« Ainsi l'aigle veille sur son nid, plane sur ses jeunes aiglons. » L’aigle, lorsqu’il arrive au niveau de son nid, n’atterrit pas subitement pour éviter que les oisillons ne prennent peur. Au lieu de cela, il les tapote délicatement au niveau des ailes, jusqu’à ce qu’ils perçoivent sa présence. Rachi explique que c’est de cette façon que le Créateur se conduit avec Ses fils, avec compassion et mansuétude.

Dans l’ouvrage Ismakh Israël, l’Admour d’Alexander explique que ce verset fait référence à la période que nous vivons. Le Maître du monde, dans Sa grande miséricorde, ne fond pas subitement sur le peuple juif le jour où chacun est jugé sur ses actes. Il s’approche d’eux peu à peu, leur envoie un rappel après l’autre, le mois d’Eloul, Roch Hachana, les dix jours de Pénitence. C’est au terme de cette période qu’intervient Yom Kippour où le sort de chacun est scellé.

Nous vivons actuellement les jours les plus élevés de l’année.

Le prophète Yéchayahou a dit au peuple juif : « Cherchez le Seigneur pendant qu'Il est accessible ! Appelez-Le tandis qu'Il est proche ! » À quelle période fait référence le verset ? Comment savoir quand D.ieu est proche et Se trouve près de nous ? La Guémara explique qu’il s’agit de cette période, les dix jours de Pénitence, lorsque D.ieu Se trouve véritablement présent à nos côtés.

Et comme l’écrit le Rambam : « Bien que le repentir et les cris (de regret) soient bienvenus, pendant les 10 jours de pénitence entre Roch Hachana et Yom Kippour, ils le sont encore davantage et sont acceptés de suite. »

Compte tenu de leur sainteté particulière, le Arizal explique qu’il faut se conduire en ces jours-ci comme à ‘Hol Hamoèd, il ne faudra travailler que si l’on risque d’encourir de grandes pertes, afin d’être disponible pour le service divin.

On relate que l’Admour Rabbi Issakhar Dov de Belz disait le Chabbath Chouva, d’une voix brisée par les pleurs, le verset de la Haftara Chouva Israël, où Hachem dit au peuple : « semblable à un cyprès toujours vert, Je suis la source de tous tes biens. » Rachi commente le verset : Je suis semblable à un cyprès, Je M’incline vers le peuple juif pour qu’il Me tienne la main, tout comme un cyprès qui se penche vers le terre et dont l’homme s’agrippe aux branches. C’est-à-dire que Je me rends disponible pour lui .»

L’Admour tremblait de tout son corps et s’adressait à ses ‘Hassidim : « Le Maître du monde S’incline vers nous, nous tend la main et nous dit : Mes chers fils, Je suis ici près de vous, tendez la main et agrippez-vous à Moi… »

La possibilité de se rapprocher et de faire Téchouva est un présent particulier offert par le Créateur de l’univers au peuple juif, un cadeau offert avant même la Création du monde (Pessa’him 54). Voici comment l’exprime Rabbénou Yona au début de son ouvrage, Chaaré Téchouva : « Parmi les bontés prodiguées par Hachem à Ses créatures, Il leur a préparé la voie pour s’élever par leurs actions et regretter leurs actes répréhensibles, s’éloigner de l’enfer ; Il laissera Sa colère s’apaiser, Il les a mis en garde de revenir vers Lui, car ils ont fauté envers Lui, par Sa grande bonté et droiture, connaissant la faiblesse de leur penchant, comme il est dit : "L’Éternel est bon et droit, aussi montre-t-Il aux pécheurs le [vrai] chemin", et même s’ils ont beaucoup fauté, se sont rebellés et ont trahi, les portes de la Téchouva ne se ferment pas devant eux. »

Si on y réfléchit, on constate l’immense bonté que renferme la Mitsva de repentir. Dans tous les systèmes judiciaires au monde, lorsqu’un homme commet une faute quelconque, il est tenu de payer, parfois par une sanction corporelle, par une peine de prison, des travaux d’intérêt public ou une sanction financière. Mais en aucun cas, l’homme ne peut se présenter devant le juge et déclarer regretter son acte et ne plus vouloir commettre la même transgression, et le juge se contente de cette déclaration. Chacun est tenu de payer les conséquences de ses actes. Mais nous avons reçu du Créateur une merveilleuse possibilité : nous avons commis une faute, nous ne nous sommes pas conduits convenablement, mais nous exprimons alors un regret profond, nous prenons l’engagement de ne plus commettre la même faute, et c’est tout !

De surcroît, D.ieu en personne nous ouvre les portes de la Téchouva et fait pénétrer dans le cœur de l’homme un éveil au repentir. Tout ceci provient de Son amour et Son affection à notre égard.

Les ouvrages de ‘Hassidout expliquent que lorsque l’homme faute, il engendre une double tristesse à D.ieu, en-dehors de la faute même qui a porté atteinte à la parole de D.ieu par la transgression de Ses commandements. Mais il y a ici une autre faute lourde de conséquences. En effet, D.ieu aspire à faire le bien, car le but même de la Création du monde était de pouvoir prodiguer des bienfaits à Ses créatures, c’est à cet effet qu’Il a créé le monde et tout ce qui s’y trouve. Le Créateur a un plaisir tout particulier à prodiguer des influx positif spirituels et matériels à l’homme, tout comme un père aime procurer à son fils tout ce dont il a besoin avec largesse.

Dans l’ouvrage Béer Mayim ‘Hayim, il est expliqué que lorsque l’homme faute, il arrête cet influx de bénédictions et est la cause de cet arrêt. D.ieu en est profondément attristé, Lui qui souhaite ardemment prodiguer des bontés et en est empêché en raison des actions du fauteur.

C’est un cercle vicieux : lorsque le flux d’abondance est arrêté, l’homme regrette d’avoir perdu la santé, la joie de vivre ou la Parnassa. Et à nouveau, D.ieu en est doublement affligé, car Il S’associe à chaque malheur vécu par un Juif. C’est une raison supplémentaire pour la sanction méritée par un homme qui a arrêté ce délice et a en outre causé de la tristesse au Créateur qui S’associe à la douleur du Juif. De là, nous voyons la double dette de l’homme qui doit le pousser à faire une Téchouva intégrale sur ses fautes, qui ont engendré une profonde affliction dans les Cieux.

Lorsque l’homme se repent, il déclenche la possibilité que D.ieu, dans Sa grande bonté, puisse à nouveau prodiguer des bienfaits, raison d’être de la Création du monde.

Ces jours-ci sont une occasion particulière qui ne revient pas pendant l’année. Exploitons chaque minute !

Reb Yéhochoua Waind