Dans les débuts de son mariage, le Maguid de Mézéritch, qui n’avait pas encore atteint la notoriété qu’on lui connaît, remettait à sa femme tous les jeudis une petite somme d’argent reçue de la caisse d’entraide de la communauté. Elle achetait ainsi, en se restreignant au maximum, les denrées de base pour le Chabbath.

Une fois, le Maguid ne put lui donner qu’une malheureuse pièce de monnaie. Que fit-elle, arrivée au marché ? Elle la dépensa pour l’achat d’huile d’olive destinée à l’allumage des bougies, au détriment de la nourriture.

A son retour, le Rav se montra pour le moins étonné par le choix de son épouse. Mais imperturbable, la Rabbanite affirma : « Par le mérite des bougies de Chabbath, tout va s’arranger ! »Le Chabbath approchait et le Maguid sortit comme de coutume pour le Beth Hamidrach (lieu d’étude et synagogue), espérant au moins trouver à son retour une quantité de pain suffisante pour s’acquitter de la Mitsva de la Séouda (repas). Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’en passant le pas de la porte, il découvrit, à la douce lueur des bougies de Chabbath, une table richement garnie !

Stupéfait, il demanda à sa femme des explications, et voici le récit qu’elle lui fit : elle était en train d’allumer les bougies et de prier quand on frappa à la porte. Dans l’embrasure se tenaient deux responsables de la communauté. Le mariage du fils d’un notable de la ville avait été prévu pour ce jour, lui expliquèrent-ils, mais voilà que la Kala était tombée malade et on avait dû repousser l’évènement. Seulement, que faire de toute la nourriture déjà préparée ? Il avait été décidé de la répartir entre tous les nécessiteux de la ville, dont le Maguid de Mézéritch.

Ainsi, grâce à cet embellissement de la Mitsva et à la foi de la Rabbanite, ils eurent le mérite de passer un Chabbath digne de ce nom.