le frigidaire et le four, on fait des achats de produits Cachère pour Pessa’h, mais on oublie un point important, si ce n’est essentiel… pourquoi faire briller la maison si l'on entre à la maison avec des chaussures remplies de boue et que l’on salit tout ?

Le nettoyage du ‘Hamets à la maison est important, mais qu’en est-il du nettoyage interne ? Nous vivons tant de choses pendant l’année, au cours de la vie, chaque jour. On encaisse tant de problèmes, de soucis, d’échecs, de chutes, de fautes, de douleurs et d’angoisses… On nettoie la maison pour Pessa’h, mais on oublie qu’également à l’intérieur de nous, le ‘Hamets se doit d’être évacué. Chacun d’entre nous est un réceptacle qui peut recevoir l’abondance. Pour pouvoir contenir l’abondance, nous devons devenir un réceptacle propre. Car si le réceptacle est sale, tout ce qu’on y verse s’abîme et ne vaut rien… C’est le moment de préparer un Pessa’h spirituel, un Pessa’h émotionnel, vider le réceptacle, bien le nettoyer, et se préparer, car l’abondance est en chemin.

Chacun d’entre nous vit des épreuves. Ne tombe pas dans l’illusion en t’imaginant que certains mènent une vie parfaite. Il n’existe pas de Juif qui ne soit pas soumis à des épreuves ou des difficultés, dans un domaine de la vie. Tout le monde fait face à des luttes journalières dans un domaine ou un autre. Chacun a son propre Tikoun, sa réparation. Sache que l’essentiel de notre travail a lieu en période d’obscurité, cette même obscurité de l’Égypte où tu penses ne plus pouvoir continuer, où tout va dans le sens opposé à tes désirs, lorsque tu as mal et que tu souffres.

Dans cette obscurité d’Égypte qui ressemble à des ténèbres profondes, même un rayon de lumière n’apparaît pas, aucune fente ou ouverture qui permettrait à un peu de lumière apaisante d’entrer. Tu as l’impression de marcher, les yeux bandés, ne sachant pas où aller ni comment t’en sortir. Tu continues à avancer dans l’obscurité épaisse et la brume jusqu’à ce que tu comprennes que c’est là précisément que commence ton travail. La vraie vie, ce sont les épreuves. De là, tu peux progresser, grandir, te développer, te renforcer !

Lorsqu’on vit dans le confort et la sérénité, que la vie est un long fleuve tranquille et qu’il n’y a aucun problème, rien ne commence… La vie, c'est les épreuves ! Sache que l’essentiel du travail, c’est de tenir bon, de ne pas se laisser briser ! Le Saint béni soit-Il dit : « Tu ne comprends pas ? "Ce fut la nuit, ce fut le matin". Tiens bon dans l’obscurité, et Je te donnerai la lumière ! » Ne baisse pas les bras, adresse-toi à D.ieu : « Mon Père, je ne Te comprends pas, mais je sais que Tu m’aimes et que tout ce que Tu m’envoies est pour le bien. »

C’est vrai, nous vivons des difficultés loin d’être simples au quotidien, et nous encaissons. Même si ces épreuves sont derrière nous, les cicatrices restent et les peurs ne font que s’amplifier. Mais Pessa’h est le moment précis pour nettoyer la saleté. De même que tu frottes les murs de ta maison, frotte les parois de ton cœur pour en effacer toute trace négative ! Au même titre que tu vides les armoires, vide également ton esprit de tout résidu et des peurs accumulées avec le temps. De même que tu nettoies le frigo et le four des restes, évacue également de ta vie tout résidu inutile, tu sais que tu dois libérer ces éléments, et refuses pourtant de les laisser partir. Laisse-les partir ! À l’instar des courses pour Pessa’h, commence à acquérir de bonnes Middot, car c’est notre visée ici - réparer, améliorer nos Middot, nous débarrasser de nos mauvais traits de caractère et en acquérir de bons, des « Middot Cachère Laméhadrin » !

Le nettoyage interne est plus difficile que le nettoyage physique de la maison. Vider le cœur du ‘Hamets est un travail qui nécessite plus d’un jour, mais dans le même temps, cela peut se passer en un instant, l’instant où tu décides de commencer ! Ne t’imagine pas que parce qu’il y a beaucoup de travail, que nos écorces sont nombreuses, les problèmes pesants, il est inutile de commencer, parce que la fin n’est pas visible à l’horizon. La difficulté, c’est le premier pas, mais dès que tu commences à te libérer, tout commencera à fonctionner ! Libère-toi des pensées qui te bloquent dans la vie, libère-toi des peurs inexistantes, libère-toi des soucis à propos de situations inchangeables, car dans un bon nombre de cas, Hachem te conduit dans une telle situation pour te faire comprendre que tu n’as pas de contrôle sur le monde, que la solution au problème n’est pas entre tes mains, mais entre celles du Créateur, qui t’aime tant et veut ton bien. Alors, laisse-Le résoudre tous les problèmes, il te suffit de t’adresser à Lui et d’avoir confiance en Lui. Il se chargera du reste, je le sais par expérience.

On t’a blessé ? Ne garde pas de rancune ! Pourquoi porter en toi ce lourd poids ? Dès l’instant où tu comprends que tout vient du Saint béni soit-Il, qu’un individu t’a blessé parce qu’on lui en a donné l’autorisation, et que tu comprends que ce sont tes Tikounim, tes réparations, tu cesseras de te mettre en colère et commenceras à sourire. Tu commenceras à sourire, car les épreuves peuvent venir sous une forme bien plus difficile, et, malgré tout, D.ieu a eu pitié de toi dans les Cieux, et t’a infligé une honte par l’intermédiaire d’un proche. Les hontes subies effacent les fautes plus que tout ! Tu aurais pu, que D.ieu préserve, être atteint à l’esprit ou au corps, mais on t’a envoyé une situation où tu as eu honte. Non seulement on ne se mettra pas en colère contre celui qui nous a fait honte, mais il faudra l’en remercier ! Il t’aide à te perfectionner ! C’est pour ton bien !

Éliminer le ‘Hamets du cœur, cela veut dire libérer tout ce qui te bloque, pardonner à toute personne qui t’a blessé, t’aimer vraiment, même sans être parfait, savoir admettre tes défauts et travailler sur eux ! Effacer le mal pour le remplacer par le bien, se nettoyer soi-même de toutes les écorces, de toutes les erreurs du passé, pour devenir un réceptacle pur et prêt à recevoir l’abondance immense qui, à ce moment-là, est sur le point de nous parvenir.

Pessa’h est la fête de la liberté. La Téchouva m’a appris une chose : « Les esclaves du temps sont des esclaves, seul celui qui se met au service de D.ieu est libre », la Téchouva a fait de moi - ancienne prisonnière de ses soucis - un oiseau libre, pétri d’Émouna. Tu es prisonnier de tes pensées, de tes désirs, de tes échecs, de tes soucis. Le moment n’est-il pas venu de goûter à la liberté ?