La Torah frappe de nombreux interdits la consommation de tout être rampant, qu’il soit aquatique (quatre interdits), terrestre (cinq interdits) ou ailé (six interdits).

Certains aliments sont considérablement infestés, en particulier les laitues, qui servent de refuge et de garde-manger à une faune variée. La couleur des nuisibles se confond souvent avec les propres feuilles de la laitue. La présence de vers est extrêmement difficile à déceler, quand ceux-ci élisent domicile dans l’épaisseur des feuilles.

Depuis des décennies déjà, des équipes de professionnels, rabbins, chercheurs et agronomes se sont constituées en Israël et aux Etats-Unis afin de trouver une solution au problème des cultures infestées par toutes sortes d’insectes, vers et autres arachnides afin de permettre aux foyers Juifs scrupuleux du respect de la Halakha (la loi juive) de consommer ces légumes d’ordinaire infestés.

Certaines de ces productions sont exportées en France, sous forme surgelée, mais aussi en produits frais, en particulier les laitues romaines, à l’approche des fêtes de Pessa’h.

Nous vous proposons un aperçu des méthodes mises en oeuvre dans ce sens et de la portée des prouesses réalisées dans ce domaine.

Il existe essentiellement deux types de méthodes qui permettent de réduire considérablement le risque d’infestation : la culture sous-serres et la culture hydroponique.

 En fait, dans un premier temps, ces deux types de cultures n’ont pas été développées pour la consommation des Juifs pratiquants. Ce sont avant-tout des considérations d’ordre économiques et financières qui ont poussé les industriels à se lancer dans ce type d’entreprises. Mais les responsables de Cacheroute se sont aperçus qu’en associant à ces nouvelles méthodes agricoles quelques contrôles rabbiniques et quelques dispositifs spécifiques, il serait possible d’obtenir des cultures beaucoup moins infestées que d’ordinaire. On surnomme ces cultures: les cultures “Goush Katif”, car la région du Goush Katif, dans la bande de Gaza avait été le lieu de prédilection de ces installations ultra-modernes. Depuis le retrait israélien de cette région, ces cultures ont vu le jour ailleurs dans le pays. On continue à surnommer les légumes issus de telles exploitation les légumes Goush Katif.

Les cultures sous serres

Une serre est une structure dédiée à la production agricole. Elle permet une meilleure gestion des besoins des cultures pour accélérer leurs croissances et permettre des productions hors saison. Pour permettre de réduire considérablement la prolifération de nuisibles, les responsables de Cacheroute exigent que la serre soit parfaitement close. Les entrées sont constituées de sas hermétiquement fermés, au travers desquels les agronomes et les surveillants rituels pénètrent dans la serre. Les deux portes du sas ne sont jamais ouvertes en même temps, afin de limiter au maximum l’entrée des bêtes. Ainsi, la serre n’est jamais directement ouverte à l’air libre.

Les cultures sont recouvertes de toiles comparables à des moustiquaires, avec une maille relativement étroite, de l’ordre de 50 trous par inch (ce qui équivaut à des trous de 0.5mm).

 
La toile est bien visible dans cette serre


Malgré toutes ces précautions, les plus petites bêtes ailées arrivent à s’infiltrer dans la serre. C’est pourquoi, des pièges à insectes y sont disposés.

Les surveillants rituels doivent notamment s’assurer que la toile est intacte, sans trou, en particulier aux points de jonction des différents morceaux de la toile.

Comme toutes ces précautions sont encore insuffisantes, les cultures sous serres n’échappent pas à la pulvérisation d’insecticides. Ceux-ci permettent de tuer un maximum de nuisibles et d’éviter leur trop grande prolifération, mais, d’une part, certains survivent, et d’autre part, les insectes morts demeurent interdits à la consommation. Par ailleurs, certains insecticides ont une fâcheuse tendance à maintenir collés les insectes sur les salades, ce qui va nécessiter de notre part un nettoyage sérieux, permettant de décoller les insectes. Enfin, les services sanitaires interdisent l’aspersion d’insecticides sur des cultures à l’approche de la date de la récolte. Aussi, cette période est-elle propice à la prolifération des bêtes.


Les cultures hydroponiques

La particularité de ces cultures, c’est qu’elles ne sont pas réalisées à même la terre, mais sur un substrat neutre et inerte, tel que du sable, des billes d’argile, de la fibre de coco, de la tourbe, ou encore de la laine de roche, selon le type de culture à réaliser. On irrigue ce substrat au moyen d’un liquide pourvu de tous les sels minéraux et de tous les nutriments nécessaires à la culture.

Ce système est souvent couplé avec la culture sous-serre, car le substrat est beaucoup moins sujet à la prolifération des bêtes que la terre. En couplant ces deux techniques, on réduit d’autant le risque d’infestation.

 
Culture hydroponique de laitue


Les pépinières

Les plants qui sont utilisés dans ces cultures spéciales proviennent de pépinières, alors qu’ils sont encore de petites tailles. Pour éviter la prolifération d’insectes, il incombe aux responsables des cultures sous serres et des cultures hydroponiques de s’assurer que les plants proviennent également de pépinières spéciales, qui font l’objet d’un contrôle rabbinique particulier. Des échantillons sont régulièrement prélevés par des surveillants rituels pour vérifier l’absence d’insectes entre la pépinière et la serre. Assez souvent, des quantités importantes de production sont déclarées inaptes à la suite de ces contrôles.


Le travail des surveillants rituels

Ces cultures modernes requièrent un personnel qualifié. Les délégués rabbiniques qui travaillent sur ces exploitations doivent également avoir une formation d’agronomie. La charge de travail de chaque surveillant rituel s’étend sur une surface de l’ordre de 4 hectares. Plusieurs équipes vérifient les mêmes exploitations, pour une plus grande fiabilité des contrôles.


La rigueur des contrôles

Dans ces cultures spéciales, des échantillons sont souvent prélevés pour être soumis à l’analyse des surveillants rituels. 1% de la production est ainsi prélevée et analysée aux différentes étapes de la production, jusque et y compris à l’emballage.

L’installation est vérifiée au moins une fois par semaine, deux fois en été, par un surveillant rituel agronome. Les conclusions de chaque visite sont consignées dans un tableau de bord.

Les cultures ne seront récoltées que lorsqu’elles bénéficieront de l’approbation du surveillant rituel. C’est-à-dire que les contrôles effectués se sont avérés positifs et que les échantillons infestés étaient présents en faible quantité. Dans le cas contraire, si la culture a dépassé le stade à partir duquel elle peut encore être traitée aux pesticides, elle ne pourra pas bénéficier d’une certification “sans bête”.

 
Mouche blanche : l’un des pires nuisibles de la tomate, identifiée dans une serre hydroponique


Légumes frais “sans insectes”

Sur de nombreux sachets de laitues et d’herbes aromatiques, on trouve l’inscription “légumes frais sans insectes”.

En réalité, c’est un abus de langage. Comme nous l’avons évoqué, il n’existe à ce jour aucune méthode permettant de garantir l’absence totale de nuisibles dans nos salades et herbes aromatiques. La mention “présumée propre de toute présence d’insecte” serait plus appropriée. En fait, les nombreux contrôles permettent de garantir l’absence de vers, mais pas l’absence d’insectes. Il sera donc nécessaire de nettoyer les légumes, selon le mode indiqué sur l’emballage par l’équipe rabbinique qui a assuré le contrôle de ces légumes.