Voici l'histoire vraie de deux jeunes sœurs ayant connues les affres de la guerre, l'une de 17 ans et demi et l'autre de 8 ans.

Avant d'être déportée, leur mère les a cachées et a supplié sa grande fille de prendre bien soin de sa petite sœur.

La grande sœur a promis et a tenu sa promesse. 

Elle n'a pas dormi pour protéger sa sœur et, souvent, a renoncé à son bout de pain pour le donner à sa petite sœur.

Elles ont survécu alors que toute la famille a été décimée et sont montées en Palestine.

Là, elles ont trouvé refuge dans un orphelinat.

Un beau matin, la grande sœur, à son lever, dit à la petite : "Tu sais, aujourd'hui, c'est un grand jour : c'est mon anniversaire. J'ai 18 ans."

"Ouaaa ! Mazal Tov ma sœur chérie." Et elle l'embrassa tendrement. 

Lorsque la petite sœur se retrouva seule, profitant de l'absence momentanée de la grande, elle prit sa tirelire dans laquelle elle avait mis ses économies, 3 petites pièces de quelques centimes, et elle fila dans la rue commerçante de la localité, cherchant un magasin de bijou. 

Elle entra dans le magasin et annonça au vendeur qui se tenait derrière le comptoir : "Bonjour Monsieur, je voudrais acheter une chaîne en or."

Le vendeur, surpris, jeta un coup d'œil sur l'enfant et demanda : "Tu peux payer ? Tu sais, c'est très cher."

"Bien sûr. Si vous pouvez me montrer les plus belles."

Le vendeur, qui était aussi le patron du magasin, lui sortit sur les présentoirs les premiers prix.

- Euhh, vous n'avez pas plus jolies ?

- Tu es sûre que tu peux payer ?

- Bien sûr.

L'homme lui montra la qualité au-dessus, mais la petite n'était toujours pas satisfaite. "Y a-t-il encore mieux ?", demanda-t-elle.

Le patron sortit le dernier plateau, avec les plus belles chaînes du magasin.

"Ah, oui, ça c'est très bien !" Elle les regarda longuement et pointa du doigt celle qui lui plaisait.

"Vous pouvez me l'emballer ?"

"Dis-moi petite, tu es sûre que tu vas pouvoir payer ? Celle-là coûte 2500 shékels !"

La petite sortit d'un sac en plastique la tirelire qu'elle avait prise, elle l'ouvrit et la vida sur le comptoir. L'homme la regarda faire, éberlué.

"Tu peux me dire pour qui tu achètes cette chaîne ?"

Et là, avec toute la candeur et l'innocence d'une enfant de 8 ans, elle répondit: "Mais c'est pour ma grande sœur !! C'est son anniversaire aujourd'hui. Elle a 18 ans. Et vous savez, quand nous étions à la guerre, elle n'a pas dormi pour me surveiller, elle n'a pas...", et elle raconte à l'homme leur périple de peur, de froid, de solitude.

Et la petite de conclure : "Vous comprenez Monsieur, je lui dois la vie à ma grande sœur. Vous pouvez me l'emballer ? Vous me rendez la monnaie ?"

L'homme sentit sa gorge se serrer : "Mon enfant, la chaîne coûte exactement ce que tu m'as donné."

Et il lui tendit le petit paquet joliment emballé contenant le bijou.

La petite courut à l'orphelinat et, au moment opportun, seule avec sa sœur, lui donna le paquet.

La grande sœur fronça les sourcils : "Qu'est-ce que c'est ?"

"Mais c'est pour toi, c'est ton anniversaire."

La sœur aînée ouvrit le petit paquet doucement, et comprit qu'il s'était passé ici quelque chose, mais elle ne pouvait décevoir sa jeune sœur. Elle s'émerveilla devant la chaîne, la remercia avec effusion et la serra sur son cœur.

Mais dès que la petite fut endormie, elle sortit pour se rendre à la bijouterie.

L'homme la vit arriver avec le paquet et, à peine eut-elle franchi le seuil du magasin, qu'il l'accueillit avec un bon sourire.

Elle lui dit : "Monsieur, il y a eu erreur. Ma jeune sœur a acheté je ne sais comment cet objet, mais il est évident qu'elle n'a pas pu le payer, je suis donc venue vous le rendre."

Et là, l'homme lui dit : "Détrompez-vous, elle a bien payé."

"C'est impossible."

"Votre sœur a payé. Elle a payé avec son cœur."

 

En ces jours "redoutables", nous venons avec nos bonnes actions, avec notre tirelire, payer quelque chose d'inestimable : la Vie. Nous nous présentons au comptoir avec nos 3 sous en espérant faire bonne figure. 

En vérité, c'est risible. Et quoi que l'on fasse, ce sera toujours risible et sans proportions.

Trois sous devant la Vie.

Alors comment payer ? La vie, la santé, les instants de bonheurs, les enfants, le conjoint, la famille ?

Il faut venir devant l'Eternel en cette veille de Kippour comme cette petite fille, innocemment, candidement, avec notre cœur, sûr qu'Il va se pencher vers nous, Bienveillant, prendre nos 3 sous et nous emballer la chaîne en or.

La plus belle du magasin.

Récit rapporté Chabbath Chouva 5779 par Rav Tarnowsky